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Territoires palestiniens

La bande de Gaza au bord du chaos

La bande de Gaza a connu, ce mardi, la journée la plus sanglante depuis le début des nouvelles violences interpalestiniennes. Au moins onze personnes ont été tuées lors des affrontements entre membres du Hamas et du Fatah. Un cadre explosif, à l’intérieur duquel le gouvernement d’union nationale risque de voler en éclats. La communauté internationale multiplie ses appels au calme – appels qui se perdent, inécoutés, au loin.

Les affrontements interpalestiniens ont repris de plus belle dans la bande de Gaza, faisant au moins 11 morts dans la seule journée du mardi 15 mai. 

		(Photo : AFP)
Les affrontements interpalestiniens ont repris de plus belle dans la bande de Gaza, faisant au moins 11 morts dans la seule journée du mardi 15 mai.
(Photo : AFP)

A Gaza, ce mardi encore, les rues étaient désertes. Les seules personnes à l’extérieur des habitations étaient des combattants cagoulés, qui surveillaient les nombreux barrages. C’est en barrant la route à la population civile, que chaque faction espère également barrer la route à ses ennemis du camp d’en face. Pourtant, un membre des forces de sécurité et un civil ont trouvé la mort dans des affrontements aux armes automatiques qui ont secoué la ville tout au long de la journée.

Mais ce n’est pas à Gaza que les combats entre le Hamas et le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas ont été les plus violents. C’est surtout la région de Karni qui a été ce mardi le théâtre d’affrontements sanglants. Karni se trouve entre la bande de Gaza et Israël et abrite le seul et important point de passage de marchandises. C’est tout près de cette artère vitale des territoires palestiniens que des membres de la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, appuyées par des hommes de la Force exécutive, ont attaqué un camp d’entraînement de la Garde présidentielle. Lors de ces combats aux grenades et aux roquettes antichars, au moins huit membres de la garde présidentielle ont perdu la vie.    

Face à cette nouvelle escalade de violence interpalestinienne, le ton entre les deux camps se durcit encore d’un cran. La Sécurité nationale, fidèle au président palestinien Mahmoud Abbas, a accusé les Brigades Ezzedine al-Qassam et les membres du Hamas de fomenter «un coup d’Etat» contre l’Autorité palestinienne. Dans ces conditions, les fidèles de M. Abbas ont par ailleurs préféré bloquer l’accès au quartier général du président palestinien.

De son côté, le Hamas a rejeté la responsabilité des attaque sur les forces loyales à M. Abbas. Le mouvement islamiste reproche au Fatah la mort d’Ibrahim Mounia. Ce membre des Brigades Ezzedine al-Qassam, âgé de 40 ans, a été tué mardi matin par des inconnus qui avaient ouvert le feu sur son véhicule.    

Dans la confusion générale qui régnait ce mardi dans la région de Karni, des soldats israéliens ont tué un Palestinien, qui se dirigeait, selon eux, «vers la barrière de sécurité».

Appels sans effet

Les appels au calme sont aussi nombreux que leurs effets se font rares. Les deux factions rivales n’ont cessé d’exiger que leurs membres respectifs ne s’engagent plus dans les combats de rue. En vain. 

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, s’est vu obligé de rappeler aux deux camps adverses les vraies priorités des territoires palestiniens, à savoir «la voie des réformes et du développement, afin de réduire le chômage et le cycle de la pauvreté». Cette mise en garde présidentielle n’a pas plus ramené le calme que les appels de la communauté internationale.

Le président égyptien, Hosni Moubarak, est intervenu lors d’un entretien téléphonique avec son homologue palestinien Abbas, pour demander «l'arrêt immédiat» des affrontements armés interpalestiniens, qui dépassaient, selon lui, «une ligne rouge».

Le Haut représentant pour la politique étrangère européenne, Javier Solana, s’est dit «préoccupé» par la situation dans les territoires palestiniens, avant de rappeler aux Palestiniens que d’«obtenir un niveau de sécurité acceptable à Gaza est fondamental pour faire avancer le processus de paix».

Même son de cloche en Grande-Bretagne, où la ministre des Affaires étrangères a fait remarquer que les affrontements entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et les forces de sécurité fidèles au président Abbas mettaient en cause la survie de la population civile : «Ce combat est insensé: il met en danger les civils, rend plus difficile pour la communauté internationale d'aider le peuple de Gaza, et fragilise le processus de paix», a déclaré Margaret Beckett, à Londres.

Quand aux Israéliens, ils préfèrent observer «l’évolution de la situation» et affirment n’avoir, pour l’instant en tout cas, «aucune intention d’être impliqués dans ces affrontements», comme l’a exprimé le ministre de la Défense, Amir Peretz. Qui rajoute tout de même : «Cela dit, nous restons vigilants face à l'éventualité que ces évènements débordent vers nous».

Le Premier ministre, Ismaïl Haniyeh devait réunir encore ce mardi les responsables militaires de son mouvement, le Hamas, pour discuter d’un éventuel déploiement de troupes à Gaza afin de calmer la situation plus qu’explosive. Cette initiative fait partie d’un nouveau plan de sécurité du gouvernement d’union nationale. Ce dispositif prévoit le déploiement de forces de sécurité, mais cette fois-ci sous un seul commandement. Reste à savoir si l’autorité du gouvernement palestinien serait suffisamment importante pour forcer les combattants des deux camps à quitter les rues et à se soumettre à un commandement commun.



par Stefanie  Schüler

Article publié le 15/05/2007 Dernière mise à jour le 15/05/2007 à 15:50 TU