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Syrie

La dictature partagée

Une manifestation de soutien à Bashar al-Assad. 

		(Photo : AFP)
Une manifestation de soutien à Bashar al-Assad.
(Photo : AFP)
La candidature unique du président Bachar al-Assad est soumise à référendum dimanche 27 mai. Les Syriens devraient plébisciter leur dirigeant, présenté à la fois comme un garant de la stabilité du pays dans un environnement régional tumultueux et un résistant nationaliste. Le président syrien s'oppose à la création d'un tribunal international visant à juger les auteurs de l'assassinat du Premier ministre libanais, Rafic Hariri. Il a annoncé qu'il ne livrerait aucun de ses concitoyens. L'opposition ne repose que sur des militants des droits de l'homme.

Les Syriens vont entériner sans surprise, au cours du référendum de dimanche, la décision du Conseil du Peuple (Assemblée nationale), prise le 11 mai dernier, de reconduire Bachar al-Assad à la présidence de la République. 

De nombreuses manifestations populaires de soutien ont déjà eu lieu en amont de cette consultation et devront se poursuivre au-delà. Bachar al-Assad est le seul candidat à sa succession au sein du Parti Baas. Les quelques partis d’opposition élus à l’Assemblée sont ceux qui sont liés structurellement au Parti Baas. Les élections législatives ont eu lieu en avril, avec un taux de participation officiellement de 56%. Un chiffre contesté par l’opposition «non tolérée».

Bachar al-Assad, chéri des foules

Bachar al-Assad, fils de Hafez, a pris le relais de son père grâce à un tour de passe-passe le 10 juillet 2000. Au décès de son père, le Conseil du Peuple s’est empressé de modifier la Constitution pour réduire l’âge des candidats à la présidence à 34 ans, l’âge alors de Bachar, au lieu des 40 ans prévus initialement. La communauté internationale ne proteste pas. Le chef de l’État français, Jacques Chirac était présent aux funérailles de Hafez al-Assad.

De suite, le nouveau président, Bachar al-Assad annonce des réformes démocratiques et politiques. L’embellie, connue sous le nom de «Printemps de Damas», ne durera pas. Les meneurs du mouvement qui se sont mis à rêver à haute voix de multipartisme et de la fin de l’état d’urgence sont emprisonnés. Bachar revient aux méthodes répressives de son père et de ses mentors de l’armée et du parti Baas dès février 2001. Corruptions et trafics restent protégés.

«Moins habile, moins cruel, moins cynique, moins obstiné» dit-on du jeune président, dont certains louent la simplicité et la sincérité des manières. Bachar al-Assad est décrit comme un otage des structures mises en place par son père.

Le gouvernement s’apprête à signer un accord avec l’Union européenne pour l’obtention d’une aide financière en échange de réformes économiques et politiques quand ont lieu les attentats du 11 septembre 2001.

Le début d’une carrière

En 2003, aux côtés des Français, des Allemands et des Belges, Bachar al-Assad s’oppose à la guerre anglo-américaine en Irak. Pas tant par conviction (Saddam Hussein est un rival) que par sens des affaires : l’une des sources de revenus de la Syrie est le contournement du programme «nourriture contre pétrole» des Nations unies.

Les États-Unis imposent des sanctions économiques et commerciales à la Syrie, qui tente par la suite d’amadouer Washington par des propositions de coopération en matière de lutte antiterroriste. Elle espère jouer un rôle diplomatique du fait des relations entre les deux partis Baas syrien et irakien. Le déroulement de la guerre écartera ce scénario, mais les Américains ne parviendront pas à isoler les Syriens.

Bachar al-Assad a conservé des liens avec l’Arabie saoudite et l’Iran. Damas héberge une dizaine de mouvements palestiniens, dont le Hamas ainsi que l’Hezbollah libanais. Ce qui en fait un partenaire incontournable dans une région tumultueuse.

L’épine dans le pied

En 2004, les pressions françaises pour un retrait des troupes syriennes qui occupent le Liban depuis 1976 se font de plus en plus pressantes. Paris réussit à convaincre Washington de la nécessité d’une résolution du Conseil de Sécurité.

L’assassinat du Premier ministre libanais, Rafic Hariri, ami de Jacques Chirac, le 14 février 2005 précipite le calendrier du retrait. Bachar al-Assad annonce que la Syrie se retire du Liban le 5 mars. Les troupes quittent Beyrouth le 26 avril.

Le retrait est un coup dur pour l’économie syrienne. Selon les estimations des économistes, la «perte» du Liban représente un manque à gagner de 500 millions de dollars par an pour Damas.

La Russie profite de la brouille avec la France et les États-Unis, aggravée par les deux enquêtes des Nations unies sur l’assassinat de Rafic Hariri qui font remonter la piste des auteurs à Damas. Vladimir Poutine offre son aide financière en échange de l’assentiment de la Syrie sur sa manière de traiter la question tchétchène.

Bachar al-Assad s’oppose à la création d’un tribunal international pour juger les commanditaires du meurtre de Rafic Hariri. D’ores et déjà, il a déclaré qu’il ne «livrerait aucun citoyen syrien».

La Syrie vit sa 44ème année sous «état d’urgence». Les organisations des droits humains estiment à 3 000, le nombre de prisonniers politiques. Les tortures sont monnaie courante.

Bachar al-Assad, président de la République syrienne

● Issu de la minorité religieuse des Alaouites, au pouvoir depuis 1963, Bachar al-Assad, 42 ans, est le second fils d'Hafez al-Assad.

● Etudiant en ophtalmologie à Londres, il est rappellé par son père en 1994 pour devenir commandant d'une division blindée de l'armée en remplacement de son frère aîné décédé.

● Il devient président de la République arabe syrienne le 10 juillet 2000, pour 7 ans, et annonce des réformes qui n'auront pas lieu.

● Référendum pour un second mandat, le 27 mai 2007.



par Marion  Urban

Article publié le 26/05/2007 Dernière mise à jour le 26/05/2007 à 09:07 TU

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