Cinéma
L’Or de Mungiu
(Photo : AFP)
4 mois, 3 semaines, 2 jours, de Christian Mungiu, décroche la Palme d'Or. Le 60e Festival de Cannes couronne un film politique et sans concession.
Christian Mungiu
Cinéaste roumain
«Je cherchais un sujet générationnel, représentatif de cette époque, et comme moi en plus, je suis né à cause de cette loi anti-avortement, alors j'ai fait ce film.»
C’est un film âpre, difficile, froid, pour ne pas dire clinique. Un film vérité, à la facture quasi documentaire, qui se déroule dans les dernières années du régime Ceaucescu. L’histoire ? Elle tient en quelques mots : une jeune femme, accompagnée de l’une de ses amies, part se faire avorter, en toute clandestinité, dans un hôtel de Bucarest. A l’époque, l’avortement est encore illégal, passible de prison ; à l’époque, il est aussi considéré comme un acte de résistance à la politique nataliste du gouvernement.
Christian Mungiu a connu cette époque là, il avait vingt ans. Aujourd'hui, il filme cette Roumanie grise de la dictature, sans effet superflu, sans pathos non plus. Ses deux héroïnes se débattent sans état d’âme contre l’adversité ambiante : celle des voisins, curieux et intrigants, possibles dénonciateurs ; celle du médecin, avorteur sans scrupule qui abuse de son pouvoir. Tableau d’une société totalitaire, vidée de toute morale, voire de toute humanité…
Au-delà de l’histoire personnelle qu’elle nous conte, 4 mois, 3 semaines, 2 jours, est une œuvre éminemment politique. Trop froide pour être bouleversante. Mais assez forte pour bousculer les spectateurs et marquer durablement les esprits. La retrouver désormais sur la première marche du palmarès n'a d'ailleurs pas étonné grand monde à Cannes : dès sa projection, le film s'est retrouvé dans le club très fermé des favoris pour la Palme. Avis des critiques, partagé par les jurés.
par Valérie Lehoux
Article publié le 27/05/2007 Dernière mise à jour le 27/05/2007 à 19:50 TU