Niger
Le gouvernement est tombé
(Photo : AFP)
Les députés nigériens ont renversé jeudi soir le gouvernement du Premier ministre Hama Amadou. Ils ont approuvé une motion de censure déposée par l'opposition qui dénonçait «la gestion des affaires publiques marquée par la corruption». Le texte protestait contre l'affaire MEBA : le détournement de plus d'un milliard de francs CFA au ministère de l'Education de base. De l'argent donné par les bailleurs de fonds pour financer le développement de l'éducation. Les discussions et les débats de procédure ont duré toute la semaine, et finalement, contre toute attente, le gouvernement est tombé.
A l'échelle du Niger c'est un véritable séisme politique.
D'abord parce que, mathématiquement, l'opposition qui ne compte que 25 députés sur les 113 qui composent l'Assemblée nationale, ne pouvait pas gagner. Elle a contre toute attente reçu le renfort de deux des trois groupes parlementaires de la majorité présidentielle. Le MNSD, le parti du Premier ministre Hama Amadou, a donc été mis en minorité par ses propres alliés, alors même que ces partis alliés ont des ministres dans le gouvernement qui a été censuré.
Séisme politique ensuite, parce que le Premier ministre, Hama Amadou, était à son poste depuis le début du premier mandat du président de la République, au début de l'année 2000. Les gouvernements s'étaient succédés en sept ans et demi, mais il avait toujours réussi à en rester le chef, à résister à toutes les tempêtes. Y compris, avant ce dernier scandale en date, à d'autres affaires de corruption dont il s'est toujours défendu.
Un premier ministre qui semblait indéboulonnable
Le président Mamadou Tandja se retrouve donc privé de son Premier ministre. A force, les Nigériens n'imaginaient plus l'un sans l'autre. Certes, périodiquement, la presse se faisait l'écho de dissensions entre les deux hommes, des rumeurs toujours démenties par l'intéressé. Hama Amadou, qui est président du MNSD, le parti du chef de l'Etat, est considéré comme le successeur naturel de Mamadou Tandja.
Rarement sans doute un Premier ministre aura suscité autant de passions. Des admirations ou des haines tenaces, liées sans doute à sa personnalité, à son charisme et à son sens de la politique.
Son éviction intervient alors que Mamadou Tandja est à la moitié de son deuxième et dernier mandat. Hama Amadou a d'ailleurs dénoncé hier des manoeuvres visant à affaiblir son parti à l'approche des échéances électorales.
Il est trop tôt pour savoir si le renversement du gouvernement préfigure d'un bouleversement de la carte politique du Niger. Jeudi soir, l'opposition se défendait de vouloir mettre le président de la République en cohabitation.
par Donaig Le Du
Article publié le 01/06/2007 Dernière mise à jour le 01/06/2007 à 06:56 TU