Transport

A l’Est, du nouveau …

Strasbourg, siège du Conseil de l’Europe, n’en pouvait plus d’être à quatre heures de train de Paris, alors que Bruxelles, l’autre capitale européenne, était ralliée en 1h30, grâce au TGV Nord. Avec le TGV Est, inauguré ce dimanche 10 juin, la 7ème ville française n’est plus qu’à 2h20 de Paris, tandis que l’Allemagne et la Suisse deviennent elles aussi plus proches. Pour le nouveau TGV vitesse rime aussi avec style : les rames et les costumes des contrôleurs ont été relookés par le couturier Christian Lacroix, pour le confort et le plaisir des voyageurs mais aussi pour la notoriété de la marque TGV.

Rame TGV-Réseau rénovée par Christian Lacroix sur la ligne à grande vitesse Paris-Lyon.

Le TGV c’est un train, mais c’est aussi une «marque», créée en 2001. Et depuis cette date la SNCF a mis en œuvre toute une démarche de logos, de couleurs, de communication pour faire vivre cette marque, pour un voyageur devenu client.  Restait aussi à la faire exister dans le matériel lui-même. «En 2002/ 2003, quand on a commencé à travailler sur le réaménagement des rames, notamment pour le TGV Est, mais aussi pour les rames Atlantique, explique Béatrice Chavanel, responsable marketing TGV, on s’est demandé comment on allait rendre perceptibles au passager les dimensions de la marque TGV, à savoir le dynamisme, l’innovation, le raffinement français, la modernité, et c’est ce qu’on a voulu traduire dans le nouvel intérieur proposé à nos clients».

habillage des voitures...

Le choix s’est porté sur Christian Lacroix* à la suite d’un appel d’offre européen lancé par la SNCF et auquel ont répondu des industriels du siège et des designers constitués en consortium à la demande de la SNCF. «Le siège est un élément déterminant et on voulait s’assurer que la proposition initiale serait la plus proche de la réalité, pour ne pas se retrouver avec des propositions intéressantes mais pas industrialisables», précise  Béatrice Chavanel.  Le résultat: un siège aux formes très arrondies au niveau de la coque avec une recherche au niveau du confort de l’assise et des couleurs. Velours gris ponctué de quelques sièges verts chartreuse pour donner une note  «tonique» et alléger des premières classes jusque là «un peu confinées et pesantes», dominante de velours violet avec quelques sièges rouge orangé -  déclinaison des couleurs du nouveau logo de la SNCF -   pour les secondes classes. «Parce que la seconde classe on trouvait que ça manquait un peu de considération pour le client et on voulait que cet espace où il y plus de monde soit à la fois plus chaleureux, convivial et plus individualisable, beaucoup moins sonore, aussi, avec le choix d’une moquette au sol  plutôt que du lino », précise Béatrice Chavanel.

Voyageurs en voiture de première classe d'une rame de TGV-Réseau (rénovation Christian Lacroix)

… et des hommes (et femmes)

Des couleurs qu’on retrouve dans les nouvelles tenues arborées à partir du 10 juin par les agents à bord, conçues par Christian Lacroix, après consultation  des intéressés, tient-on à préciser à la SNCF. Là aussi, le maître mot est «modernité» avec la volonté «de mettre en scène la dimension de service»  et pas seulement de contrôle et de surveillance de ces personnels. Le gris dominant pour les costumes et tailleurs est ponctué de touches de ce même violet et vert chartreuse des sièges. Pour Christian Lacroix il s’agissait de conjuguer «une certaine élégance» avec un «côté pratique et fonctionnel» pour permettre aux agents d’être «dans leur rôle, sans être martiaux». Les personnels en gare seront eux aussi habillés par le couturier à partir de 2009, tout comme les conducteurs de la ligne du TGV Est. Le monde des transports, Christian Lacroix connaît, ce petit-fils de cheminot a aussi élaboré l'habillage du TGV Méditerranéel, le design de la ligne 3 du tramway de Montpellier et le nouvel uniforme du personnel d’air France...

Intérieur deuxième classe d'une rame de TGV-Réseau (rénovation Christian Lacroix)

Une gare parisienne rénovée et des villes plus proches

Avec le TGV Est c’est une trentaine de villes qui vont être accessibles plus rapidement dans une région qui, à quelques exceptions près, doit convaincre de sa vocation touristique.  Et s’il n’y avait pas eu le lobbying intense des élus locaux et l’argent des collectivités locales qui ont pris en charge 17% des investissements, Strasbourg et Nancy seraient encore à 4h et 2h45 de Paris. C’est pourquoi la SNCF met l’accent non seulement sur les conditions du voyage, mais aussi ses destinations, en les valorisant sur le site Tgv.com. Chacune des villes desservies par le TGV fait l’objet d’une présentation sur une page spécifique avec des ressources internet en lien.

Quant à la gare de l’Est à Paris, elle a pris un grand coup de neuf elle aussi pour la mise en service du TGV et va cesser d’être le parent pauvre de sa toute voisine et rivale gare du Nord, devenue une des plus grandes gares d’Europe avec l’Eurostar en direction de Londres et le TGV nord (Thalys) vers la Belgique et les Pays-bas. La gare de l’Est, à la faveur des travaux du TGV-Est, a doublé son hall central  devenu une vaste nef sous une voûte de béton et de verre. Au total, ce sont quelque 31 millions de personnes que la gare devrait accueillir annuellement, dont 4,5 millions pour le TGV Est, contre 24 millions aujourd’hui.  Sans oublier une galerie commerciale haut de gamme avec 55 enseignes.

Avec les deux gares, du Nord et de l’Est, ce quartier du Xe arrondissement de Paris devrait devenir, selon une étude de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) «un centre d’échanges de premier plan». Avec, en prime, à l’horizon 2010, un «balcon vert», un jardin suspendu au dessus des voies de la gare de l’Est… pour ceux qui ne prennent pas le train…

TGV POS (Paris Ostfrankreich Süddeutschland) sur la ligne à grande vitesse Paris-Strasbourg.

par Danielle  Birck

Article publié le 10/06/2007 Dernière mise à jour le 10/06/2007 à 18:55 TU

* Ecoutez le Portrait d'été consacré à Christian Lacroix par Bérénice Balta en cliquant ici.