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Vins

Le beaujolais s'exporte mal

Grâce au décalage horaire, le Japon est le premier pays au monde à déguster le beaujolais nouveau. 

		(Photo : AFP)
Grâce au décalage horaire, le Japon est le premier pays au monde à déguster le beaujolais nouveau.
(Photo : AFP)
Le beaujolais nouveau 2007 est mis en vente ce jeudi, le troisième du mois de novembre, comme le veut la tradition en France et partout dans le monde. La filière viticole du beaujolais est en crise depuis plusieurs années, liée à la baisse de la consommation nationale et aux difficultés à l’exportation. Les marchés à l’export sont devenus difficiles avec la hausse de l’euro et celle du pétrole.

Comme chaque année, le troisième jeudi de novembre à minuit, le beaujolais se débouche sur tous les comptoirs des bistrots en France et dans 150 pays à travers le monde. Décalage horaire oblige, les Japonais sont comme d’habitude les premiers à faire sauter les bouchons, avec de nombreux évènements spéciaux organisés dans les grandes villes comme Tokyo, Nagoya et Osaka. En 2006, près de la moitié des bouteilles ont été vendues à l'étranger avec, loin devant, le Japon (11 millions de bouteilles), suivi de l'Allemagne (3,2 millions) et des Etats-Unis (2,8 millions). La Russie et la Chine sont encore des marchés émergents avec, respectivement, 182 000 et 29 000 bouteilles vendues.

Le millésime 2007 qui a profité d’un mois d’avril très chaud et d’un été pluvieux, a déjà été qualifié par les professionnels de « cru agréable, sans faux goût, léger, avec des notes framboisées ». A côté des 50 millions de bouteilles prévues de beaujolais nouveau classique, les viticulteurs ont misé cette année sur le lancement de deux nouveaux vins : un vin de pays, une première pour le beaujolais qui n'autorisait jusqu'à présent que des appellations d'origine contrôlée (AOC), et un beaujolais nouveau rosé commercialisé en quantités limitées, avec 400 000 bouteilles seulement.

La hausse de l’euro et des coûts de transport

« Pour 2007, les commandes en France sont plutôt stables mais, à l’export, elles sont en légère baisse », explique Franck Duboeuf, directeur général des vins Duboeuf, un des plus grands négociants du Beaujolais. Les viticulteurs expriment en particulier leur inquiétude en raison de facteurs comme la hausse de l’euro et celle du pétrole, qui augmente beaucoup les coûts du transport. Aux Etats-Unis, la bouteille sera vendue cette année de 10 à 12 dollars alors que, jusqu'à présent, on pouvait se la procurer à moins de 10 dollars.

Au Japon, les exportations devraient être en baisse de 10 à 15% cette année. « Avec l'appréciation de l'euro face au yen, le prix de la bouteille sera cette année 5% plus cher, environ 500 yens (15 euros) », selon un des principaux importateurs japonais, Asahi Breweries, qui prévoit d'importer cette année 20% de bouteilles en moins qu'en 2006. En France, le consommateur continue plus ou moins de bouder ce cru. A cela s’ajoute la consommation accrue de vins étrangers que les Français apprécient de plus en plus, qu’ils viennent d’Amérique du sud, des Etats-Unis ou d’Australie.

Des producteurs en difficulté

Des chiffres qui ne sont pas de nature à rassurer les 2 837 exploitants de ce territoire du Rhône, en butte à une crise structurelle depuis le début des années 2000, liée essentiellement à une surproduction et à un manque de compétitivité de la filière face à la concurrence internationale. Depuis deux ans, près de 200 exploitations ont cessé leur activité. Dans cette région, le nombre de pieds de vigne par hectare est largement supérieur à d’autres régions (10 000 pieds de vigne contre 6 000) et c’est un vignoble de coteaux difficilement mécanisable, qui nécessite beaucoup de main d’œuvre, ce qui entraîne des coûts de production très élevés. Pour réduire ces coûts, les différents terroirs viticoles ont pris des dispositions. Un programme massif d’arrachage des vignobles a ainsi été lancé en 2005 qui prévoit d’arracher 3 000 hectares d’ici à la fin 2007. Selon l’Union viticole du Beaujolais, 1 500 hectares au total ont déjà été arrachés en 2005 et 2006. 

Depuis deux ans, les professionnels ont également décidé de réorganiser l’octroi du label AOC et de se lancer dans le mélange des cépages afin de diversifier les saveurs du vin. Pour le préfet de la région Rhône-Alpes, « producteurs, négociants et coopératives doivent mieux s’organiser pour parler d’une seul voix et à terme remettre un projet d’orientation au ministère de l’Agriculture, lorsque la France prendra la présidence de l’Union européenne en juillet 2008 ». Pour aider les viticulteurs, l'Etat a annoncé, début novembre 2007, le déblocage de 240 000 euros d'ici la fin de l'année, ce qui permettra à 40 exploitations au bord de la faillite de toucher 6 000 euros. 



par Myriam  Berber

Article publié le 14/11/2007 Dernière mise à jour le 14/11/2007 à 15:05 TU