Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Tchad

Ndjamena accuse le Soudan d’armer les rebelles

par  RFI

Article publié le 27/11/2007 Dernière mise à jour le 27/11/2007 à 20:01 TU

L’Armée nationale tchadienne (ANT) a emmené, mardi, des journalistes à Abou Goulem, à 90 kilomètres à l’est d’Abéché, ou des combats d'une rare violence se sont produits lundi entre les soldats gouvernementaux et les rebelles de l'UFDD, l’Union des forces pour la démocratie et le développement. L'armée tchadienne affirme que des centaines de rebelles ont été tués, tandis que les rebelles affirment, eux, que c'est l'armée gouvernementale qui a perdu 200 hommes. Des chiffres qui sont bien difficiles à vérifier, dans la mesure où les combats se sont déroulés sur plusieurs kilomètres. Toutefois, le chef rebelle Mahamat Nouri admet avoir perdu une centaine d’hommes. Côté gouvernemental, 160 blessés ont été évacués vers Abéché. Aucun nouvel affrontement n’était signalé mardi.

Véhicule détruit  inspecté, ce mardi 27 novembre, par les soldats tchadiens après la bataille contre les rebelles de l'Ufdd à 90 km d'Abéché. (Photo : AFP)

Véhicule détruit inspecté, ce mardi 27 novembre, par les soldats tchadiens après la bataille contre les rebelles de l'Ufdd à 90 km d'Abéché.
(Photo : AFP)

Les combats de lundi ont fait voler en éclats le cessez-le-feu prévu par l’accord de paix signé le 25 octobre à Syrte, en Libye, par le gouvernement tchadien et quatre mouvements rebelles, dont l’UFDD, un accord parrainé par les gouvernements libyen et soudanais. Les autorités de Ndjamena ont accusé mardi le Soudan d’avoir armé les rebelles. Selon Ismaël Chaïbo, directeur général de l’Agence nationale de sécurité (les services secrets tchadiens), « le Soudan a violé l’accord de paix. Il a armé (les rebelles)».

Ismaël Chaïbo

Directeur général de l'Agence nationale de sécurité

« Ce sont des armes de fabrication soudanaise. Le Soudan a violé l'accord de paix de Syrte ».

écouter 0 min 33 sec

27/11/2007 par Sonia Rolley

Selon les journalistes qui ont pu se rendre à Abou Goulem, le champ de bataille témoigne de la violence des combats. Des projectiles de toute taille sont éparpillés sur le sol et au détour des bancs de sable gisent des véhicules détruits ou endommagés. Sur certains sont encore visibles les signes de la rébellion : « UFDD », à la peinture noire. D’autres sont complètement calcinés. Si la majorité des pickups détruits visibles sont rebelles, le gouvernement a aussi subi des pertes en pickups, mais aussi au moins six véhicules légers auto-mitrailleurs RAM ou AML 90. « Il est impossible de faire une offensive sans avoir de la casse », confirme un haut responsable tchadien.

Des dizaines de cadavres de combattants ont été enterrés par des villageois des environs, sur ordre des autorités locales. Des militaires tchadiens récupèrent des pièces détachées ou réparent des véhicules qui peuvent encore l’être. Il est difficile de connaître l’ampleur réelle des dégâts, puisque le champ de bataille s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres. L’armée tchadienne semble, en tout cas, bien implantée. De nouveaux renforts et du ravitaillement ont été acheminés dans la nuit de lundi et, mardi matin, des hélicoptères tchadiens et des Mirage français survolaient encore le théâtre des opérations. Par ailleurs, le gouvernement a récupéré une vingtaine de véhicules rebelles et a fait une quarantaine de prisonniers.  

C’est à l’aide de trois colonnes que l’armée gouvernementale a attaqué, lundi, les troupes de l’UFDD de Mahamat Nouri. L’offensive a été lancée vers 9 heures du matin sur la route entre Abou Goulem et Am-Zoer, à environ 80 kilomètres d’Abéché, principale ville de l’Est. De violents échanges de tirs, à l’arme légère et à l’arme lourde, se sont poursuivis toute la matinée de lundi et à la mi-journée le calme était revenu.  

Le gouvernement tchadien dit avoir décimé les colonnes rebelles et détruit ou récupéré près d’une centaine de véhicules. Mahamat Nouri, chef de l’UFDD, reconnaît que les combats ont été d’une extrême violence et qu’il y a eu beaucoup de pertes de part et d’autre, mais il estime néanmoins qu’il s’agit d’une bonne opération pour la rébellion. Des renforts de l’armée tchadienne ont rejoint le front, dans la nuit de lundi à mardi, et personne n’exclut de nouveaux combats. A Abéché, la tension reste palpable. Les affrontements sont dans tous les esprits.

L'Ufdd accuse le gouvernement d'avoir rompu l'accord de paix conclu de Syrte

« Mahamat Nouri reconnaît que les combats étaient d’une extrême violence, il y a eu beaucoup de pertes et de part et d’autres ».

Tchad : La population a peur

Il y a des gens qui ont peur parce que l’armée est très présente ici.

écouter 1 min 25 sec

27/11/2007 par Marie-Pierre Olphand

 

Pour nous c'est clairement un avertissement de la part des Soudanais ». Voilà  comment un responsable français interprète les affrontements entre les rebelles de l'UFDD et l'armée tchadienne. Pour ce diplomate, il ne fait guère de doute que le mouvement rebelle agit pour le compte du Soudan et dans un but très précis.

Un fait troublant vient appuyer cette thèse. Des caisses d'armes et de munitions estampillées Soudan ont été retrouvées sur le champ de bataille. Pourtant à Khartoum on nie farouchement toute implication.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères s'en tient à la ligne officielle. « Le président Béchir, dit-il, s'est engagé à plusieurs reprises à ne pas soutenir les adversaires de son voisin Idriss Deby ». Mais à Paris, on ne prend pas ces dénégations pour argent comptant, et l'on soupçonne le Soudan de vouloir freiner par tous les moyens le déploiement de l'EUFOR, prévu dans les prochaines semaines, quitte à tenter d'effrayer les Européens en semant la confusion à l'est du Tchad.

Car la perspective de voir les contingents européens juste derrière sa frontière, déplait à Khartoum qui ne s'est pas privé de le faire savoir. Depuis quelques semaines d'ailleurs, les Français notent que le Soudan saisit toutes les occasions de montrer son irritation. Dernière occasion, « l'affaire de l'Arche de Zoé », Khartoum envisage de déposer plainte contre l’ONG française.