Article publié le 29/11/2007 Dernière mise à jour le 29/11/2007 à 10:54 TU
Le président pakistanais, Pervez Musharraf, a prêté serment pour son second mandat présidentiel, ce jeudi.
(Photo : Reuters)
Avec notre envoyée spéciale au Pakistan, Sophie Malibeaux
Pervez Musharraf vient d’achever un long discours en anglais, sans lire de notes. Il a évoqué son émotion, sa nostalgie, après avoir passé plus de quarante ans de sa vie au service de l’armée. Puis, il a récapitulé ses années au pouvoir et les derniers événements en justifiant l’imposition de l’état d’urgence. « C’était çà ou le chaos », a-t-il expliqué.
« Je suis pour la démocratie. Nous voulons les droits de l'homme. (...) Mais nous le ferons à notre manière. »
Alors, évidemment au Pakistan cette journée est vécue comme une journée historique, mais on ne peut pas parler de liesse populaire. Les Pakistanais ne sont pas unanimes quant à la façon d’apprécier les récents événements. Tout le monde note que Pervez Musharraf réalise enfin une promesse qu’il aurait dû remplir en 2004. Beaucoup attendaient de le voir pour le croire.
Et on s’interroge sur le rôle à venir d’un Pervez Musharraf dépouillé de son uniforme. Il devrait à partir de maintenant diriger le pays au sein d’une troïka avec le nouveau chef des armées, le général Kiani, et le Premier ministre. Or, au Pakistan, depuis la création de l’Etat en 1947, on est habitué à voir l’armée prendre les choses en main.
On s’interroge aussi sur la relation qu’il entretiendra avec ceux à l’extérieur qui l’ont soutenu jusque-là, et en particulier l’allié américain. Le général, qu’il remplace à la tête des armées, devrait aller dans le même sens. Maintenant, la question est de savoir jusqu’où Kiani est prêt à suivre le président en cas de troubles à l’intérieur du pays.
L’épée de Damoclès
D’abord, le président Musharraf va devoir lever l’état d’urgence assez rapidement car des élections générales auront lieu dans à peine plus d’un mois. Et il y a une énorme pression, à l’intérieur comme à l’extérieur, pour que les lois d’exception soient abrogées.
En fait, l’opposition va sans doute demander d’avantage. Les différents partis insistent pour un rétablissement de l’ordre préexistant au 3 novembre, cela veut dire en particulier la réintégration dans leur fonction des juges de la Cour suprême qui ont été suspendus, au moment où ils s’apprêtaient à invalider l’élection du 6 octobre du président Musharraf parce qu’il était encore à ce moment-là à la tête des armées.
Le gouvernement n’est absolument pas prêt à accéder à ce type de demande. Mais si les partis de l’opposition remportent une majorité de sièges aux élections prochaines, ils promettent de procéder alors à la réintégration des juges, et ils pourraient donc de nouveau contester la légitimité du président. C’est une épée de Damoclès sur la tête de Pervez Musharraf. Seule la division de l’opposition pourrait le prémunir contre ce type de menaces. Il va devoir manœuvrer très habilement d’ici le 8 janvier, date des prochaines élections générales.