par RFI
Article publié le 29/11/2007 Dernière mise à jour le 29/11/2007 à 12:12 TU
Jamais un ministre, sous le mandat d’Abdelaziz Bouteflika, n‘avait été aussi loin dans son appréciation des relations algéro-françaises. A quelques jours de la visite d’Etat en Algérie du président Sarkozy, Mohamed-Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine (anciens combattants), a déclaré en substance, au quotidien El Khabar, qu’il n'y aura pas de normalisation des relations avec la France sous l'ère Sarkozy, lequel doit son élection au « lobby juif qui a le monopole de l'industrie en France ». La France, par la voix du ministère des Affaires étrangères, a déclaré jeudi souhaiter des « clarifications » de la part d'Alger. Le chef de file des députés socialistes français, Jean-Marc Ayrault, a jugé que Nicolas Sarkozy ne pouvait « pas aller à Alger sans obtenir avant des excuses ». Dans l'après-midi, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a affirmé que « la politique extérieure relève du domaine réservé du président de la République et de ses plénipotentiaires dont le ministre des Affaires étrangères ».
Les déclarations de ce ministre en exercice ont surpris de nombreux Algériens et plusieurs observateurs avisés de la scène politique locale.
Ils relèvent en effet qu'il a notamment empiété sur un domaine réservé du président Bouteflika, celui de la politique étrangère.
Prenant conscience, peut-être, de la portée de ses propos, ou bien rappelé à l'ordre, Mohammed- Chérif Abbas a réagi hier par le canal de l'agence de presse officielle APS, en déclarant « qu'il ne peut assumer les spéculations irresponsables d'un quelconque journal sur un chef d'Etat ami, plus spécialement à la veille de sa visite en Algérie ».
Remettre de l'ordre
Mais il n'a pas démenti les propos qu'il a tenus au journal Al Khabar, des propos qui incluaient aussi le pardon de la France pour les actes commis durant la colonisation.
Or sur ce chapitre, ce ministre, membre du parti du Rassemblement national démocratique, RND, est en contradiction avec le chef de son propre parti, Ahmed Ouyahia.
Lui soulignait, il y a quarante-huit heures, qu'il faut cesser d'exiger de le France de se repentir, que l'heure est aux relations d'Etat à Etat.
Au sein du FLN, on pense l'inverse. Bref, l'alliance présidentielle dont font partie le FLN et le RND ne parle pas d'une seule voix, et ceci va certainement obliger le président Bouteflika à y remettre de l'ordre.