par RFI
Article publié le 09/12/2007 Dernière mise à jour le 10/12/2007 à 09:00 TU
Rarement visite de chef d'Etat étranger en France n'aura à ce point été contestée. Partis politiques, de gauche et du centre, organisations de défenses des droits de l'homme, intellectuels, tous dénoncent l'« odieux» tapis rouge déroulé sous les pieds, d'un « terroriste »...
Les infirmières bulgares elles-mêmes, qui étaient attendues cette semaine à Paris, ont préféré reporter leur voyage. « Nous ne voulons pas que l'assassin croise ses victimes », a expliqué l'une d'entre elles, avant d'ajouter : « Il n'y a pas de morale en politique »...
C'est que de gros contrats sont à la clef, l'Elysée ne s'en cache pas, tout en insistant sur la dimension « diplomatique » de cette visite : encourager la Libye à réintégrer le concert des nations, et l'inciter à s'investir dans le projet d'Union méditerranéenne que veut mettre en place le président français.
Peu importent alors les dernières justifications du président libyen sur le recours au terrorisme. Nicolas Sarkozy s'est dit « heureux » de la visite de son homologue libyen.
Un sentiment que tous ne partagent pas au gouvernement : l'ancien socialiste Bernard Kouchner, devenu ministre des Affaires étrangères, se fend ce lundi matin d'une tribune dans la presse, sur le thème : « Pas question d'oublier les victimes, même au nom de la realpolitik ».
Déconvenue française sur le gaz libyen
La Libye a mis en vente ce dimanche des blocs gaziers. 12 contrats au total qui intéressaient la plupart des sociétés gazières du monde entier. Avec un résultat contrasté, mais surtout une déconvenue pour les Américains et les Français.
Les Américains Chevron, Texaco, et les Français Total et Gaz de France sont repartis bredouille de cette vente aux enchères. Sur les 12 blocs gaziers, 4 ont trouvé preneur et 2 doivent être revus. Mais seuls 4 blocs intéressaient véritablement les grandes compagnies qui ont remporté des contrats. A savoir, la compagnie algérienne Sonatrach, la compagnie russe Gazprom, le néerlandais Shell et une obscure compagnie nationale polonaise qui a soufflé, au nez et à la barbe des Américains ou des Français, 1 bloc gazier.
Il faut dire que les gagnants ont accepté de prendre des parts minimes dans le contrat de partage de production, moins de 15 %. Ce qui ne laissait aucune chance aux autres qui souhaitaient aller au delà de 20%.
Pour les Libyens, cette vente n'est pas une réussite totale. Même s'ils empochent 40 millions de dollars de bonus versés par les 4 gagnants, il leur reste sur les bras au moins 6 blocs gaziers, dont la plupart sont en off-shore.
Audios
« Ce qui est important, ce sont les valeurs traditionnelles de droits de l'homme que la France défend, et de ce point de vue, il est tout à fait regrettable qu'une visite de Kadhafi soit envisagée en France. »
09/12/2007
« Ne plus avoir d'embargo sur la Libye, renoncer à l'arme de destruction massive, indemniser les victimes... ont été des pas faits par le colonel Kadhafi pour rentrer dans le concert des nations. »
09/12/2007 par Florent Guignard
Ancien ministre des Affaires étrangères
Kadhafi m'a déclaré à plusieurs reprises qu'il était très admirateur du colonel Nasser et qu'il lui avait dit, quand il était jeune, qu'il faudra qu'il s'entende avec les Français, car c'est le seul peuple d'Europe qui nous comprend.
10/12/2007 par Frédéric Rivière
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