par RFI
Article publié le 26/12/2007 Dernière mise à jour le 27/12/2007 à 00:44 TU
Rapatriement en France du seul touriste rescapé de l'attaque près d'Aleg, en Mauritanie.
(Photo : AFP)
Après l'agression mortelle dont ont été victimes cinq Français, lundi à Aleg, à 250 kms de Nouakchott, les autorités privilégiaient dans un premier temps la thèse d'un crime crapuleux mais désormais, les enquêteurs s'orientent vers une action des islamistes, proches du groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien, un groupe affilié à al-Qaïda. Le Sénégal comme le Mali ont déployé un important dispositif de sécurité le long de leurs frontières avec la Mauritanie pour tenter d'intercepter les fuyards.
Selon des sources proches de l'enquête, 5 personnes ont été arrêtées depuis l'agression des touristes français. Parmi elles figure Moustapha Ould Abdelkader alias Abou Saïd. Il est suspecté d'avoir loué la Mercedes noire ayant servi à l'assaut en bordure de la route nationale 1.
Abou Saïd n'est pas un inconnu de la justice mauritanienne. Il avait déjà été arrêté en 2006 pour des liens présumés avec des groupes salafistes puis, libéré en juillet, après avoir écopé d'une peine d'emprisonnement avec sursis. Son épouse, ainsi que le chauffeur du véhicule qui aurait déposé les 3 agresseurs non loin de la frontière sénégalaise, auraient également été entendus par les enquêteurs mauritaniens.
Substitut du procureur auprès de la Cour d'appel de Nouakchott
« Parmi les trois assaillants, deux d’entres eux auraient été identifiés ils font aussi partie du groupe islamiste... »
Ces derniers qui ont reçu l'appui d'experts marocains sont désormais sur la piste de ces 3 hommes. Ces 3 hommes, selon le wali de la région du Brakna où s'est déroulé le drame, auraient déjà franchi la frontière sénégalaise. Une information confirmée de bonne source. Deux d'entre eux seraient de jeunes Mauritaniens déjà soupçonnés de liens avec des groupes salafistes. Selon le parquet de Nouakchott, l'un d'entre eux a été libéré sans inculpation cette année alors que le second a été acquitté de l'inculpation d'appartenance à un réseau terroriste. Le parquet a fait appel et l'affaire demeure devant les tribunaux.
chercheur à l'Institut Français des Relations Internationales (Ifri)
« …Il n’y avait jamais eu d’action contre des ressortissants occidentaux donc ce serait une première ».
Cette action d'un groupe salafiste, si elle se confirme, ne pouvait pas plus mal tomber pour la Mauritanie. La saison touristique bat actuellement son plein et le rallye Raid Dakar est attendu en janvier. Neuf étapes sont prévues sur le sol mauritanien dont une non loin d'Aleg.
chercheur à l'Institut Français des Relations Internationales (Ifri)
« Ils veulent nuire à la Mauritanie et aux intérêts occidentaux en Mauritanie. C’est une très mauvaise nouvelle si l’information se confirme car c’est l’ouverture de la saison touristique... »
Enquête au Sénégal |
Sitôt averti par les autorités mauritaniennes que les présumés assassins auraient franchi ses frontières, le Sénégal a accru la surveillance de l'axe nord de son territoire frontalier avec la Mauritanie. Dès lundi soir déjà, Dakar avait mis sur place un dispositif, lequel a été renforcé ce mardi, par les hommes du groupement d'intervention de la gendarmerie et l'escadron d'intervention de la gendarmerie nationale. Ces deux unités constituent l'élite de la gendarmerie sénégalaise. Acheminés par avion, ils sillonnent, contrôlent et ratissent toute cette partie nord du pays : pour l'instant, sans résultat. Du côté de l'enquête, même si Nouakchott n'exclut aucune piste, celle des salafistes est fortement soupçonnée. Pour l'instant, les enquêteurs mauritaniens sont aidés par une équipe d'experts marocains, spécialistes des empreintes digitales. Quand au cinquième touriste français blessé, il a été évacué à Dakar dans la nuit de lundi à mardi, où il a été accueilli à l'aéroport de Dakar par l'ambassadeur de France. Acheminé à l'hôpital principal, il a été opéré de la jambe gauche où il avait reçu une balle. Sa vie est hors de danger. Il a regagné la France par vol sanitaire ce mercredi matin. |
Wali de la région du Brakna
« Deux [des suspects] sont connus des services de sécurité mauritaniens. »
27/12/2007 par Sébastien Nemeth
Propriétaire d’une auberge à Chinguetti, au nord-est de Nouakchott
« Je suis ici depuis 10 ans je ne me suis jamais jugée en danger et je suis une femme qui a voyagé seule en Mauritanie (…) je me sens beaucoup plus en sécurité que dans d’autres pays voisins africains ».
26/12/2007 par Carine Frenk