par RFI (avec AFP)
Article publié le 28/12/2007 Dernière mise à jour le 29/12/2007 à 06:19 TU
Javed Iqbal Cheema, ministre de l'Intérieur pakistanais, calme le jeu concernant l'assassinat de Benazir Bhutto.
(Photo : Reuters)
L'opposant Nawaz Sharif, ancien Premier ministre, rentré comme Benazir Bhutto au Pakistan pour les élections de janvier, figure parmi les politiciens menacés d'attentat. C’est ce qu’a annoncé vendredi le ministère pakistanais de l'Intérieur.
Après la mort de Benazir Bhutto, chef de file de l'opposition, « il y a d'autres personnes qui sont menacées, et à chaque fois que nous recevons des informations (de cette nature, ndlr), nous les transmettons aux personnes concernées », a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Javed Cheema.
Prié de donner des exemples, il a cité Nawaz Sharif, ainsi que le leader islamiste Maulana Fazlur Rehman et les anciens ministres Sheikh Rashid et Aftab Sherpao.
Le jour même où Benazir Bhutto était inhumée, le ministère de l’Intérieur indiquait par ailleurs que la chef de file de l’opposition était décédée des suites d’une blessure à la tête : au moment de l’attentat, Benazir Bhutto aurait voulu se protéger dans sa voiture. Elle se serait cognée contre le levier du toit ouvrant, ce qui aurait provoqué une fracture du crâne. « On n’a pas trouvé de balle ni d’éclat de métal dans la blessure », indique le ministère.
Dans l’entourage de Benazir Bhutto, on conteste cette version des faits et on accuse le gouvernement de mentir.
Un pays déstabilisé
Au lendemain de l'assassinat de Benazir Bhutto, l'émeute continue de gronder et les morts se comptent par dizaines. Les deux-tiers des victimes sont originaires de la province méridionale du Sind, le fief des Bhutto où Benazir a été inhumée vendredi matin. Les 16 districts du Sind sont bouclés par l'armée et notamment la capitale provinciale, Karachi, où les forces paramilitaires ont pour instruction de tirer à vue sur les émeutiers.
Mais c'est tout le pays qui est concerné, la plupart des villes ainsi que plusieurs provinces : celle de la frontière du nord-ouest, notamment, et celle (centrale) du Pendjab.
On savait le Pakistan fragile. Depuis quelques mois, le pays s'enfonçait inexorablement dans une violence politique chronique. Mais cet assassinat semble avoir ouvert les vannes d'un processus qui inspire l'installation d'une mécanique infernale manipulée par des apprentis-sorciers. Si quelqu'un, au Pakistan, caressait le projet de restaurer dans les prochains jours l'état d'urgence et de rétablir le contrôle militaire de la vie publique, aujourd'hui tous les ingrédients sont réunis.
Et la nature même des réactions internationales témoigne de la frayeur qu'inspire le spectre d'un dérapage de la situation. Les oreilles du général-président sifflent des nombreuses exhortations qui lui sont adressées en provenance des capitales étrangères pour qu'il préserve ce qui peut encore être sauvé de l'acquis démocratique dans son pays.
Pour le moment, l'état d'urgence n'est pas rétabli et les élections du 8 janvier sont maintenues.
« Le gouvernement indien a placé ses forces en état d'alerte aux abords de la frontière indo-pakistanaise et suspendu ses liaisons routières et ferroviaires pour une durée indéterminée. »
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« Pour Ishtiaq Ahmed, porte-parole du Conseil des mosquées de Bradford, où vit une importante communauté pakistanaise, le meurtre de Benazir Bhutto est un coup dur pour le retour à la démocratie dans le pays sous le coup des forces anti-démocratiques et anti-terroristes ».
28/12/2007 par Adrien Stem