par Patrick Adam
Article publié le 04/01/2008 Dernière mise à jour le 05/01/2008 à 11:01 TU
Tbilissi, le 4 janvier. Le candidat à la présidence géorgienne Mikheïl Saakachvili remercie ses partisans lors de son dernier meeting de campagne.
(Photo : Reuters)
En parallèle à l’élection présidentielle anticipée, la Géorgie organise un référendum sur l’adhésion à l’OTAN, qui ne fait pourtant pas débat dans le pays. Avec ce lien entre élection présidentielle et aspirations atlantistes, le chef de l’Etat sortant entend redorer l’image de marque de son régime auprès de ses partenaires européens, sévèrement écornée par la répression des manifestations d’opposition au mois de novembre. Pour Tbilissi, séduire les Européens reste un enjeu majeur dans la mesure où ses relations avec la Russie voisine n’ont cessé de se dégrader.
« Les transports publics sont gratuits pour encourager les citoyens à aller voter (…), les partisans de Saakachvili veulent convaincre leurs compatriotes que le bon choix, c’est le numéro 5 ».
Porté au pouvoir par la « révolution de la rose » à la fin 2003 avant d’y être confirmé par les urnes, Mikheïl Saakachvili affichait deux grandes priorités. D’abord restaurer l’intégrité territoriale du pays après de sanglants conflits qui se sont achevés par une sécession de fait de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud. Son principal succès en la matière reste le retour dans le giron national de l’Adjarie après un coup de poker réussi et l’exil vers Moscou de celui qui en tenait les rênes. Aujourd’hui encore, la Russie se sert de son influence dans les territoires séparatistes comme d’une arme politique contre son voisin rebelle et ses soutiens européens englués dans la crise du Kosovo.
Autre priorité affichée à l’époque par le chef de l’Etat, un rapprochement avec l’Europe et l’établissement de relations d’égal à égal avec la Russie. A la manière de ce qui se passe avec l’Ukraine, Moscou avait alors très mal accepté cette tentative d’émancipation de la part de l’une de ses anciennes républiques que la Russie continue de considérer comme sa zone d’influence naturelle. Et depuis l’arrivée au pouvoir de Mikheïl Saakachvili les relations se sont sérieusement tendues avec Moscou. Au point qu’aujourd’hui, le pays continue de subir le blocus économique imposé par la Russie depuis plus d’un an, la frontière reste fermée, et les transports ferroviaires aussi bien qu’aériens entre les deux pays sont suspendus.
De l’expulsion de diplomates russes accusés d’espionnage, au renvoi manu militari de Géorgiens vivant en Russie, les heurts n’ont pas manqué entre les deux pays. Le dernier en date remonte à l’été dernier quand Tbilissi a accusé Moscou d’avoir tiré un missile à quelques dizaines de kilomètres seulement de la capitale géorgienne. L’engin n’avait pas explosé et Moscou avait nié en être à l’origine. L’affaire aura tout de même servi les intérêts géorgiens puisque désormais le pays est relié au système intégré de détection radar des pays de l’OTAN et espère que cela découragera les éventuelles violations de son espace aérien par la Russie. Cette décision de partager les données de surveillance radar remonte à 2003 mais était depuis restée lettre morte.
Dans sa volonté de se rapprocher de l’Alliance atlantique, la Géorgie peut compter sur un allié de poids, les Etats-Unis. Le président Bush s’était d’ailleurs rendu à Tbilissi en 2005. L’ex-république soviétique rêverait d’accéder au plan d’action pour l’adhésion dès le sommet de Bucarest en avril 2008.
La Géorgie du président Saakachvili a tout fait pour séduire l’OTAN : augmentation des dépenses militaires et participation au contingent de paix en Irak. Elle sait qu’elle peut aussi compter sur le soutien de l’Occident dans la mesure où une partie du pétrole de la mer Caspienne destiné à l’Ouest transite par son territoire, via l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, qui a d’attrayant aux yeux de Washington d’échapper au contrôle de la Russie et de l’Iran.
Ce chapitre énergétique est d’ailleurs l’un des arguments forts qui plaide en faveur d’une Géorgie apaisée et partenaire de l’Union européenne, même si sur dossier aussi le président Saakachvili a fait preuve de réalisme, autrement dit de patience. Contrairement à son homologue ukrainien qui à peine élu en appelait à une adhésion de son pays à l’UE, le chef de l’Etat géorgien a su ménager les susceptibilités bruxelloises. Invité du Parlement européen en 2006, il avait rassuré les eurodéputés en affirmant qu’il serait « contre productif d’aller trop vite ».
Aujourd’hui la Géorgie apparaît comme un partenaire privilégié des Européens dans la région, mais aucun doute que les évènements du mois de novembre ont terni l’image d’un régime qui prétend avoir fait siens les standards démocratiques européens. Pour Mikheïl Saakachvili, cette élection apparaît comme un quitte ou double, un départ ou un regain de légitimité. Quelque soit le résultat, la politique étrangère de la Géorgie n’en sera pas modifiée.
« La précampagne était dominée par deux candidats qui avaient les moyens de mettre en place une campagne : Saakachvili et Patarkatsichvili »
« On a besoin de vrais amis quand on a pour voisin la Russie. »
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