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Justice internationale

Charles Taylor comparaît à La Haye

Article publié le 07/01/2008 Dernière mise à jour le 07/01/2008 à 22:54 TU

Le procès de l’ancien président libérien a repris devant le tribunal spécial pour la Sierra Leone. L'équipe du procureur a commencé à appeler les témoins à la barre. Le premier était Ian Smillie, spécialiste canadien du diamant. Charles Taylor est accusé d’avoir soutenu les rebelles qui ont ravagé la Sierra Leone de 1991 à 2001. Son procès a été interrompu plusieurs mois.

Avec notre envoyée spéciale à La Haye

L'ex-président libérien Charles Taylor, accusé de crimes de guerre par le tribunal spécial pour la Sierra Leone, présent à la réouverture de son procès. (Photo: Reuters)

L'ex-président libérien Charles Taylor, accusé de crimes de guerre par le tribunal spécial pour la Sierra Leone, présent à la réouverture de son procès.
(Photo: Reuters)

Charles Taylor est arrivé l'air détendu ce lundi matin. Il s'est installé derrière ses avocats, encadré de deux policiers. Costume sombre, des lunettes aux verres fumés, une imposante montre en or au poignet.

Pendant les 5 heures d'audience aujourd'hui lundi, l'ex-président libérien a gardé un visage de marbre dans le box des accusés. Visiblement concentré, il prenait des notes, il écoutait.

D'après ses avocats, Charles Taylor est confiant.

Il faut dire qu'il a eu plus de temps pour préparer sa défense, comme il réclamait. 7 mois supplémentaires. Il a eu aussi plus d'argent de la Cour spéciale pour la Sierra Leone : 100 000 dollars par mois, alors que les experts estiment ses propres fonds cachés à des dizaines de millions de dollars...

« Nous nous battrons farouchement », nous disait dimanche soir l'un de ses avocats, Me Terry Munyard.

Alors que le procureur appelait ce lundi son premier témoin à charge, un expert canadien de l'industrie du diamant, Ian Smillie, la défense de Charles Taylor n'a pas hésité à l'interrompre alors qu'il évoquait les crimes commis par les rebelles du RUF dans les zones diamantifères de Sierra Leone. « Le témoin sort de son domaine d'expertise, votre Honneur ! ».

Les avocats de Charles Taylor se sont par ailleurs efforcé de déstabiliser ce premier témoin cet après midi, en commençant le contre-interrogatoire... Non sans succès puisqu'ils ont réussi à lui faire dire qu'il ne connaissait pas grand chose à la production de diamants au Liberia.

En 2000, Ian Smillie  avait participé à un groupe d'experts auprès du Conseil de sécurité de l'Onu, un panel qui avait accusé Charles Taylor d'être au cœur d'un trafic d'armes et de diamants alimentant la guerre en Sierra Leone...Suite à ce rapport, l'Onu avait imposé des sanctions au Liberia.

« Mr Smillie, le Liberia produit-il des diamants ? demande le procureur adjoint. En quelle quantité, de quelle qualité ? ».

Réponse : « il a la réputation d'en avoir moins que la Sierra Leone, et de pauvre qualité ».

Ian Smillie explique ensuite que les exportations de diamants en provenance du Liberia ont pourtant beaucoup augmenté pendant la guerre en Sierra Leone.

Pour l'accusation, c'est un point essentiel, puisqu'elle veut montrer que Taylor a soutenu et armé les rebelles du RUF en échange des diamants sierra-léonais.

La défense ne l'entend pas de cette oreille. « Mr Smillie, où est basée l'industrie du diamant au Liberia ?  Dans le comté de Lofa... et...et ... Un trou de mémoire, avant que le témoin ne finisse par lâcher : je ne connais pas grand chose à la production de diamants au Liberia ».

Le contre-interrogatoire a commencé. Il devrait se terminer demain mardi, puis le procureur appellera un nouveau témoin, une victime sierra-léonaise.