par Patrick Adam
Article publié le 23/01/2008 Dernière mise à jour le 24/01/2008 à 09:44 TU
Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne, lors de la conférence de presse sur le plan d'action de la commission énergie et climat, à Bruxelles ce 23 janvier.
(Photo : Reuters)
ll aura fallu de longues et difficiles tractations pour qu’enfin la Commission se donne les moyens de ses ambitions. Car au-delà d’une volonté politique affichée, il a fallu résister aux multiples pressions des industriels et des Etats membres, soucieux de ne pas favoriser une production venue d’Etats moins exigeants en matière environnementale.
« 3 euros par semaine et par personne »… mais jusqu’à 2020. C’est le coût du plan d’action présenté par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui se félicite de ce « paquet de mesures le plus complet au monde ». Devant les eurodéputés il n’en a pas détaillé le contenu précis mais a rappelé les objectifs décidés en mars 2007. Pour mémoire, il s’agit à l’horizon 2020 de réduire de 20% (par rapport à 1990) les émissions de gaz à effet de serre, et de porter la part des énergies renouvelables à 20% de la consommation totale d’énergie. Chaque Etat membre se voit assigné des objectifs contraignants.
Pour Bruxelles, il s’agit en priorité de concentrer les efforts sur l’industrie lourde, responsable de la moitié des émissions de CO2. L’autre moitié provenant de l’agriculture, des transports, et de l’habitat. Enfin la Commission décide d’appliquer à partir de 2013 le principe du pollueur-payeur. Elle propose de faire payer les fameux permis de polluer que les Etats membres ont commencé d’accorder aux industriels depuis 2005, mais à titre gracieux. Les électriciens, par exemple, devront alors payer la totalité des quotas d’émissions de CO2 qui aujourd’hui sont gratuits.
L’Europe en pointe, mais un peu seule
Ces mesures ont été largement critiquées et parfois adoucies sous la pression des industriels, qui mettent en avant le risque de délocalisation vers des pays moins regardants, et de baisse de productivité. José Manuel Barroso rappelle qu’une « taxe carbone » pourrait être décidée sur les produits en provenance de pays moins soucieux des risques environnementaux. Mais le président de la Commission estime que « la meilleure solution serait un accord international » afin d’éviter toute concurrence déloyale. Face aux Etats-Unis qui refusent toujours de signer le protocole de Kyoto ou à des pays en plein essor économique comme la Chine, l’Union fait cavalier seul.
Un enjeu mondial, une arrière-pensée européenne
Si les Européens ont enfourché le cheval de bataille de la lutte contre le réchauffement climatique, c’est aussi que cette cause, populaire, donne aux 27 l’occasion de redorer le blason d’une construction européenne souvent jugée rébarbative par les citoyens. Après les errances de la Constitution, la complexité des textes, le combat pour la planète permet à la Commission de coller à des préoccupations plus consensuelles parmi l’opinion. Thème séduisant, il offre aussi aux 27 l’occasion de s’imposer sur la scène internationale dans un domaine dont aucune grande puissance ne revendique le leadership. Tant que George Bush sera à la Maison Blanche, les Européens auront « un boulevard devant eux », résume l’eurodéputé Vert Claude Turmes.
Mais avant d’imposer ses exigences au monde, l’Union devra se mettre d’accord en interne. Or la bataille législative sur ce projet de la Commission permet d’être âpre entre le Parlement et les Etats membres.
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