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Banques

Société Générale : fraude record et parfum de scandale

par  RFI

Article publié le 24/01/2008 Dernière mise à jour le 25/01/2008 à 11:50 TU

Du jamais vu dans l'histoire de la finance internationale : quelque 5 milliards d'euros de pertes dues aux agissements d'un courtier. C'est l'ardoise record que doit éponger la Société Générale, 3e banque française et 26e mondiale. Une somme à laquelle s' ajoutent les 2 milliards d'euros de dépréciation d' actifs, conséquence de la crise du crédit hypothécaire à risque américain. Fraude record et parfum de scandale dans lequel un seul homme est accusé par l'établissement, Jérôme Kerviel, un employé de 31 ans, génie de l'informatique qui aurait déjoué tous les systèmes de contrôle. Direction, Banque de France et ministres, tous insistent sur la solidité de la Société Générale.

Le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, lors de sa conférence de presse du 24 janvier 2008.(Photo : Reuters)

Le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, lors de sa conférence de presse du 24 janvier 2008.
(Photo : Reuters)

C'est d'abord dans le plus grand secret que la Société Générale a géré cette affaire. Lors de la découverte de la fraude massive, le week-end dernier, le PDG de la banque, Daniel Bouton, ne met dans la confidence que le gouverneur de la Banque de France et le secrétaire général de l'autorité des marchés financiers. L'urgence est alors d'éviter une catastrophe financière encore plus grande, d'autant plus que la tempête commence à souffler sur les indices boursiers.

Ce n'est donc que ce jeudi que la banque rend publics ses déboires... et le chiffre considérable des pertes engendrées par cette fraude : 5 milliards d' euros !

Des explications et des excuses de Daniel Bouton : l'annonce que le courtier fautif fait l'objet d'une procédure de licenciement et que toute sa hiérarchie, qui n'a pas su détecter la fraude, va quitter l'entreprise. Une plainte est également déposée devant la justice.

Nicolas Sarkozy

« Je crois qu'on ne peut pas assimiler le problème interne de la Société Générale […] à ce qui s'est passé sous le système financier international en provenance des Etats-Unis avec la crise des subprimes. »

Pour ce qui est de combler le trou : une augmentation de capital est annoncée. Et, pour rassurer investisseurs et clients, la banque met en avant un résultat qui restera bénéficiaire pour 2007 : 600 à 800 millions d' euros. Un résultat bien faible pourtant au regard des 5 milliards de 2006.

Même si le PDG et son directeur général ont annoncé qu' ils renonçaient à leurs 6 prochains mois de salaire, la confiance va néanmoins être difficile à restaurer.

Les zones d'ombre de l'affaire de la Société Générale

« L'attitude des dirigeants de la Société Générale demeure incompréhensible sur certains points. »

écouter 1 min 5 sec

24/01/2008 par Murielle Paradon

Portrait du courtier Kerviel 

 

Il s'appelle Jérôme Kerviel, a 31 ans et habite Neuilly-sur-Seine près de Paris, selon l'Agence France Presse.

 

Entré à la Société Générale en l'an 2000, selon la direction de la banque, il a d'abord travaillé sur le traitement des opérations financières opérées par la banque avant de se retrouver en 2005 dans la salle des marchés directement.

 

C'est là qu'il aurait construit une véritable entreprise dans l'entreprise, et qu'il aurait réussi à dissimuler ses opérations spéculatives en déjouant tous les systèmes de contrôles qu'il connaissait bien, au regard de ses différents postes.

 

Le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, lui concède de l'intelligence et du talent. Il est qualifié d'Einstein par certains analystes extérieurs mais jugé fragile par certains employés de la banque. En tous cas, on ne connait pas ses motivations.

 

La direction assure que cet homme qui gagnait moins de 100 000 euros par an, ce qui est peu dans la profession,  ne s'est pas enrichi directement en commettant ces fraudes. Elle parle d'un éventuel acte de malveillance, un acte qui pourrait lui couter très cher.

Les précédentes fraudes massives

Nick Leeson a ruiné la plus vieille banque d’Angleterre. En janvier 1995, ce jeune courtier de 28 ans, provoque la faillite de la Barings, un établissement prestigieux, dont la reine Elisabeth II est actionnaire, en spéculant sur les marchés financiers asiatiques.

Basé à Singapour, Leeson a accumulé les pertes, qu’il cache sur un compte secret. Il veut se refaire et mise, à tort, sur un rebond de la Bourse de Tokyo… 1,2 million de dollars partent en fumée. Leeson passera trois ans en prison.

Le cas de la Barings a été le plus médiatisé, mais le record en la matière appartenait, jusqu’à l’affaire de la Société Générale, au Japonais Yasuo Hamanaka. Surnommé « le roi du cuivre », il fait perdre, entre 1986 et 1996, près de 2,6 milliards de dollars à la maison de négoce Sumitomo Corporation. Sa technique est simple : il imite la signature de ses supérieurs pour effectuer des transactions frauduleuses.

L’affaire la plus récente, septembre 2007, concerne la succursale new-yorkaise de la banque Calyon, une filiale du groupe français Crédit Agricole. Un courtier américain intervient sur les marchés pour des montants très élevés, au-delà des limites fixées par la banque. Il n’a pas d’intention frauduleuse, mais il agit sans autorisation. Bilan : 250 millions d'euros de pertes.

par Jocelyn Grange

Audios

Christian Noyer

Gouverneur de la Banque de France

« Tout le monde peut être totalement rassuré, la Société Générale est une banque bien solide, bien gérée fondamentalement. »

24/01/2008 par Corinne Mandjou

Maryse Gauzet

Déléguée syndicale Force Ouvrière à la Société Générale

« C'est révoltant de voir qu'une seule personne peut mettre en péril notre entreprise. »

24/01/2008 par Murielle Paradon

Didier Cornardeau

Président de l'APPAC (Association des petits porteurs actifs)

« Nous demandons une assemblée générale extraordinaire des actionnaires ... »

24/01/2008 par Eric Amiens