Article publié le 26/01/2008 Dernière mise à jour le 27/01/2008 à 11:44 TU
Le ministre français des Affaires étrangères a déclaré, samedi à Kigali, lors d'une brève visite, que la France avait « certainement commis une faute politique » au Rwanda, mais qu'elle « n'a pas eu de responsabilité militaire » pendant le génocide de 1994. D'une haute portée symbolique, la visite de Bernard Kouchner marque le premier pas dans le réchauffement des relations entre Paris et Kigali.
Avec notre envoyé spécial à Kigali
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner (au centre), rend hommage aux victimes du génocide rwandais au mémorial de Kigali, le 26 janvier 2008.
(Photo: Reuters)
L'entretien entre Paul Kagamé et Bernard Kouchner a duré plus de temps que prévu: près d' une heure trente. Avec le sourire, le président a raccompagné son hôte jusque sur le perron, où les deux personnalités ont donné conjointement une conférence de presse.
Au sujet du rétablissement des relations diplomatiques entre le Rwanda et la France, Paul Kagamé et Bernard Kouchner ont laissé entendre que le processus allait se poursuivre.
« Je pense fermement que c'est une décision à la fois politique et morale, que nous devons réétablir des relations intelligentes, fraternelles et parler de la réalité». C'est ce que Bernard Kouchner a déclaré à Kigali, juste avant son départ.
«Je serai satisfait quand nous aurons renoué les relations diplomatiques.»
Dans le cadre de ce processus, il a annoncé l'arrivée la semaine en France d'une délégation rwandaise. Les relations diplomatiques entre les deux pays ont été rompues en novembre 2006.
Dans la journée, le chef de la diplomatie Française s'était rendu au mémorial du génocide à Kigali. Interrogé par la presse sur le rôle de la France en 1994, Bernard Kouchner a répondu : « C'était certainement une faute politique, on ne comprenait pas ce qui se passait, mais il n'y a pas de responsabilité militaire ».
« Je le répète, je n’ai jamais attaqué l’armée française et je ne le ferais pas. »
De son côté, Paul Kagamé a parlé de « son bon ami Kouchner ». Il a affirmé vouloir se débarrasser des obstacles fondés sur les erreurs du passé pour aller de l'avant.
« Nous voulons aller de l'avant. Nous voulons comprendre et nous voulons nous débarrasser de tous les obstacles fondés sur les erreurs et les incompréhensions du passé. »
Sur un plan plus régional cette fois, Bernard Kouchner a évoqué avec Paul Kagamé la question du rappatriement des rebelles hutus rwandais : c'était à la demande du président Kabila. Le numéro Un rwandais a laissé entendre que tous les Rwandais pouvaient rentrer au pays, y compris ceux accusés de génocide.
«Tout le monde peut rentrer, tout le monde doit rentrer»