Economie
440 milliards d’euros de produits illégaux
par Myriam Berber
Article publié le 05/02/2008 Dernière mise à jour le 05/02/2008 à 17:09 TU
La fraude mondiale à la propriété intellectuelle (contrefaçon et piratage) est en constante augmentation. On évalue le phénomène entre 5% et 7% du commerce mondial, soit près de 440 milliards d’euros. C’est ce qui ressort d’une étude publiée par le cabinet spécialisé Kroll. Les produits de luxe, les biens de grande consommation mais aussi les médicaments seraient les plus touchés par cette fraude.
Des médicaments d'origine frauduleuse sur un marché à Abijan en Côte d'Ivoire.
(Photo : AFP)
Téléphones portables, ordinateurs, jouets, vêtements, pièces détachées automobiles, appareils ménagers, produits de luxe et médicaments. Les réseaux de contrefaçon de produits les plus divers ne cessent d’augmenter. La contrefaçon est désormais une industrie à grande échelle. Les douanes européennes estiment qu’entre 1998 et 2004, le nombre de biens contrefaits en Europe auraient augmenté de 1000%, hors piratage numérique sur internet. L’OCDE évalue en 2005 le coût de cette fraude à 135 milliards d’euros tandis que l’Organisation mondiale des douanes l’estime à 650 milliards de dollars, soit près de 440 milliards d’euros. Un chiffre qui représente actuellement de 5% à 7% du commerce mondial.
Dans son étude « Global Fraud Report », le cabinet Kroll démontre, chiffres à l’appui, que les entreprises seraient les plus touchées par ce phénomène. Quatre entreprises sur 5 ont été victimes de fraudes au cours des dernières années. Une grande entreprise sur 10 subit des pertes supérieures à près de 68 millions d'euros par an. Selon les spécialistes de Kroll, 47% des entreprises sont confrontées au vol de biens matériels, 28% d’entre elles font l’objet de corruption et pots-de-vin et 23% subissent des vols de propriété intellectuelle.
10% des médicaments dans le monde sont contrefaits
L’Asie du sud-est (Chine, Hong-Kong, Thailande et Taiwan) et l’Europe de l’est (Russie, Ukraine) sont les deux zones principales de production et d’exportation des contrefaçons. Dans l’Union européenne, l’Italie est en tête des pays producteurs de biens confrefaits. Dans la péninsule, les ventes de produits copiés illégalement représentent 4,77 milliards d’euros. Globalement, les secteurs les plus touchés sont les produits électroniques, les vêtements et les médicaments. Dans le textile, les produits de luxe ne sont pas les seuls concernés, les marques de mode urbaine et les vêtements de loisirs sportifs sont désormais les plus copiés.
L’étude du groupe Kroll révèle également les problèmes liés à cette fraude, notamment quand les objets contrefaits ne répondent pas aux normes de sécurité exigées et représentent un véritable danger pour les consommateurs. C’est le cas des jouets, des pièces détachés automobiles ou bien encore des composants pour les appareils électro-ménagers. L’autre secteur à risque est l’industrie pharmaceutique. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les contrefaçons représentent 10% du marché mondial et rapportent plus de 30 milliards de dollars par aux trafiquants. Ce phénomène concerne en premier lieu les pays pauvres où près de la moitié des médicaments consommés sont contrefaits. Le Nigéria (Afrique) et la Chine (Asie) sont les deux pays les plus confrontés à la prolifération de faux médicaments. En Europe, le viagra et la DHEA, l’hormone anti-vieillissement sont les produits pharmaceutiques les plus contrefaits. Même les Etats-Unis où une partie de la population n’a pas accès aux assurances sociales, ne sont pas épargnés par ce phénomène.
