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Arménie

Serge Sarkissian remporte l'élection présidentielle

par Patrick Adam

Article publié le 19/02/2008 Dernière mise à jour le 20/02/2008 à 11:57 TU

Le Premier ministre, Serge Sarkissian, a remporté l'élection présidentielle en Arménie dès le premier tour, selon les résultats officiels quasi-définitifs annoncés par la Commission électorale centrale arménienne. Si la campagne électorale aura parfois été houleuse avec des accusations de fraudes lancées par l’opposition, sur le plan diplomatique en revanche il y a peu de chances que cette élection permette à l’Arménie de sortir de son isolement. Or c’est l’un des grands défis pour ce petit pays dont les principales frontières demeurent fermées.

Selon un sondage de sortie des urnes, le Premier ministre Serge Sarkissian serait élu dès le premier tour, le 19 février 2008.(Photo : Reuters)

Selon un sondage de sortie des urnes, le Premier ministre Serge Sarkissian serait élu dès le premier tour, le 19 février 2008.
(Photo : Reuters)

Minuscule Etat enclavé tourné vers la Russie, l'Arménie organisait ce mardi le premier tour d’une élection présidentielle qui marque la fin des années Kotcharian, interdit par la Constitution de se représenter après deux mandats de cinq ans. 

Sans attendre les résultats officiels, l’opposition a dénoncé des fraudes importantes. Les proches de l’ancien président Levon Ter-Petrossian, revenu sur la scène politique fin 2007 après près de dix ans de silence, évoquent de graves manipulations. Le porte-parole de l’ex-chef d’Etat parle de « violations des règles, de bourrages d’urnes, d’enlèvements et de tabassage de représentants » de l’opposition.

Donné favori, le Premier ministre Serge Sarkissian apparaissait comme le dauphin du chef de l’Etat sortant, héritier d’une politique qui aura permis une forte croissance économique de plus de 10% par an mais conduit à un isolement diplomatique au plan régional.

A Erevan, le futur attelage à la tête de l’exécutif aura alimenté toutes les rumeurs. Chacun s’accorde à penser que le chef de l’Etat sortant gardera une influence de premier plan sur la vie politique, d’ailleurs certains commentateurs imaginent un scénario à la Poutine avec un président sortant interdit de se représenter qui deviendrait le Premier ministre de son successeur.

Un pays qui reste isolé

Avec ce résultat, l’Arménie risque de rester très isolée. Ce petit pays du Caucase est en froid avec ses voisins, la Turquie et son allié l’Azerbaïdjan. Si les candidats à l’élection offraient parfois une tonalité différente, il y a des thèmes qui en Arménie ne souffrent pas de remise en cause. Ainsi le génocide qui entre 1915 et 1923 a frappé plusieurs centaines de milliers d’arméniens dans l’est de la Turquie. Ankara récuse le terme de « génocide », maintient que des massacres ont eu lieu des deux côtés et s’irrite de voir son voisin multiplier les efforts diplomatiques pour obtenir la reconnaissance internationale de ce qui est, pour Erevan, une évidence historique.

Mais l’Arménie entretient un autre conflit larvé. Avec l’Azerbaïdjan cette fois, petit territoire essentiellement musulman et turcophone. Une guerre a opposé les deux capitales de 1988 à 1994 pour le contrôle de l’enclave azerbaïdjanaise à majorité arménienne du Nagorny Karabakh. Le conflit a fait des milliers de victimes de chaque côté. Les deux Etats encore aujourd’hui sont officiellement en guerre et les incidents sont fréquents. Malgré plus de dix ans de négociations sous médiation étrangère, la situation reste paralysée.

Or sur les relations avec Ankara et Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, Serge Sarkissian est partisan d’une ligne dure. Agé de 53 ans, originaire lui-même du Nagorny Karabakh, où il avait dirigé l’armée séparatiste, Serge Sarkissian est considéré comme un faucon opposé à tout compromis dans les relations avec la Turquie.

Pendant la campagne pour l’élection présidentielle, l’ancien président Levon Ter-Petrossian s’est singularisé en plaidant pour de meilleures relations avec ces deux pays. Au pouvoir de 1991 à 1998, il avait été contraint de démissionner après avoir trop concédé à l’Azerbaïdjan et il est revenu sur la scène politique en décembre dernier après 10 ans d’absence.

Pour autant, un fléchissement de l’Arménie sur ces questions n’est pas d’actualité, même si ces mauvaises relations avec le voisinage ont entraîné la fermeture de deux de ses quatre frontières. Ankara et Bakou ont en effet rompu leurs relations diplomatiques avec Erevan et fermé leur frontière pour protester contre le soutien arménien aux séparatistes du Nagorny Karabakh. L’Arménie survie depuis dans un environnement hostile, courtisée tout de même pour sa situation géostratégique d’importance dans les exportations du pétrole de la mer Caspienne.

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(Carte : Géo Atlas/RFI)

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