Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Turquie/Irak

Les Occidentaux appellent la Turquie à la retenue

Article publié le 23/02/2008 Dernière mise à jour le 23/02/2008 à 13:59 TU

Un soldat turc dans la province de Sirnak, près de la frontière irakienne.( Photo : Reuters )

Un soldat turc dans la province de Sirnak, près de la frontière irakienne.
( Photo : Reuters )

L’Armée turque a publié hier soir un premier bilan humain de son offensive terrestre contre les bases arrière de la rébellion du PKK dans le nord de l’Irak. Les accrochages auraient fait 5 morts dans les rangs de l’Armée turque, et plus de 40 au sein de la guérilla kurde. Cette opération, qui pourrait durer une quinzaine de jours, n’a en tous cas pas suscité de véritable indignation. Les Occidentaux ne condamnent pas cette offensive mais appellent la Turquie à la retenue.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

L’état-major turc joue la transparence : il reconnaissait dans la soirée, 24 heures après le lancement surprise de son intervention au sol contre les camps retranchés du PKK, que des affrontements violents avaient eu lieu et se poursuivaient en divers points du Kurdistan irakien. Ils auraient fait 5 morts parmi les soldats turcs, une vingtaine selon la rébellion kurde.

Le PKK ne donne en revanche aucun bilan de ses propres pertes, que la Turquie chiffre à 44 militants tués, que ce soit par les bombardements aériens ou lors de combats au sol.

En revanche, on ne sait toujours pas exactement combien de militaires turcs sont engagés dans cette incursion. L’état-major a dénoncé la propagande de la rébellion qui a fait circuler le nombre de 10 000 soldats déployés. Des sources officieuses évoquent quelque 3 000 hommes seulement, mais l’Armée turque reste muette sur le sujet.

Toujours est-il que l’offensive turque n’a guère soulevé de réaction hostile. Les Etats-Unis, qui avaient promis il y a quatre mois leur coopération contre la présence rebelle en Irak du nord, défendent le droit de la Turquie à se protéger et demandent juste à Ankara du discernement et de la mesure.

L’Europe, qui considère également le PKK comme une organisation terroriste, est sur la même ligne, elle réclame de la « mesure » dans l’intervention turque.

Les menaces du PKK

Il était à prévoir que la rébellion kurde n'en resterait pas là. Dès la nuit dernière, l'agence d'information du Parti des travailleurs du Kurdistan prévoyait un « printemps sanglant » et appelait ses combattants « à ignorer les frontières et à résister partout dans le monde » à ce qui est présenté comme un génocide anti-kurde.

Le communiqué annonçait une capacité de résistance renforcée pour la rébellion, menaçant au passage de se « souvenir de ceux qui s'allient aux auteurs de ces massacres », une allusion assez directe aux responsables kurdes du nord de l'Irak qui ont lâché le PKK depuis quelques mois et ne se sont pas opposés à l'entrée des troupes turques.

Ce samedi matin, c'est un porte-parole de la rébellion en Irak du Nord qui promettait une réponse terroriste sur le territoire turc. « Si les attaques de l'armée turque ne cessent pas, prévenait Ahmad Danis, le théâtre des opérations se déplacera à l'intérieur des villes turques pour des opérations de guérilla et des combats censés épargner les civils » précisait-il. Il est permis de se demander comment il compte s'y prendre.  

Audio

Didier Billion

Directeur adjoint de l'Institut des relations internationales et stratégiques, et spécialiste de la Turquie.

«Il serait illusoire de considérer que seule la voie militaire peut totalement éradiquer une organisation telle le PKK.»

23/02/2008 par Farida Ayari

A lire également

Turquie/Irak

 Une patrouille de l'amée turque à la frontière turco-irakienne, le 22 février 2008.(Photo: Reuters)

Incursion turque dans le nord-irakien

22/02/2008 à 21:56 TU