Article publié le 03/03/2008 Dernière mise à jour le 03/03/2008 à 16:46 TU
De notre correspondant à Moscou, Alexandre Billette
Vladimir Poutine (g) et le nouveau président Dmitri Medvedev saluent la foule, pendant un concert, à Moscou, le 2 mars 2008.
(Photo : Reuters)
« J'ai obtenu les deux tiers des voix, cela signifie que nous devons poursuivre la politique de Vladimir Vladimirovitch Poutine », a annoncé le vainqueur de cette élection jouée d'avance, devant une foule venue assister au concert organisé pour l'occasion sur la place Rouge, devant le Kremlin. « Je remercie le peuple russe qui a voté en grand nombre », a renchéri Vladimir Poutine, « c'est la preuve que la Russie est un vrai pays démocratique ».
Arrivés ensemble, à pied, sur la place Rouge, sur l'air d'une chanson du très nationaliste groupe Lioube, les « deux » présidents ont ainsi conclu une soirée électorale qui réservait, il est vrai, bien peu de surprises. Dmitri Medvedev a été élu avec plus des deux tiers des voix, selon des chiffres encore provisoires, alors que ses deux principaux adversaires s'en tirent un peu mieux que prévu : près de 20% pour le candidat communiste, Guennadi Ziouganov, et environ 10% pour l'ultranationaliste Vladimir Jirinovski. L'obscur candidat « pro-européen », Andreï Bogdanov, récolterait un peu plus de 1%.
Victoire prévisible, et déjà des accusations de fraudes, notamment du Parti communiste, la seule véritable opposition à l'occasion de ce scrutin, alors que les partis « libéraux » ont tous été exclus faute de récolter deux millions de signatures pour pouvoir se présenter.
Le Parti communiste dénonce des fraudes
Le Parti communiste, qui comptait un grand nombre d'observateurs dans les bureaux de vote d'un bout à l'autre du pays, a déploré de nombreux cas de fraudes. Bourrage d'urnes, observateurs interdits dans certains bureaux de vote, ou encore employés d'une chaîne de magasin devant voter tous ensemble au même endroit et signer un registre de présence : les accusations se sont multipliées tout au long de la journée, et le Parti communiste a déjà promis de porter plainte devant les tribunaux, sans grand chance de succès toutefois.
« En l'absence de l'OSCE, le Conseil de l'Europe est la seule organisation indépendante venue observer les élections présidentielles en Russie. »
Dans les hautes sphères du pouvoir russe, l'élection est déjà passée, et le passage de relais va pouvoir commencer à se faire, avec il est vrai de nombreuses interrogations. Comment Dmitri Medvedev va-t-il inaugurer sa présidence avec un Premier ministre, Vladimir Poutine, à qui il doit tout, et qui a déjà annoncé son intention de maintenir la plus grande influence possible ?
Ce dimanche soir, Dmitri Medvedev a tenu sa première conférence de presse en tant que président élu : à la question d'un journaliste britannique voulant savoir qui, du président ou du Premier ministre, allait gérer la politique étrangère, Dmitri Medvedev a répondu d'un ton sans appel : « Le président russe s'est toujours occupé de ces questions ».
Reste que la fidélité de Dmitri Medvedev envers son mentor Vladimir Poutine est réputée sans faille. Les deux hommes ont encore deux mois pour gérer le transfert des pouvoirs : l'intronisation officielle de Dmitri Medvedev devrait avoir lieu le 7 mai prochain.
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Correspondant de RFI à Moscou
«Les Nashi, organisation de jeunesse pro-Kremlin, ont tout organisé ; rien de spontané ici!»
03/03/2008 par Thierry Parisot