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Campagne présidentielle américaine

Le retour de l'Irak dans la campagne

par Sylvain Biville

Article publié le 17/03/2008 Dernière mise à jour le 17/03/2008 à 20:00 TU

John McCain à son arrivée, dimanche 16 mars, à Mossoul.(Photo : Reuters)

John McCain à son arrivée, dimanche 16 mars, à Mossoul.
(Photo : Reuters)

Dick Cheney réaffirme le « soutien inébranlable » des Etats-Unis à l'Irak. En visite surprise lundi à Bagdad, le vice-président américain a estimé que les progrès sur le plan de la sécurité étaient « impressionnants ». John McCain, le probable candidat républicain à la présidentielle de novembre, était lui aussi à Bagdad. Sa visite relance le débat sur la guerre en Irak, jusque-là relégué au second plan dans la campagne électorale.

John McCain a misé sa carrière politique sur le dossier irakien. L'été dernier, son inébranlable soutien à la très impopulaire guerre en Irak a failli mettre fin à son aventure présidentielle. Désormais assuré de l'investiture républicaine, il prend un risque calculé en se rendant à nouveau à Bagdad, son huitième séjour depuis l'invasion de mars 2003. En avril 2007, au plus fort de la guerre civile, il s’était attiré les foudres de la presse américaine en déclarant qu’il était possible de se promener dans les rues de la capitale irakienne, avant d’être contraint d’admettre qu’il ne s’était jamais déplacé autrement qu’escorté.

Des résultats « impressionnants »

Aujourd’hui, la situation sécuritaire a évolué. Depuis le renforcement de la présence militaire américaine en Irak, avec l’envoi de 30 000 hommes supplémentaires, le Pentagone assure que les violences ont diminué de 60%. Cette nouvelle stratégie militaire, ardemment défendue par John McCain « porte ses fruits », a déclaré le sénateur de l’Arizona lundi à Bagdad.

De son côté, le vice-président Dick Cheney, qui effectue une visite distincte à Bagdad, a salué des résultats « impressionnants ». Au même moment, l’actualité est venue tempérer cet optimiste : un nouvel attentat-suicide a tué au moins 36 personnes dans la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad.

La perception du bourbier irakien est cependant en train d'évoluer dans l’opinion américaine. Selon le Pew Resarch Center, près d'un Américain sur deux estime que la campagne militaire va dans le bon sens, contre à peine 30% il y a un an. John McCain, qui a longtemps souffert de son soutien à l’administration sur le dossier irakien, espère aujourd'hui tirer profit de cette évolution. Un retrait précipité du pays « signifierait une victoire d’al-Qaïda », a lancé le sénateur de l’Arizona à Bagdad, à l’adresse de ses rivaux démocrates.

Un coût de 400 milliards de dollars

Hillary Clinton et, plus encore, Barack Obama ont fait de la fin de la guerre en Irak un axe majeur de leur campagne, espérant capitaliser sur l’impopularité d’une guerre qui, depuis mars 2003, a déjà coûté 400 milliards de dollars au contribuable américain. Longtemps relégué au second plan au profit des questions économiques, alors que la récession pointe à l’horizon, le dossier irakien refait surface dans la campagne, à l’approche du cinquième anniversaire de l’invasion, le 20 mars. C’est également cette semaine que sera franchi le seuil symbolique des 4 000 soldats américains tués dans le conflit. « Un retrait ne serait pas une défaite. Une défaite serait de laisser nos soldats en Irak pour cent ans de plus », a déclaré Hillary Clinton, lundi, à l’université George Washington, dans la capitale américaine, en référence aux propos de John McCain, qui avait affirmé il y a quelques mois que la présence américaine pourrait se prolonger cent, voire mille ans.

La question irakienne est l’un des sujets d’affrontement favori entre démocrates et républicains, chaque camp ayant une position radicalement opposée sur le sujet. Mais l’Irak a également tendance à devenir un champ de bataille pour la famille démocrate. Barack Obama ne rate jamais une occasion de rappeler que sa rivale a voté pour l’invasion de l’Irak, en 2003, au Sénat, alors que lui-même (qui n’était pas encore élu fédéral à l’époque) a pris position dès 2002 contre l’option militaire. Hillary Clinton a contre-attaqué lundi en accusant le sénateur de l’Ilinois de s’être contenté d’une opposition de pure forme. « Le seul fait de prononcer des discours ne mettra pas fin à une guerre », a-t-elle lancé.

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