par RFI
Article publié le 18/03/2008 Dernière mise à jour le 19/03/2008 à 10:08 TU
De gauche à droite et de haut en bas : Christian Blanc, Nadine Morano, Yves Jégo, Hubert Falco, Anne-Marie Idrac, Alain Joyandet.
(Photo : Assemblée Nationale ; Sénat ; Ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité - www.handicap.gouv.fr/DR)
Deux jours après la défaite aux municipales, Nicolas Sarkozy a procédé mardi soir à un remaniement limité de son équipe gouvernementale. Aucun ministre ou secrétaire d'Etat en fonction ne sort de l'équipe, à l'exception de Christian Estrosi, élu maire de Nice dimanche, qui a renoncé au secrétariat d'Etat à l'Outre-mer. Certains d'entre eux voient en revanche leurs attributions modifiées. Jean-Marie Bockel quitte ainsi la Coopération. Et surtout, six nouveaux secrétariats d'Etat sont créés.
Mini-remaniement mais maxi « lifting politique », avec l'entrée en force des cadres de l'UMP parmi les six nouveaux secrétaires d'Etat. Les deux porte-parole du parti, Nadine Morano et Yves Jégo, tous deux également députés, obtiennent ainsi respectivement les portefeuilles de la Famille et de l'Outre-mer. Alain Joyandet – en charge des fédérations à l'UMP – devient secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie. Alain Marleix, le Monsieur élections du parti, prend également du galon, il passe du secrétariat d'Etat aux Anciens combattants aux Collectivités territoriales auprès du ministre de l'Intérieur.
Cette arrivée en force des ténors de l'UMP au gouvernement coïncide avec la création dès lundi d'un « pôle politique » à l'Elysée autour du président. L'objectif est clair : mieux associer les élus à cette nouvelle phase de réformes que Nicolas Sarkozy veut lancer et désamorcer la grogne qui prend de l'ampleur au sein de la majorité.
La « société civile » fait également son entrée au gouvernement avec Anne-Marie Idrac, ancienne présidente de la SNCF, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, et Christian Blanc, ancien PDG de la RATP et d'Air France, nommé mardi secrétaire d'Etat chargé du développement de la « Région Capitale », autrement dit du « Grand Paris », projet de regroupement de la capitale avec quelque 80 communes alentour.
Parmi les anciens secrétaires d'Etat, certains prennent du galon en obtenant des attributions supplémentaires. Comme l'ancien socialiste Eric Besson qui ajoute dans son escarcelle l'Economie numérique en plus de la Prospective. Le président Sarkozy n'a pas élargi le gouvernement à de nouvelles personnalités de gauche. Cette politique « d'ouverture » a été critiquée au sein de l'UMP.
Le ministère de l'Economie et des Finances est étoffé
A plusieurs reprises, la rumeur la donnait partante. Pourtant, Christine Lagarde conserve son ministère de l'Economie et des Finances. Mieux, la ministre hérite dans sa charge de l'Industrie. L'Emploi reste aussi l'une de ses prérogatives. Avec toutefois un changement notable : c'est un proche de Nicolas Sarkozy qui travaillera au côté de Christine Lagarde. Laurent Wauquiez l'ancien porte-parole du gouvernement est promu et hérite du secrétariat à l'Emploi.
Luc Chatel, lui aussi vainqueur au premier tour des municipales est récompensé pour sa fidélité au chef de l'Etat et devient secrétaire d'Etat à l'Industrie. Il conserve ses attributions à la Consommation, mais exerce en plus les fonctions de porte-parole du gouvernement. Un sésame qui lui permet d'assister à tous les conseils des ministres.
Enfin, celui que l'on présentait comme un possible successeur de Christine Lagarde à Bercy ne change pas de maroquin. Xavier Bertrand conserve le ministère du Travail.
Deux jours après la défaite aux municipales, le président entend ainsi tourner la page de ce scrutin peu glorieux et repartir à l'offensive – avec une équipe renforcée – sur le front des réformes. Très rapidement maintenant, le président devrait annoncer les fameuses « initiatives » qu'il a promises mardi pour continuer – a-t-il dit – « les changements qui sont nécessaires à notre pays ».
Douze ministres et secrétaires d'Etat voient leurs attributions ou leurs intitulés modifiés |
- Jean-Louis Borloo se voit adjoindre l'Energie. Il devient ministre d'Etat, ministre de l' Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire. - Christine Lagarde se voit adjoindre l'Industrie, les Finances ne figurant plus dans son intitulé. Elle devient ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi. - Brice Hortefeux : le Codéveloppement est remplacé par le Développement solidaire. Il devient ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire. - Xavier Bertrand se voit adjoindre la Famille. Il devient ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille et de la Solidarité. - Roselyne Bachelot se voit adjoindre la Vie associative. Elle devient ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. - Eric Besson se voit adjoindre le Développement de l'économie numérique. Il devient secrétaire d'Etat chargé de la Prospective, de l'Evaluation des politiques publiques et du Développement de l'économie numérique auprès du Premier ministre. - Hervé Novelli perd le Commerce extérieur et se voit adjoindre le Commerce, l'Artisanat, le Tourisme et les Services. Il devient secrétaire d'Etat chargé du Commerce, de l'Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme et des Services auprès de la ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi. - Bernard Laporte se voit adjoindre la Jeunesse et la Vie associative. Il devient secrétaire d'Etat chargé des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, auprès de la ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. Changements de portefeuilles - Laurent Wauquiez, anciennement porte-parole du gouvernement, devient secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi, auprès de la ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi. - Luc Chatel, anciennement secrétaire d'Etat chargé de la Consommation et du Tourisme, devient secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie et de la Consommation, auprès de la ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, ainsi que porte-parole du gouvernement. - Jean-Marie Bockel, anciennement secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, devient secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants, auprès du ministre de la Défense. - Alain Marleix, anciennement secrétaire d'Etat à la Défense chargé des Anciens combattants, devient secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux Collectivités Territoriales, auprès de la ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités Territoriales.
|
Connu au Parti socialiste pour son franc-parler, Jean-Marie Bockel aura passé ses 10 mois au ministère de la Coopération à revendiquer sa liberté de parole, avec en point d'orgue, ses voeux à la presse : le 15 janvier dernier, le serétaire d'Etat avait alimenté le débat en affirmant qu'il était temps de « signer l'acte de déces de la Françafrique »...
Dans une interview publiée par le journal Le Monde, le secrétaire d'Etat à la coopération exhortait même le président français à ne plus céder aux caprices de certains pays africains ayant une rente pétrolière. Une rente qu'ils ne consacrent pas au développement et demandent à la France de financer, affirmait Jean-Marie Bockel...
La déclaration ne désignait personne, mais plusieurs pays avaient réagi à cette prise de position, notamment le Gabon, qui a ensuite dénoncé des « clichés méprisants sur l'Afrique » et protesté contre « ces propos ne pouvant être mus que par l'ignorance des réalités de la coopération franco-africaine ».
Omar Bongo Odimba avait même brandi la menace de se tourner vers d'autres partenaires « plus respectueux » des pays africains et de leurs populations. Cette menace a-t-elle pesé dans la décision de Nicolas Sarkozy ? Le ministère de la Coopération demeure en tout cas un poste sensible, où il semble décidément bien difficile de mettre en oeuvre la « rupture » annoncée par le candidat Sarkozy pendant la campagne présidentielle.
Sur le même sujet