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France/Chine

Tibet : « Tuer avec retenue »

par Patrice Biancone

Article publié le 26/03/2008 Dernière mise à jour le 26/03/2008 à 21:35 TU

Patrouille de policiers chinois dans les rues de Lhassa.(Photo : Reuters)

Patrouille de policiers chinois dans les rues de Lhassa.
(Photo : Reuters)

Poussé par les critiques, Nicolas Sarkozy a durci le ton et a évoqué le boycottage de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin. Alain Juppé, est même sorti de sa réserve pour dire très vertement ce qu'il pense de la position de la France et plus largement de l'Europe, qui ont principalement appelé la Chine à la « retenue ».

Après la défaite aux élections municipales, difficile pour Nicolas Sarkozy de résister aux uns et aux autres. Les uns, ce sont les Français qui, majoritairement, condamnent la répression chinoise au Tibet. Et les autres, ce sont les élus, qu'ils soient issus de l'opposition ou même de la majorité.

Nicolas Sarkozy l'a compris et c'est pour cette raison qu'il a haussé le ton en évoquant la possibilité d'un boycottage de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, ce que souhaitent les défenseurs des droits de l'homme. Il s'agit d'un autre petit pas du chef de l'Etat en direction de certains de nos voisins européens ; l'Allemagne qui a suspendu ses négociations sur le développement avec la Chine. Et, la Grande-Bretagne qui a annoncé son intention de recevoir prochainement le Dalaï Lama.

Le Tibet divise la majorité

Cette évolution s'explique par les critiques qui pleuvent sur l'exécutif et tout particulièrement par celles d'Alain Juppé formulées, hier, sur son blog. Pour le récent vainqueur des élections municipales à Bordeaux, l'idée de réclamer de la modération comme l'ont fait les Européens dans l'affaire Tibétaine, est une mauvaise idée. «  En somme, écrit Alain Juppé, nous demandons au pouvoir de Pékin de tuer avec retenue ».

Conscient de sa position confortée en Aquitaine, Alain Juppé montre ainsi qu'il a une autre conception de la France et de son rôle dans le monde, ainsi qu'une autre conception de la pratique du pouvoir. Il a notamment fustigé la « realpolitik », une flèche destinée très directement à Nicolas Sarkozy. Et il a rappelé que s'il y avait des « grâces », il y avait aussi des « disgrâces ». Le Président s'est d'ailleurs senti dans l'obligation de répondre en soulignant que lorsqu’Alain Juppé était à Matignon, le problème du Tibet existait déjà et que cela ne l'avait pas empêché d'aller en Chine.

UMP: les mots durs

Ambiance lourde, donc. Et ce d'autant plus que ces critiques ont été relayées à l'Assemblée nationale. Une rentrée, après six semaines d'interruption pour cause d'élections municipales, particulièrement difficile pour le ministre des Affaires étrangères qui a dû répondre aux interrogations de Lionel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes et Président du groupe d'études sur le Tibet. La semaine dernière, le ministre avait demandé que les journalistes puissent se rendre sur place, ce qui avait déplu à Lionel Luca. « Le peuple chinois est notre ami et le gouvernement chinois une dictature qui ne l'est pas », a t-il répondu, hier matin, après quelques jours de réflexion, ajoutant même que le ministre tenait là « des propos de collabo ».

Un terme violent effacé du vocabulaire du député des Alpes-Maritimes dans l'après-midi. A l'Assemblée nationale, le ton était en effet plus modéré. Mais comme Lionel Luca était mandaté par son groupe pour s’adresser au ministre des Affaires étrangères, les mots ont eu un retentissement différent, plus amplifié et plus officiel. Bernard Kouchner a d'ailleurs et à son tour durci le ton vis-à-vis de la Chine. Une démarche censée circonscrire la polémique naissante et mettre un terme au malaise des élus UMP face à la position française.

Dossier spécial

(Photo : Reuters)

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