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France/Royaume-Uni

Défense et nucléaire : nouvelle entente franco-britannique ?

par François Cardona

Article publié le 26/03/2008 Dernière mise à jour le 27/03/2008 à 00:14 TU

Pour sa première visite d’Etat outre-Manche, Nicolas Sarkozy veut inaugurer une nouvelle « fraternité » entre la France et la Grande-Bretagne. Le président français compte ainsi relancer l’Entente cordiale signée entre les deux pays au début du 20ème siècle. A défaut d’être véritablement fraternel, ce rapprochement pourrait se concrétiser par une plus grande coopération dans la défense et le nucléaire.

Le président français Nicolas Sarkozy (c) et le prince Philip passent en revue la garde d'honneur, au château de Windsor, près de Londres, le 26 mars 2008.(Photo : Reuters)

Le président français Nicolas Sarkozy (c) et le prince Philip passent en revue la garde d'honneur, au château de Windsor, près de Londres, le 26 mars 2008.
(Photo : Reuters)

1904-2008. La volonté affichée par l’Elysée est claire. Cette visite du président français en Grande-Bretagne doit relancer l’Entente cordiale signée au début du 20ème siècle, considérée comme fondatrice de l’amitié franco-britannique. Nicolas Sarkozy plaide donc pour une « nouvelle fraternité franco-britannique », comme il l’a affirmé ce mardi sur la radio anglaise BBC.

« Sympathie mutuelle »

Deux conditions sont nécessaires à l’établissement d’une nouvelle Entente cordiale, affirme John Rogister, historien anglais, spécialiste des relations franco-britannique : « Il faut une certaine sympathie mutuelle entre les hommes politiques des deux pays sur des questions de politique intérieure, ainsi qu’une entente sur des questions de politique étrangère ». Ces conditions seraient aujourd’hui réunies pour permettre des rapports plus étroits et plus fréquents entre la Grande-Bretagne et la France, estime ce professeur à l’université de Durham et membre de la Royal Historical Society. Nicolas Sarkozy et Gordon Brown ont appris à se connaître lorsqu’ils étaient tous deux ministres de l’économie de leur pays respectifs.

Coopération militaire

Mais à défaut de s’entendre sur tous les sujets, et notamment sur l’Union européenne – Gordon Brown étant nettement moins europhile que Tony Blair – c’est sur la défense que la France et la Grande-Bretagne partagent une véritable convergence de vue – les contributions de Paris et de Londres constituent 40% du budget défense de l’UE. Profitant de cet acquis, la coopération entre les deux pays dans le domaine militaire pourrait donc être renforcée. D’autant que tous deux plaident pour un accroissement des capacités d’intervention de l’Union européenne dans les opérations extérieures.

« Lutte contre le terrorisme mondial »

Les projets présidentiels ont par ailleurs de quoi satisfaire la Grande-Bretagne. Avec en premier lieu la question de la présence française en Afghanistan. Pressé par Washington et Londres d’accroître le nombre de soldats français dans ce pays en proie à un conflit d’une extrême violence, Nicolas Sarkozy annoncera vraisemblablement lors du prochain sommet de l’OTAN, qui se tiendra début avril à Bucarest, l’envoi de 1 000 hommes supplémentaires en Afghanistan. Le président français s’en est expliqué ce mardi, sur la radio BBC : « En Afghanistan, se joue une partie de la lutte contre le terrorisme mondial, donc on doit la gagner (…) Pourquoi ne pas y aller plus nombreux ? ».

La volonté de Nicolas Sarkozy de rompre avec la tradition gaulliste et d’entrer dans la structure de commandant militaire intégrée de l’OTAN pourrait également accélérer le rapprochement entre la France et la Grande-Bretagne. En échange de ce geste de bonne volonté, la France souhaiterait que la direction des affaires militaires de l’OTAN dans la Méditerranée revienne à un officier supérieur français.

Industrie de l’armement

L’Elysée semble également espérer une plus grande coopération dans l’industrie de l’armement. Néanmoins le partenariat franco-britannique pour la construction d’un deuxième porte-avion nucléaire traine, et reste toujours à définir. Paris souhaite remplacer à moindre coût le vieillissant Charles-de-Gaulle, mais ce projet demeure très onéreux (environ 2,5 milliards d’euros) et donc soumis aux contraintes budgétaires françaises. Il n’y a donc que peu de progrès à attendre sur ce dossier.

Nucléaire civil

Le réchauffement dans la relation entre la France et la Grande-Bretagne pourrait in fine passer par le nucléaire civil. La presse britannique a évoqué, à plusieurs reprises déjà, la signature ce jeudi, d’un  accord entre Gordon Brown et Nicolas Sarkozy. Le royaume possède en effet le plus vieux parc nucléaire d’Europe, qui ne produit que 18% de l’électricité consommée par les Britanniques. Le gouvernement de Gordon Brown a donc donné son accord en janvier dernier à la construction de nouvelles centrales nucléaires, mais sans aide de l’Etat. Les entreprises françaises Areva, Alstom et EDF sont vivement intéressées par ce marché.