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Risque de crise au sommet de Bucarest

par Dominique de Courcelles

Article publié le 31/03/2008 Dernière mise à jour le 01/04/2008 à 22:20 TU

(Source : www.nato.int)

(Source : www.nato.int)

Au sommet de l’Otan qui se tient cette semaine dans la capitale roumaine, du 2 au 4 avril, l’Ukraine et la Géorgie espèrent recevoir le feu vert à leur future adhésion à l’Alliance atlantique. Mais les 26 pays membres sont divisés sur ces deux candidatures dont Moscou, par ailleurs, ne veut pas entendre parler, considèrant ces Etats comme faisant partie de sa zone d’influence. Les débats s'annoncent houleux.

Cinq pays, tous anciennement communistes, demandent cette semaine à franchir une étape supplémentaire qui conduira à leur adhésion à l’Organisation de l’Atlantique Nord. Mais ces cinq Etats qui attendent d’être reçus dans l’antichambre de l’Otan, l’Albanie, la Croatie, la Macédoine, l’Ukraine et la Géorgie, n’ont pas les mêmes chances d’y parvenir.

Pour l’Albanie et la Croatie, c’est bon. Ces deux Républiques des Balkans semblent assurées de la réponse affirmative des 26 pays membres de l’Otan pour leur accorder le statut de candidat, ce qui leur donne de bonnes chances de rejoindre assez rapidement, d’ici à un an,  les dix pays de l’ancien bloc de l’Est déjà  intégrés en deux étapes depuis 1999 et 2004.

Pour la Macédoine, l’affaire est plus délicate : la Grèce ne veut pas entendre parler de sa candidature tant que ne sera pas résolu le contentieux vieux de dix-sept ans qui sépare les deux pays sur le nom de l’ex-République yougoslave. Athènes estime que le nom de « Macédoine » appartient à son patrimoine historique national et demande donc au pays admis à l’ONU sous le nom provisoire d’ « Ancienne République yougoslave de Macédoine » de changer de nom, faute de quoi, il n’entrera pas à l’Otan. D’interminables discussions sont en cours depuis des années pour parvenir à une nouvelle appellation, pour l’instant en vain. Faute d’un accord d’ici au 2 avril, la Grèce, qui entend se servir du levier de l’Otan pour obtenir satisfaction,  mettra son veto à la candidature de la Macédoine, victime de sa politique « irrédentiste et nationaliste », selon les termes de la ministre grecque des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis.

Les Russes se sentent encerclés

Reste l’Ukraine et la Géorgie, deux pays autour desquels le sommet risque de se cristalliser . En tout cas, la partie décisive se joue cette semaine. D’après les observateurs, « c’est  du 50-50 ». Aujourd’hui partenaires d’un « dialogue intensifié » avec l’Otan, Kiev et Tbilissi demandent à passer à l’étape suivante, le « plan d’action en vue de l’adhésion », le MAP comme on dit dans la langue de Shakespeare qui fait loi au sein de l’Otan.

La Russie - est-il nécessaire de le préciser ?- est opposée aux candidatures de ces deux pays qu’elle considère comme faisant partie de sa zone d’influence. Leur rapprochement de l’Otan serait considéré à Moscou comme un geste hostile à son égard. « Vous ne pouvez pas être détendu lorsqu’une machine militaire étrangère se rapproche de vos frontières », a pour sa part déclaré l’ambassadeur de Russie auprès de l’Otan, Dmitri Rogozine. Depuis le discours de Vladimir Poutine, il y a un an à Munich, où il dénonçait  la tendance des Etats-Unis à dominer le monde, le climat est peu propice aux embrassades entre Russes et Américains, surtout lorsqu’il s’agit d’élargir, « de façon interminable », précisent les Russes, les limites de l’Organisation de l’Atlantique Nord.

Ne pas fâcher les Russes

Pas aussi catégoriques que les Russes, et surtout pour d’autres raisons, une dizaine de pays européens, menés par l’Allemagne, ne sont pas très chauds non plus sur les candidatures ukrainienne et géorgienne.

Officiellement, pour deux raisons : la population de ces pays n’adhère pas suffisamment au projet cher aux autorités politiques – une pierre lancée dans le jardin des Ukrainiens- et ensuite, estime la chancelière allemande Angela Merkel, « les pays qui connaissent des conflits internes ou régionaux ne peuvent pas être membres de l’Otan » – cette pierre-là atterrit directement chez les Géorgiens confrontés à des problèmes de séparatisme avec l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. 

Le président américain aura beau avoir multiplié les appels téléphoniques pour tenter de convaincre tous les partenaires réticents, y compris l’Allemagne, Berlin vient encore pendant le  week-end de réaffirmer son opposition tant que Géorgie et Ukraine n’auront pas stabilisé leur situation intérieure.

Il est un autre argument qu’Allemands, Français, Espagnols, Grecs, Hongrois, Italiens ou  Norvégiens ne mettent pas trop en avant, même s’il est décisif : c’est la volonté de ne pas fâcher les Russes. Il y a aujourd’hui suffisamment de sujets de contentieux avec la Russie, estiment-ils, pour que l’on n'en « rajoute » pas, surtout au moment où le pays change de président.

Un jour, ils y seront

Américains, Canadiens, et une dizaine de pays européens principalement de l’ancienne Europe communiste, qui ne prennent pas les mêmes gants vis à vis de Moscou (les Baltes et les Polonais, notamment) soutiennent eux, sans surprise, la candidature de Kiev et de Tbilissi à l’0tan.

De toute façon, les membres de l’Alliance Atlantique sont tous d’accord  pour reconnaître que les portes doivent rester ouvertes, quelle que soit la décision prise à Bucarest cette semaine. A terme, estiment-ils, l’Ukraine et la Géorgie ont vocation à rejoindre l’Otan.

« La question n’est pas de savoir si Kiev et Tbilissi auront accès au plan d’action, mais quand », a indiqué un responsable de l’Organisation. Une position unanime qui ne suffira sans doute pas à empêcher le sommet d’être néanmoins houleux.

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