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OTAN / Elargissement

Un élargissement au compte-gouttes

par Artan Pernaska

Article publié le 06/03/2008 Dernière mise à jour le 07/03/2008 à 05:56 TU

Condoleezza Rice lors d'une conférence de presse au siège de l'Otan à Bruxelles ce jeudi 6 mars 2008.(Photo : Reuters)

Condoleezza Rice lors d'une conférence de presse au siège de l'Otan à Bruxelles ce jeudi 6 mars 2008.
(Photo : Reuters)

L’Ukraine et la Géorgie ne seront certainement pas plus avancées dans leur souhait de rejoindre l’OTAN après le sommet de Bucarest du 2 au 4 avril prochain qu'elles ne le sont actuellement. Dans un contexte géopolitique en évolution, l’Alliance nord-atlantique ne souhaite pas vexer la Russie. De leur côté, les pays balkaniques avancent à des cadences différentes. La Croatie est prête. L’Albanie et la Macédoine sont sur la bonne voie, mais la menace d’un veto grec plane sur la candidature de cette dernière. A un pas plus ralenti, la Bosnie et le Monténégro ambitionnent toujours un rapprochement avec l’OTAN, tandis que la Serbie ne devrait pas aller plus en avant que le « partenariat pour la paix » scellé lors du sommet de Riga en 2006.

Le sommet des pays de l’OTAN qui se tiendra à Bucarest en Roumanie du 2 au 4 avril 2008 se déroulera dans un contexte d’évolutions qui ont marqué la marche du monde au cours des derniers mois, et qui influeront sans doute sur les décisions qui seront prises à Bucarest. En premier lieu, la communauté internationale s'est élargie, avec la venue en son sein de l’Etat du Kosovo, dont la déclaration d’indépendance a tendu les relations entre Occidentaux et Serbes d'une part et Occidentaux et Russes d'autre part. Ensuite, la Russie s'est donné un  nouveau président, ce qui a redonne l'espoir de trouver à la table un partenaire pouvant faire évoluer la ligne de conduite de Moscou. Enfin, le conflit gazier entre l’Ukraine et la Russie s'est réactivé, même si la tension a finalement baissé ce mercredi. Tout cela, alors même qu’un responsable de l’OTAN déclarait qu’il n’y avait pas de consensus au sein de l’Alliance quant à un éventuel rapprochement avec l’Ukraine et la Géorgie.

La prudence est de mise

Lors de la réunion préparatoire du sommet de Bucarest qui a eu lieu à Bruxelles ce jeudi, la précaution était donc l’attitude affichée par tous les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN. D’une part, il ne faut pas vexer Moscou, déjà hautement sensible au sujet de l’élargissement de l’OTAN de manière générale, et encore plus quand cela implique des pays frontaliers. « L’élargissement est important. Mais la notion d’équilibre doit aussi être une priorité » ou « La Russie a un nouveau président et il faut redémarrer sur un nouveau pied » - tels ont donc été les propos de Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères du Luxembourg.  

D’autre part, il ne faut pas non plus décourager l’Ukraine et la Géorgie de poursuivre leurs efforts sur le chemin d’un rapprochement avec l’Alliance nord-atlantique. « L’OTAN est une organisation fondée sur les performances. Quand des pays ne sont pas prêts à différentes étapes, l’OTAN doit leur laisser la porte ouverte »,  déclarait dans l’avion qui la menait de Jérusalem à Bruxelles la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice.

Ces déclarations valent aussi bien pour l’Ukraine et la Géorgie que pour ceux des Etats balkaniques qui n’ont pas suffisamment progressé dans la voie des réformes, ou qui n’ont pas encore la volonté d’aller vers un rapprochement plus marqué avec l’Alliance nord-atlantique.

Deux périmètres et différentes cadences

Si géographiquement, les pays qui souhaitent se rapprocher ou adhérer à l’OTAN se trouvent placés sur deux périmètres différents, la cadence de leurs progrès vers l’OTAN crée aussi une différence.

Les pays frontaliers de la Russie sont aujourd’hui loin d’une adhésion à l’OTAN. L’Ukraine et la Géorgie ont « un dialogue intensifié » avec l’Alliance nord-atlantique. Ils demandent à être admis au « Plan d’action en vue de l’adhésion à l’OTAN » (« Membership action plan, MAP), qui ferait de l’Ukraine et de la Géorgie des candidats officiels à une future adhésion. Le sommet de Bucarest devra prendre une décision à leur égard. Mais cette décision sera certainement prise cette fois-ci dans le souci de ménager la Russie et de préserver les équilibres.

Les pays balkaniques ont évolué sur le chemin vers l’OTAN à des vitesses différentes et avec plus ou moins d’hésitations. Parmi ces pays se distinguent deux groupes. La Croatie, l’Albanie et la Macédoine sont des candidats potentiels à une pleine adhésion à l’OTAN, faisant suite au sommet de Bucarest. La Croatie est aujourd’hui prête et attend une invitation à entamer les négociations d’adhésion. L’Albanie et la Macédoine attendent également une invitation similaire. Une partie des 26 pays membres de l’Alliance nord-atlantique a salué leur progrès sur le chemin des réformes.

La Grèce a cependant fait savoir qu’elle s’opposerait à l’adhésion de la Macédoine, tant que ce pays issu de l’ex-Yougoslavie ne changerait pas de nom ; et la Grèce dispose d’un droit de veto. Un rapprochement entre Athènes et Skopje sur ce sujet n’est pas à exclure, mais les manifestations de mercredi à Thessalonique pour demander le refus de toute concession laissent mal présager d’une entente rapide. La Grèce s’oppose depuis 1991 à l’utilisation du nom de Macédoine par l’ex-république yougoslave. Confiants quant à leurs chances d’adhérer rapidement, la Croatie, l’Albanie et la Macédoine ont déclaré qu’elles persévèreraient sur la voie des réformes bien au-delà de l’échéance de Bucarest.

La Bosnie, le Monténégro et la Serbie forment un deuxième groupe de pays balkaniques qui ont signé des accords de « partenariat pour la paix » au sommet de Riga en 2006. La Bosnie et le Monténégro devraient faire un pas en avant et aller vers « un dialogue intensifié » avec l’OTAN, étape préalable avant qu'ils deviennent candidats officiels à l’adhésion. En froid avec une partie des pays de l’Union européenne et de l’OTAN qui ont reconnu le Kosovo, la Serbie ne devrait pas aller plus loin que le « partenariat pour la paix » de Riga, en 2006.

Le prochain sommet de l’OTAN sera important en termes géopolitiques, mais aussi en matière symbolique. Vladimir Poutine, toujours président de la Russie jusqu’au 7 mai, a été invité au sommet de Bucarest. On l’attend donc sur la photo officielle.

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