par Manu Pochez
Article publié le 12/04/2008 Dernière mise à jour le 12/04/2008 à 07:40 TU
Galère ? Vous avez dit galères ?
La deuche a enfin retrouvé ses premiers amours, une route non goudronnée entre Birette et Rosso.
(Photo : Manu Pochez)
Cette journée s’annonce courte contrairement aux précédentes. Au programme, le passage du barrage de Diama pour entrer en Mauritanie, on souhaite éviter l’affluence de Rosso et que la deuche sente un peu de piste sous son caoutchouc. Le bitume, en fait, ce n’est pas trop son truc. Doucement malmenée sur une piste, c’est là où elle va vous raconter des histoires, comment elle se sent, si elle est heureuse, pas contente, bref elle vous parle ! Si je vous assure ! Elle vous parle !
Peu de véhicules circulent dans cette réserve naturelle, hélas les animaux, peu habitués au trafic routier, sont les premières victimes de la route sur ce tronçon peu fréquenté.
(Photo : Manu Pochez)
Tous les sens d’un conducteur d’une 2CV sont mobilisés : Le toucher ; le contact charnel avec ce volant qui vous fait ressentir toutes les vibrations du moteur. L’ouïe vous met en alerte au moindre bruit suspect, un pot d’échappement percé et tout de suite elle revendique. L’odorat : qui n’a pas senti un jour une odeur de brulé, d’échappement ? La vue : le deuchiste passionné à des yeux de jeune amoureux pour son véhicule, même en conduisant.
Et le dialogue est réciproque, on la complimente, l’encourage, mais surtout jamais aucun reproche ! Elle est très susceptible et risquerait de vous en vouloir.
Mais alors, qu’avons-nous dit à notre deuche ce matin ? Admirée de tous à St-Louis, on continue à la complimenter, à la saluer sur son passage
Nous nous retrouvons seuls sur cette piste mauritanienne qui traverse une réserve naturelle, où les hérons cohabitent avec les phacochères. Quelques dizaines de kilomètres avant Rosso, ville en bordure du fleuve Sénégal, première alerte Ca fait « gling-glang » vers la roue arrière droite. On s’arrête, on regarde sous sa jupe, on soulève, on inspecte, extérieurement, rien d’anormal. Après palabre, on décide de continuer jusqu’à Rosso à faible allure, la nuit ne va pas tarder à tomber, ce serait ballot et pas sécurisant de se retrouver seuls en pleine nuit dans la pampa où plus aucune voiture ne roule après la tombée de la nuit
Autre alerte, à 5 km de Rosso, mademoiselle tousse, ronchonne, et décide de nous arrêter devant une station de pompage avec réservoir d’eau où les moustiques vont penser s’en donner à cœur joie sur nos épidermes respectifs. Une orgie annoncée ? Non, les produits adéquats repousseront l’ennemi. Les locaux se proposent de nous aider, chacun y va de son expérience, tout le monde a la solution. Mais on ne va pas amadouer une sexagénaire, ce n’est pas à une vieille guenon qu’on apprend à faire des grimaces. Elle a besoin de tendresse, de compréhension d’affection.
Mohamed Chain est sexagénaire lui aussi, et il arrive, tel un sorcier. Deux aspirations magiques dans le tuyau d’arrivée d’essence, c’était bien évidemment simple, mais nos idées ne sont plus bien en place après 10 heures de sommeil en 3 nuits. Et voilà notre belle nous redonner goût à la vie, elle vient de redémarrer.
On gagne Rosso dans la nuit. Seul point d’accueil sécurisé l’auberge de Mr Souleymane Camara, gérant du CHEMAMA, ce qui signifie : espace désertique exploitable en période de pluie. Il nous accueille comme des rois. Il a compris que le touriste de passage a parfois besoin d’un minimum d’exigence. Chambres climatisées et propres, personnel attentionné, internet à disposition, tous les ingrédients sont là pour passer un bon moment en sa compagnie. De plus, à la vue de notre deuche, des souvenirs de jeunesse ressurgissent et il nous les raconte avec une pointe d’émotion et de nostalgie dans la voix…
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