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Bamako-Dunkerque en 2CV

Etape Nouakchott-Rabbas

par Manu Pochez

Article publié le 15/04/2008 Dernière mise à jour le 15/04/2008 à 08:30 TU

Une plage de sable dans la 2CV

Une journée supplémentaire nous aura été nécessaire pour finaliser le plan de sécurité pour rejoindre le Maroc. Départ tôt ce matin, et les kilomètres vont s’égrainer doucement, tout doucement. Le fort vent de sable de l’avant-veille a forci. Nous sommes contents lorsque l’on dépasse les 50 km/h, et nous sommes toujours en train de relancer la deuche 4ème / 3ème / 4ème, la seconde est même nécessaire parfois pour ne serait-ce que gravir des petites cotes. La route est monotone, les chameaux avec leur démarche nonchalante donnent l’impression de glisser sur le sable. Une borne kilométrique tous les 5 km. Elle n’en finit pas d’apparaitre, cela nous rappelle que nous progressons tout en lenteur.

Dans chaque petit orifice de la deuche le sable pénètre, nous aurons bientôt une plage de sable fin à l’intérieur. Le plus ennuyeux, c’est pour tout le matériel dont je dispose, certes qui en a vu bien d’autres, mais reste sensible au sable.

Point kilométrique 200, avant de tomber en panne d’essence, nous vidons les 20 litres de carburant du jerricane arrimé sur le toit.. Avec ce vent, notre consommation s’est accrue de plus de 40% ! Quelques rares et longues « épingles à cheveux » sur la route, on bifurque de 90 degrés, on se dit, chouette, le vent va être avec nous ! Mais non, on a l’impression que ce petit coquin suit le tracé de la route, et nous l’avons toujours en face !

Point kilométrique 235, au milieu de nulle part, une station essence qui est la seule digne de ce nom entre les deux grandes villes mauritaniennes. En plein désert, on se croirait presque sur une aire d’autoroute européenne. Restaurant, épicerie, bar, toilettes propres, il y a même des chambres d’hôtel pour le voyageur fatigué.

Nous sommes attablés sur la terrasse, et Thierry entend parler Bambara. A plus de 2000 km de Bamako, c’est assez inhabituel. Il interpelle Keita et Mamadou, qui travaillent dans la station service depuis 2 ans comme hommes de confiance du gérant. Présentement, ils sont est en cours de désensablage de l’aire de service, et c’est armés d’une pelle et brouette, qu’ils tentent de dégager ce qui pourrait rapidement devenir une mini dune.

C’est leur lot quotidien, ainsi que l’entretien du matériel soumis à rude épreuve par le sable. Keita est originaire de la ville de Bougouni. Le gérant de la station service, lui aussi n’est pas mauritanien, il est algérien, il a quitté son pays en 1995 et a décidé de venir s’installer en Mauritanie, pays beaucoup plus calme selon lui. Il affirme qu’il n’y a pas de terroristes en Mauritanie, que ce ne sont que des voyous et la mafia, comme dans les autres pays. Il voit passer tout les jours des dizaines de touristes, toutes nationalités confondues, parfois avec femmes et enfants, et il ne comprend pas la médiatisation exagérée qui est faite sur les terroristes mauritaniens.

4 heures plus tard, on traverse la ligne de chemin de fer qui relie les mines de Zoueirat, et la ville portuaire de Nouadhibou, avec le train le plus long du monde, plus de 2 km. Et pour avoir eu l’occasion de le voir passer il y a quelques années, c’est impressionnant ! Il roule à 40km/h, et on l’entend arriver 30mn avant de le voir passer. Dans le désert, le son porte très loin, il n’y a pas d’obstacle…

Passage du poste frontière mauritanien, Douane, police, gendarmerie, ça n’en finit pas. Avant d’arrivée à la frontière marocaine, un no man’s land de plusieurs kilomètres. Il n’y a même pas de piste.  On s’est même perdus entre les deux postes frontières. On découvre un cimetière de carcasse de voiture, plus aucune pièce détachée à récupérer.

Côté Marocain, on nous presse, le poste ferme dans quelques minutes. Mais les contrôles avec chiens renifleurs, ouverture des sacs ne seront pas bâclés. Très inquiet, Thierry est convoqué pendant la fouille de la deuche, dans le bureau du chef de bureau des douanes. Il l’invite à s’assoir et l’interroge : « C’est vous le propriétaire de la deuche ? », avec un regard malicieux Thierry : « Oui, y’a un problème ?» et notre inspecteur d’un ton nostalgique « vous savez, c’est ma première voiture, c’était une 2CV, et aujourd’hui, quel regret de l’avoir vendue, vous ne voulez pas me la vendre ? »

Le passage des deux postes frontières aura duré près de 3H30.

(Photos : Manu Pochez)

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Aventure

La 2CV qui s'apprête à rallier Bamako à Dunkerque.(Photo : Manu Pochez)

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