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Crise alimentaire mondiale

L’ONU lance sa stratégie et attend des moyens

Article publié le 29/04/2008 Dernière mise à jour le 30/04/2008 à 05:26 TU

Autour du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, 27 chefs d’agences de l’ONU étaient réunis à Berne en Suisse. Objectif : élaborer une stratégie pour faire face à la crise alimentaire mondiale. Ils en ont surtout profité pour lancer un appel à la mobilisation des pays riches.

De notre envoyé spécial à Berne, André-Michel Essoungou

Jacques Diouf (g), directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), en compagnie de Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations unies.(Photo : André-Michel Essoungou/RFI)

Jacques Diouf (g), directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), en compagnie de Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations unies.
(Photo : André-Michel Essoungou/RFI)

« Une stratégie commune en soutien aux pays en développement confrontés à la crise alimentaire mondiale ». Les termes du communiqué final publié au terme de deux jours de réunions par les grands patrons des Nations unies, avec à leur tête Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’organisation, dévoilent davantage le volontarisme de ses auteurs que la réalité d’une véritable stratégie. Car comme souvent, les Nations unies en appellent principalement au concours de ses membres – les plus riches en l’occurrence – pour faire face à la crise.

À court terme, et dit en chœur, les patrons des agences de l’ONU souhaitent que l’on finance au plus vite les opérations du Programme alimentaire mondial (PAM), à hauteur de 755 millions de dollars. « Sans ces financements, nous ne serons bientôt plus en mesure de nourrir les déplacés et réfugiés du Darfour, du nord de l’Ouganda et de partout ailleurs », précise Josette Scheeran, la directrice du PAM. La hausse des prix des céréales notamment rend nécessaire cette rallonge budgétaire, les plus de 3 milliards de dollars de budget annuel de l’organisation ne suffisant plus à acquérir des denrées toujours plus chères au fil des mois. « Sans ce financement, nous courons le risques d'assister à de grandes famines, à l'aggravation de la malnutrition et des tensions sociales à une échelle jusqu'ici inconnue », analyse Ban Ki-moon. Sur le ton de l’urgence, Robert Zoellick, le patron de la Banque mondiale précise : « Les semaines à venir vont être cruciales pour faire face à la crise alimentaire. Pour deux milliards de personnes, le prix élevé des denrées est désormais un combat quotidien et nécessite de nombreux sacrifices ; et pour beaucoup c'est même une question de survie ».

« Il faut qu’on cesse de parler »

À situation de crise, réponse urgente, pour les plus menacés en priorité, les réfugiés et les déplacés des nombreux conflits de l’heure. Pour les autres, les directeurs des agences onusiennes et leur secrétaire général préconisent d’autres pistes d’action, politiques, en vue de « garantir l’alimentation pour le futur ». Des actions qui vont du financement de l’agriculture des pays africains notamment (fertilisants, infrastructures routières…) ; des mesures encouragées par le Fonds mondial pour l’alimentation et l’agriculture, à la levée des barrières aux exportations, solutions défendues par la Banque mondiale. Seule institution à joindre l’acte à la parole, la Banque annonce le doublement de ses prêts à l’agriculture en Afrique ; ils passeront à 800 millions de dollars pour l’année 2009.

À l’issue de la rencontre de Berne, « l’attention spéciale » accordée au continent africain se réduit à cette seule action, largement insuffisante de l’avis général. Ban Ki-moon a, il est vrai, timidement annoncé que : « nous sommes en train de considérer la possibilité de lancer une révolution verte en Afrique », puisque, dit-il, « les pays les plus touchés par la crise actuelle sont les pays africains », mais rien d’autre pour l’heure.

Manifestement, à Berne, les Nations unies ont surtout essayé de tenir un discours commun sur une crise face à laquelle elles disent disposer de stratégies, de plans d’actions. Seuls manquent les moyens. Dans la capitale suisse, il s’agissait de lancer un premier appel aux pays les plus riches. Dans les prochains mois, divers forums internationaux serviront de cadre à beaucoup d’autres appels du même genre. À commencer, en juin prochain à Rome, par un sommet mondial sur la sécurité alimentaire. « Il faut qu’on cesse de parler, de prendre des engagements et de les oublier dans les tiroirs », s’impatiente Jacques Diouf, le directeur de la FAO, hôte de ce prochain rendez-vous. Une manière de donner le ton.

Dossier spécial

(Photo : AFP)

A écouter

Ban Ki-moon

Secrétaire général des Nations unies

« Nous sommes en train de considérer la possibilité de lancer une révolution verte en Afrique… les pays les plus touchés par la crise actuelle sont les pays africains ».

29/04/2008

Jacques Diouf

Directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture

« J'attends que l'on aide les agriculteurs des pays pauvres, à avoir des semences, des engrais pour cette campagne qui se termine en juillet afin de les semer. »

29/04/2008 par André-Michel Essoungou