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UE / Serbie

L’Europe fait un geste symbolique envers Belgrade

Article publié le 29/04/2008 Dernière mise à jour le 29/04/2008 à 16:31 TU

Après des mois de laborieuses tractations, le Conseil des ministres de l’Union européenne a finalement offert à la Serbie de signer son Accord de stabilisation et d’association (ASA), première étape du long parcours d’intégration européenne. Cependant, l’accord ne prendra effet que si la Serbie coopère pleinement avec le TPI de La Haye, tandis que la signature de cet accord est vivement dénoncée par une partie des dirigeants serbes.

De notre correspondant dans les Balkans, Jean-Arnault Dérens

De gauche à droite: Le vice-Premier ministre serbe Bozidar Djelic, le président de la République Serbe Boris Tadic, le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana et le ministre des Affaires étrangères Slovène Dimitrij Rupel, dont le pays préside l'UE.(Photo: Reuters)

De gauche à droite: Le vice-Premier ministre serbe Bozidar Djelic, le président de la République Serbe Boris Tadic, le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana et le ministre des Affaires étrangères Slovène Dimitrij Rupel, dont le pays préside l'UE.
(Photo: Reuters)

En proposant la signature de l’ASA avant les élections parlementaires anticipées du 11 mai, l’Europe espère renforcer le camp démocratique et pro-européen serbe, toujours devancé dans les sondages par les courants nationalistes. Cependant, certains pays européens, notamment les Pays-Bas, s’opposaient à cette décision en raison de l’insuffisante coopération de Belgrade avec le Tribunal pénal international de La Haye : la Serbie n’a toujours pas arrêté et extradé le général serbe de Bosnie Ratko Mladic.

Un compromis assez boiteux a finalement été trouvé : les Pays-Bas ont retiré leur veto à la signature de l’ASA, mais celui-ci n’entrera en effet que lorsqu’une pleine coopération de la Serbie avec la justice internationale aura été vérifiée. C’est donc un document « virtuel » que le Président serbe Boris Tadic a signé mardi après-midi à Luxembourg.

La responsable du bureau de l’intégration européenne de la Serbie, Tanja Miscevic, a néanmoins salué une avancée « considérable » pour la Serbie. Il n’est pourtant pas sûr, dans ces conditions, que la signature de l’ASA représente une aide significative pour les courants pro-européens, et notamment pour le Parti démocratique (DS) de Boris Tadic, toujours devancé dans les sondages par le Parti radical serbe (SRS).

« Le Kosovo n’est pas à vendre »

De surcroît, la signature de l’ASA est vivement dénoncée par le Premier ministre sortant, Vojislav Kostunica, et son Parti démocratique de Serbie (DSS), qui dénoncent un « acte antinational et anticonstitutionnel ». En effet, selon eux, la signature de l’ASA par la Serbie reviendrait à reconnaître l’indépendance du Kosovo, approuvée et reconnue par une majorité de pays européens. Pour Vojislav Kostunica, « le Kosovo n’est pas à vendre », et la Serbie ne peut pas renoncer à sa province méridionale en échange d’une accélération de son processus d’intégration européenne.

Lors des négociations préliminaires, le DSS avait pourtant imposé un article spécifique, l’article 135, qui stipule que la signature de l’ASA n’a pas de conséquences sur le statut du Kosovo ni sur l’envoi prévu de la mission européenne Eulex, qui doit, en théorie, se déployer le 15 juin.

Vojislav Kostunica et ses partisans ont déjà annoncé qu’ils considéraient comme nulle et non avenue la signature de l’ASA par le président Tadic, le ministre des Affaires étrangères Vuk Jeremic et le vice-Premier ministre Bozidar Djelic, tous issus des rangs du DS.

Depuis un an, les démocrates du DS formaient une branlante coalition gouvernementale avec les « nationalistes-démocrates » de Vojislav Kostunica. Cette coalition a volé en éclats peu après la proclamation d’indépendance du Kosovo. Le DSS de Vojislav Kostunica envisage désormais ouvertement de s’allier, après les élections, avec le SRS, l’extrême droite nationaliste, au nom, avant tout, de la défense du Kosovo.

Dans l’autre camp, le DS de Boris Tadic axe sa campagne sur les deux objectifs de la défense du Kosovo et de la poursuite de l’intégration européenne. Cette orientation reçoit un soutien symbolique réel avec la signature de l’ASA, mais elle sera difficile à défendre alors que l’Union européenne n’entend pas renoncer à déployer sa nouvelle mission « d’accompagnement de l’indépendance » au Kosovo.

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