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Justice internationale

Arrestation de Jean-Pierre Bemba en Belgique

Article publié le 25/05/2008 Dernière mise à jour le 25/05/2008 à 20:34 TU

Jean-Pierre Bemba en juillet 2006.(Photo: AFP)

Jean-Pierre Bemba en juillet 2006.
(Photo: AFP)

La Cour pénale internationale a obtenu l’arrestation de Jean-Pierre Bemba, président du Mouvement de libération du Congo (MLC), suspecté de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, pour viols, tortures et pillages commis en République centrafricaine en 2002 et 2003. Le MLC est le principal mouvement d’opposition au président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila. La Belgique a confirmé dimanche l'arrestation de l'ancien vice-président de la République démocratique du Congo et son intention de le transférer d'ici « un à deux mois » à la Cour pénale internationale (CPI) qui a lancé un mandat d'arrêt contre lui.

De notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas

Arrêté dans une banlieue de Bruxelles aux alentours de 22h00 (heure locale), Jean-Pierre Bemba, chef du principal mouvement d’opposition au président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, était depuis plusieurs semaines dans le viseur de la Cour pénale internationale (CPI). Suspecté de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, pour viols, tortures et pillages commis en République centrafricaine en 2002 et 2003, Jean-Pierre Bemba s’était réfugié au Portugal en juin 2007. Candidat malheureux à l’élection présidentielle d’octobre 2006, au terme de laquelle il avait cependant raflé 42% des voix au second tour, Jean-Pierre Bemba avait été inculpé pour haute trahison par le pouvoir et avait fui le pays pour l’Europe.

Dans le viseur de la CPI depuis mai 2007

Jean-Pierre Bemba n’est pas poursuivi pour les crimes qui auraient été perpétrés en République démocratique du Congo mais pour ceux commis en République centrafricaine. Du 25 octobre 2002 au 15 mars 2003, les mercenaires du chef de guerre avaient soutenu le pouvoir de l’ancien président Ange Félix Patassé contre les rebelles de François Bozizé, qui s’emparait alors du pouvoir. Selon le mandat d’arrêt émis par la Cour, les hommes de Jean-Pierre Bemba « ont mené une attaque systématique ou généralisée contre la population civile et ont commis des viols, des actes de torture, des atteintes à la dignité de la personne et des pillages, notamment dans la localité dénommée PK12 et dans les villes de Bossangoa et Mongoumba ».

Jean-Pierre Bemba est accusé en qualité de supérieur hiérarchique et était « investi d’une autorité de jure et de facto (…) pour prendre toutes les décisions tant sur le plan politique que militaire ». Dans un communiqué, le procureur Luis Moreno Ocampo a rappelé avoir rencontré les victimes, « celles qui ont survécu à la violence, celles qui ont survécu au sida. Nous ne pouvons effacer leurs blessures. Mais nous pouvons leur rendre justice. Les témoignages des victimes seront autant de preuves. Les victimes viendront raconter leur histoire à la Cour. Elles auront ce pouvoir ».

Un destin politique contrarié

Alerté par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) au printemps 2003, le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo, avait été saisi par Brazzaville en décembre 2004, mais n’avait ouvert son enquête qu’en mai 2007. Des poursuites initialement entamées par la République centrafricaine s’étaient soldées par un renvoi vers la juridiction internationale. Elles visaient non seulement Jean-Pierre Bemba, mais aussi le Français Paul Barril, ancien n°2 du GIGN, (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) qui était intervenu au Congo-Brazzaville à la tête d’une compagnie privée de sécurité.

Devant la Cour pénale internationale, le président du Mouvement de libération du Congo ne bénéficie pas de son immunité en qualité de sénateur. Un titre que Kinshasa contestait, depuis son départ du Congo, en juin 2007. L’homme d’affaires, licencié d’une école de commerce de Belgique, avait évolué dans le commerce comme son père, un proche de l’ancien président Mobutu Sese Seko.

En 2003, Jean-Pierre Bemba avait été accusé par les Nations unies d’avoir incité ses troupes au cannibalisme, mais les faits n’avaient jamais été étayés et en juin 2003, il devenait le vice-président du gouvernement de transition. A 45 ans, Jean-Pierre Bemba conservait son potentiel politique. Son arrestation dans une banlieue de Bruxelles intervient alors qu’une crise diplomatique a éclaté entre la Belgique et la République démocratique du Congo.

A écouter

Une victime de Jean-Pierre Bemba

«Nous les victimes, on attend la justice ! Je vais bientôt mourir. Avant que je ne meure, il faudrait que justice soit faite pour que je puisse mourir en paix !»

25/05/2008 par Carine Frenk

Béatrice Le Frapper du Hellen

Directrice de la Coopération internationale auprès du procureur de la CPI

« Pendant le conflit armé en République centrafricaine, Jean-Pierre Bemba et son groupe armé, le Mouvement de libération du Congo, ont mené une stratégie de violences et d'attaques contre les civils. »

25/05/2008 par Mouna El Banna