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Azerbaïdjan/Russie

Moscou tente de dominer le marché des hydrocarbures

Article publié le 04/07/2008 Dernière mise à jour le 04/07/2008 à 16:56 TU

Le président russe Dimitri Medvedev joue son va-tout pour tenter de séduire l’ancienne République soviétique d’Azerbaïdjan afin d’attirer son gaz vers la Russie. Au cours d’une visite officielle de deux jours à Bakou, il a abordé avec Ilham Aliev, son homologue azerbaïdjanais, le dynamisme des relations bilatérales et, en particulier, les questions d’énergie.

Le président russe, Dimitri Medvedev (G) rencontre son homologue azerbaïdjanais, Ilham Alien à Bakou, le 4 juillet 2008. (Photo : RFI/Bakou : Kamil Piriyev)

Le président russe, Dimitri Medvedev (G) rencontre son homologue azerbaïdjanais, Ilham Alien à Bakou, le 4 juillet 2008.
(Photo : RFI/Bakou : Kamil Piriyev)


De notre correspondant à Bakou
, Kamil Piriyev

Pour la première fois depuis l’éclatement de l’URSS, les deux pays ont qualifié leurs relations bilatérales « de partenariat stratégique » dans une déclaration commune signée par les chefs d’Etat. « Je suis entièrement satisfait des résultats de la rencontre. Nous avons discuté en détails de nos liens économiques et commerciaux », a déclaré Dimitri Medvedev. Pour sa part, le président Aliev, a ajouté qu’ils examinaient « de nouveaux projets dans le domaine des hydrocarbures qui peuvent avoir un intérêt mutuel ».

La Russie et l’Azerbaïdjan se sont mis d’accord pour commencer les négociations au niveau des experts sur les conditions d’achat par la Russie du gaz azerbaïdjanais. Le mois dernier, Alexeï Miller, le patron de Gazprom, avait proposé à Bakou 300 dollars pour 1000m3, soit un prix environ deux fois supérieur au gaz vendu aujourd’hui à la Géorgie et à la Turquie. Dimitri Medvedev est venu apporter son soutien entier à cette offre du géant gazier russe d’acheter son gaz à l’Azerbaïdjan au prix du marché européen.

Gazprom estime « tout à fait vraisemblable » la signature d’un accord avec la SOCAR, compagnie pétrolière nationale azerbaïdjanaise, pour l’achat du gaz dès 2009. Il envisage d’utiliser pour cela, à contre sens, un ancien gazoduc avec une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an reliant la Russie à l’Azerbaïdjan. Ce dernier pays avait décidé, en 2007, d’arrêter l’importation du gaz russe en raison de son prix très élevé (235 dollars /1000m3).

L’Azerbaïdjan est un fournisseur clé des pays occidentaux

Ilham Chaban, spécialiste des questions de l’énergie de l’agence Turan, ne partage pas cet optimisme de Gazprom. Selon lui, tout le gaz qui sera produit dans le cadre de la première phase d’exploitation du gisement en mer de Shahdeniz est déjà vendu. « La deuxième phase de ce champ ne démarrera qu’en 2013. D’ici là, l’Azerbaïdjan pourrait vendre, en cas d’accord commercial, une faible quantité de son gaz, de 0,5 à 1 milliard de mètres cubes par an à Gazprom et ce dans le but de minimiser la pression russe contre elle. Lors de la deuxième étape de Shahdeniz, la proposition de Gazprom pourrait faire concurrence au projet Nabucco. Mais quel sera le rapport des forces dans la région dans 5 ans, c’est difficile à dire », déclare-t-il.

La production azerbaïdjanaise de gaz devrait dépasser 27 milliards de mètres cubes cette année, contre 16 milliards en 2007, alors que le besoin interne du pays est d’un peu plus de 10 milliards. « Ce chiffre sera de 47,5 milliards de mètres cubes par an d'ici à 2015 avec la hausse de la production sur le gisement de Shahdeniz », avait annoncé le premier vice-président de la SOCAR, Khoshbakht Yusifzade.

L’Azerbaïdjan est un fournisseur clé des pays occidentaux qui souhaitent diversifier leur approvisionnement en hydrocarbures. Pour les analystes, malgré la proposition séduisante des Russes, cette ex-république soviétique ne changera pas sa politique énergétique, car Bakou ne souhaite pas détériorer ses relations solides avec les Etats-Unis. Mais il est évident que le Kremlin va essayer à tout prix de dissuader les pays de la région de chercher des voies alternatives d’acheminement vers l’Europe de leurs réserves gazières. D’autant plus que la prochaine escale pour Dmitri Medvedev est le Turkménistan, un autre Etat qui envisage également d’exporter une partie de son gaz via un futur gazoduc sous la mer Caspienne vers l’Azerbaïdjan puis l’Europe.