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France / Nucléaire

Un 2e EPR déjà très contesté

par Myriam Berber

Article publié le 04/07/2008 Dernière mise à jour le 04/07/2008 à 15:23 TU

Pour faire face à la crise énergétique, le président français Nicolas Sarkozy a annoncé, jeudi 3 juillet 2008 au Creusot, en Saône-et-Loire, la mise en chantier d’un second réacteur nucléaire de troisième génération EPR. Le premier est en cours de construction à Flamanville dans la Manche. Les écologistes dénoncent une décision coûteuse et dangereuse. Les groupes d’énergie, EDF et GDF-Suez se positionnent pour ce deuxième EPR.
Un militant du collectif d'action Stop EPR/THT occupe un pylône d'une ligne THT (très haute tension), le 27 juin 2008.(Photo : AFP)

Un militant du collectif d'action Stop EPR/THT occupe un pylône d'une ligne THT (très haute tension), le 27 juin 2008.
(Photo : AFP)

 « L’ère du pétrole bon marché, c’est fini. Le nucléaire est plus que jamais une industrie d’avenir et une énergie indispensable. L'électricité qui sort d'un EPR est 30% à 50% moins chère que l'électricité qui provient d'une centrale à gaz ou au charbon ». Le président français Nicolas Sarkozy a justifié ainsi la construction en France, d'un second réacteur nucléaire de troisième génération EPR. Les réactions des antinucléaires ne se sont pas fait attendre. Les écologistes dénoncent une décision aberrante : « les 3 milliards d’euros prévus pour sa construction seraient autrement plus intelligemment dépensés s’ils étaient dans les domaines des économies d’énergie et des énergies renouvelables, créateur de 11 à 15 fois plus d’emplois ».

Pour l’association Greenpeace, cette décision est « contraire aux engagements du Grenelle de l’environnement ». Rappelant que la feuille de route adoptée à l'automne dernier donnait la priorité absolue aux économies d'énergie et au développement des renouvelables, son responsable des campagnes, Yannick Jadot estime que  « la France est une république nucléaire comme d’autres sont des républiques bananières. La présidence française de l’Europe commence à peine, le lobby nucléaire est de nouveau aux manettes et le président français totalement disqualifié ». Les Verts dénoncent « un projet inutile et coûteux ». Quant au réseau Sortir du Nucléaire, il appelle à manifester contre ces projets, le 12 juillet prochain à Paris.

De nombreuses questions en suspens

L’EPR (European Pressurised water Reactor) est issu d'une technologie franco-allemande développée par le géant français de l’atome Areva. Comme la plupart des centrales nucléaires actuellement dans le monde, l’EPR utilise l’eau pressurisée pour véhiculer l’énergie dégagée par la réaction nucléaire. Plus puissant (1 650 mégawatts) que les réacteurs datant des années 1980, l'EPR est une centrale nucléaire qui produit 22% d’électricité en plus et 30% de déchets radioactifs en moins qu’un réacteur standard.

Il s’agira du second réacteur nucléaire de troisième génération EPR. A Flamanville dans le département de la Manche, le premier réacteur EPR français, dont le chantier a débuté en décembre 2007 sous la direction d'EDF, doit être mis en service en 2012. Reste de nombreuses questions en suspens. Où sera implantée la future unité ? Quand entrera-t-elle en service ? Et surtout qui sera chargé de l'exploiter ? Nicolas Sarkozy s’est contenté d’indiquer, jeudi, que la décision d’implantation de cette nouvelle centrale devait être prise « d’ici à début 2009 » pour pouvoir débuter le chantier en 2011.

Un partenariat entre Areva et ArcelorMittal

L’opérateur historique EDF s'est réjoui de la nouvelle d'un second EPR dans l'Hexagone et s'est dit prêt à s'engager dans le projet, disposant « en effet de sites potentiels d'implantation et des compétences reconnues ». Mais, l'électricien public pourrait se retrouver en concurrence avec GDF-Suez, dont la fusion doit être approuvée à la mi-juillet. Le futur groupe franco-belge GDF-Suez, a indiqué qu’il comptait devenir un constructeur et exploitant de centrales nucléaires à l’horizon 2015-2020. GDF-Suez a prévu de prendre une décision courant 2009 concernant l’implantation de centrales, leur nombre et la technologie utilisée.

L'annonce a été faite au Creusot car c'est sur ce site que le géant français du nucléaire Areva va investir pour fabriquer la totalité des pièces des réacteurs EPR. Nicolas Sarkozy a par ailleurs annoncé la signature d’un accord de partenariat entre Areva, et la filiale d’ArcelorMittal, Industeel. Cet accord prévoit qu’Areva investisse 70 millions d’euros au sien de l’aciérie du sidérurgiste luxembourgeois Industeel pour augmenter sa capacité à lui livrer des matériaux lourds et essentiels qui entrent dans la fabrication et le fonctionnement des centrales de type EPR. Aujourd'hui, 80% des pièces nécessaires à la fabrication d'un EPR peuvent être réalisées au Creusot. Dans l'avenir, elles le seront en totalité.