Colombie / Otages

Polémiques après la libération

par  RFI

Article publié le 05/07/2008 Dernière mise à jour le 05/07/2008 à 15:31 TU

Images de la libération des otages par l'armée colombienne.
(Photo : Reuters)

D'après la Radio suisse romande, le véritable scénario de l'opération qui a permis de libérer Ingrid Betancourt et 14 autres otages des FARC serait différent de la version officielle colombienne. La Radio Suisse Romande a parlé de rançon et de mise en scène. Les autorités colombiennes démentent ces accusations et font diffuser à la télévision des vidéos montrant les conditions de la libération des otages. 

D'après nos confrères suisses, qui disent se baser sur une source non identifiée, mais fiable selon eux, l'armée colombienne, ou plutôt les Etats-Unis présumés véritables bailleurs de fonds de l'opération, auraient en fait déboursé 20 millions de dollars pour acheter les gardiens des otages et mis en scène leur libération pour permettre au président Uribe de redorer son blason.

C'est l'épouse de l'un des rebelles, arrêtée puis réintroduite dans la jungle, qui aurait été l'agent de ce retournement. Le récit officiel, on s'en souvient, évoque lui une infiltration patiemment tissée par un espion militaire à la faveur des failles dans le système de communication des rebelles, puis une action héliportée spectaculaire qui aurait trompé les FARC.

Alors les FARC, consentants et payés pour ça, ou victimes d'une ruse? Les deux versions ne sont pas complètement contradictoires. Les détails donnés ce vendredi par le chef de l'armée colombienne, le général Padilla, mêlent en fait infiltration et retournement, sauf que le transfuge des FARC, dont les services ont en effet été vraisemblablement payés, ne serait pas un gardien direct des otages.

Les deux commandants du groupe qui surveillait Ingrid Betancourt et ses compagnons ont été eux capturés par l'armée. Le général Padilla maintient cependant l'ensemble de la version officielle.  

A Bogota on regrette qu'elle soit partie si vite

Entre la jungle et Paris, Ingrid Betancourt n’aura fait qu’une courte escale à Bogota. Ses compatriotes ne lui reprochent pas vraiment ce rapide départ, car ils savent qu’entre l’ex-otage et la France, il y a une grande histoire d’amour. Tout le monde ignorait avant son enlèvement qu’Ingrid avait la nationalité française, l’engagement du gouvernement français a donc surpris l’ampleur de la mobilisation des français aussi, mais Ingrid libre on comprend qu’elle ait voulu retrouver sa deuxième patrie. En privé, certains de ses proches regrettent ce départ jugé trop rapide, ils voudraient voir Ingrid reprendre du service sur la scène politique et craignent que les électeurs reprochent un jour à l’ex otage, adulée des français, de ne plus être vraiment colombienne. Dans les medias, on entendait des gens aujourd’hui se demander si elle n’allait pas décider de poursuivre sa carrière politique en France. Mais avant de partir Ingrid Betancourt a pris un rendez-vous en Colombie, elle a promis d’être là le 20 juillet pour participer à la grande manifestation contre les enlèvements. Marie-Eve Detoeuf (Bogota)