par Julie Lerat
Article publié le 12/07/2008 Dernière mise à jour le 12/07/2008 à 22:46 TU
Ce dimanche, 43 chefs d’Etat et de gouvernement seront réunis à Paris pour lancer le projet d’Union pour la Méditerranée. Pour le président français, c’est l’aboutissement d’un long processus de négociations avec les différentes parties. Le projet, initialement méditerranéen, concerne désormais l’ensemble de l’Union européenne.
Le Grand-Palais à Paris accueille le premier sommet de l'Union pour la Méditerranée dimanche 13 juillet 2008.
(Photo : wikipedia)
Le 7 février 2007, Nicolas Sarkozy, alors en pleine campagne électorale, proposait pour la première fois une « Union Méditerranéenne ». Une initiative qui devait redynamiser le « processus de Barcelone », né en 1995 et regroupant 10 pays de la Méditerranée ainsi que les 25 Etats membres de l’Union européenne. Douze ans après sa création, le processus de Barcelone n’avait enregistré que très peu de résultats, asphyxié par le conflit israélo-palestinien.
Réticences allemandes…
La proposition de Nicolas Sarkozy a été bien accueillie par les pays du sud de l’Europe et par quelques pays du sud de la Méditerranée. Mais outre-Rhin, la chancelière allemande, Angela Merkel, a très vite exprimé son désaccord, craignant que ce projet ne divise l’Europe : il prévoyait, dans sa forme initiale, d’intégrer uniquement les pays de l’Union européenne qui bordent la Méditerranée. Berlin a également exprimé ses réticences face à cette extension vers le sud, alors que les efforts allemands se tournaient vers l’est, avec les derniers élargissements.
De la société allemande pour la politique étrangère à Berlin.
« Il faut regarder de l'avant et définir les projets mais il n'y a pas de risques majeurs puisque ce sont des projets plutôt techniques, là on est d'accord des deux côtés du Rhin.»
… et turques
L’Union méditerranéenne a provoqué une levée de boucliers en Turquie, également, où l’initiative française a été perçue comme un moyen de contourner l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne. « C’est également dans la perspective de cette Union méditerranéenne qu’il nous faut envisager les relations de l’Europe et de la Turquie », avait en effet déclaré Nicolas Sarkozy. « La Turquie n’a pas sa place dans l’Union européenne parce qu’elle n’est pas un pays européen », avait ajouté le président français. Le Premier ministre Erdogan a hésité jusqu’à la dernière minute à participer au sommet de dimanche, cédant finalement après une conversation téléphonique avec Nicolas Sarkozy.
Retour dans le giron de l’Union européenne
En mars dernier, le président français a finalement accepté de revoir sa copie. Le projet est rebaptisé « Union pour la Méditerranée », et intègre désormais l’ensemble des pays de l’UE. En tout, 44 Etats y sont représentés. Une sorte de « processus de Barcelone bis », élargi, et qui, devant le risque de reproduire l’échec de son prédécesseur, choisit des priorités consensuelles.
Les projets : accent sur l’environnement
L’environnement est au cœur de l’Union pour la Méditerranée. Les objectifs fixés : dépolluer 80% de la Méditerranée d’ici à 2020, créer des « autoroutes de la mer » afin de fluidifier le trafic maritime, développer un « plan solaire » pour produire de l’électricité.
Une organisation encore à dessiner
Pour mettre en œuvre ses projets, l’Union pour la Méditerranée va se doter d’un secrétariat et d’une commission permanente composée d’une vingtaine de personnes. Ce dimanche, à Paris, les 44 pays représentés désigneront deux co-présidents, élus pour deux ans. Sans suspens, les présidents français et égyptien, Nicolas Sarkozy et Hosni Moubarak, devraient assumer cette première présidence. Restera à choisir le siège de l’organisation. Le président français n’a pas caché qu’il penchait pour Tunis. Mais au sein de l’Union européenne, le choix de la capitale tunisienne fait grincer des dents. Le symbole laisse perplexe, car la Tunisie est régulièrement accusée de bafouer les droits de l’homme.
Quel avenir pour l’Union pour la Méditerranée ?
Ce projet, porté par le président français, se concrétise alors que la France occupe la présidence tournante de l’Union européenne. Dans 6 mois, ce sera au tour de la République Tchèque, puis de la Suède de présider l’UE. Or, ces pays se sentiront sans doute beaucoup moins concernés par une coopération méditerranéenne. L’Union pour la Méditerranée pourrait alors connaître le même destin que le processus de Barcelone, dont il ne reste que des déclarations de bonnes intentions. Pour que l’Union pour la Méditerranée s’installe dans la durée, il faudra, enfin, mettre en place un système de financement des projets : l’Allemagne s’est jusqu’ici montrée réticente à financer le projet grâce aux seuls subsides de l’Union européenne.