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Géorgie / Russie / France

Un plan de paix en six points

Article publié le 12/08/2008 Dernière mise à jour le 12/08/2008 à 23:40 TU

La Russie et la Géorgie ont accepté un plan de paix proposé par la France, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, pour régler leur conflit, a déclaré le président français, Nicolas Sarkozy, à l'issue des entretiens avec son homologue géorgien, Mikheïl Saakachvili, mardi soir à Tbilissi. Le plan prévoit une cessation immédiate des combats et un retrait des forces militaires russes et géorgiennes sur les lignes antérieures à la guerre. Il prévoit également l'ouverture de discussions internationales sur le statut de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.  

Le président géorgien Mikheïl Saakachvili (g) a accueilli le président français Nicolas Sarkozy à son arrivée à l'aéroport de Tbilissi le 12 août.(Photo : AFP)

Le président géorgien Mikheïl Saakachvili (g) a accueilli le président français Nicolas Sarkozy à son arrivée à l'aéroport de Tbilissi le 12 août.
(Photo : AFP)

 
Le président français Nicolas Sarkozy, dont le pays préside l'Union européenne, est arrivé mardi soir à Tbilissi pour présenter à son homologue Mikheïl Saakachvil, un plan de paix négocié dans la journée avec les Russes. 

Avec notre envoyée spéciale à Moscou, Marina Mielczarek

L'entretien du président Nicolas Sarkozy avec son homologue Dmitri Medvedev devait initialement durer 20 minutes. Il aura pris un peu plus de 5 heures, puisqu’il a été suivi directement du déjeuner. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a assisté à ce déjeuner. Le Premier ministre, Vladimir Poutine était là, lui aussi, mais il n’est pas apparu en public.

La réunion a abouti à un texte en six points, qui comprend : la cessation des hostilités, l’accès libre à l’aide humanitaire, et le rétablissement de l’armée géorgienne dans ses lieux habituels de stationnement.

Au pupitre de la salle de presse, le président français a salué d’emblée, au nom de l’Union européenne, l’arrêt provisoire des hostilités. « Provisoire », le mot est lâché, puisqu'il le reconnaît lui-même : « Nous n'avons pas tout réglé, mais la nuit est longue, nous poursuivrons les discussions, jusqu'à ce que les parties en conflit se mettent d'accord ».

On a vu Nicolas Sarkozy gêné lorsque le président Medvedev a justifié l'offensive russe en qualifiant les Géorgiens de « fous, qui à la différence des gens normaux ont soif de sang et de violence ».

Néanmoins pour finir sur une touche  positive, le président français a insisté sur le principe  auquel l'Union européenne était attachée et avait obtenu à Moscou : l'intégrité territoriale de la Géorgie.



Moscou a ordonné la fin des opérations contre la Géorgie

Juste avant l'arrivée du président français à Moscou, la Russie a annoncé l'arrêt des hostilités contre la Géorgie. Un ordre qualifié « d'événement positif » par les Etats-Unis. Mais Washington reste sceptique sur l'arrêt des hostilités ordonné par le président russe. Condoleeza Rice, secrétaire d'Etat américaine, a répété que la Russie devait « vraiment cesser ses opérations militaires », appelant

toutes les parties à « cesser le feu ».

Le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a estimé que l'anonce de Moscou de l'arrêt de l'offensive était un « pas important mais insuffisant ». Le responsable de l'Organisation atlantique a indiqué que les perspectives pour la Géorgie d'une entrée, à terme, au sein de l'OTAN étaient maintenues.

Jaap de Hoop Scheffer

Secrétaire général de l'OTAN

«La Géorgie est un partenaire très respecté de l'OTAN, c'est un ami de l'OTAN.»

écouter 00 min 54 sec

12/08/2008 par Grégoire Lory


La Géorgie demande une « assistance militaire » à l'OTAN

Symboliquement, devant des dizaines de milliers de partisans rassemblés a Tbilissi, le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, a annoncé que son pays allait quitter la communauté des Etats indépendants (CEI) qui regroupe les anciennes républiques soviétiques, moins les pays baltes. Tbilissi a demandé une « assistance militaire » à l'OTAN, notamment pour remplacer son système de radars détruit par l'offensive russe.  

La Géorgie quitte la CEI

Avec notre envoyée spéciale à Tbilissi, Béatrice Leveillé

Devant son palais présidentiel encore en construction, le président Saakachvili, très pâle, s’est expliqué devant une poignée de journalistes internationaux. « Non, nous ne sommes pas des agresseurs, nous avons riposté à des attaques sur des villages géorgiens, en Ossétie du sud. L’invasion russe était planifiée ».

Il ne regrette pas d’avoir lancé une intervention militaire contre les Ossètes. « Nous n’avions pas le choix », affirme-t-il. Il regrette seulement que cette guerre ait fait des victimes civiles et militaires, dont il refuse pour l’instant de donner le nombre.

Il a confirmé que la Géorgie se retirait de la CEI, la Communauté des Etats Indépendants. « Un archaïsme postsoviétique », dit-il, qui ne sert plus à rien. « L’objectif des Russes est clair : ils veulent un changement de régime en Géorgie. Ce n’est pas mon poste qui est en jeu, mais il s’agit de mettre fin à un régime démocratique ».

La Géorgie est le pays le plus avancé dans la région et Mikheïl Saakachvili a encore le soutien de son peuple, même si certains ne cachent que son sort devra être discuté, après la résolution du conflit.


Les Géorgiens soutiennent leur gouvernement

«Même les opposants au président Saakachvili étaient sur la place du Parlement pour soutenir leur gouvernement.»

écouter 01 min 09 sec

12/08/2008 par Béatrice Leveillé


La Russie souhaite le départ de M. Saakachvili

L'avenir du président géorgien et de son gouvernement n'a pas été abordé, officiellement du moins. Pourtant, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a clairement fait savoir que « ce serait mieux » si le président Saakachvili « partait ».

Mikheïl Saakachvili politiquement affaibli

«Si politiquement le président Géorgien semble encore soutenu par sa population, il est en revanche terriblement affaibli sur la scène internationale.»

écouter 00 min 43 sec

12/08/2008 par Régis Genté


Sur le terrain en tout cas la situation est toujours très confuse. Tbilissi affirme que les russes continuaient mardi après-midi de bombarder des villages géorgiens, alors que les troupes russes affirment subir de leur coté des tirs sporadiques.

Les forces géorgiennes ont par ailleurs indiqué qu'elles s'étaient retirées des gorges de Kodori en Abkhasie. Dans l'après-midi, les autorités géorgiennes ont également affirmé que l'oléoduc BTC, qui traverse la Géorgie au Sud avait été bombardé par l'aviation russe. Moscou a démenti que ce pipeline ait constitué une cible.

Selon un nouveau bilan annoncé mardi soir par le ministre géorgien de la Santé, Alexandre Kvitachvili, 175 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées côté géorgien dans le conflit entre Tbilissi et Moscou. De son coté, la Russie parle de 1 600 civils tués par les troupes géorgiennes, lors de leur offensive en Ossétie du Sud. Lle Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies indique qu'au moins 100 000 personnes ont été déplacées.

André Mahecic

Porte-parole du Haut Commissariat aux réfugiés

« Les officiels russes en Ossétie du Nord font état de quelque 30 000 réfugiés originaires de l'Ossétie du Sud, présents dans la Fédération de Russie. »

écouter 00 min 57 sec

12/08/2008 par Patrick Adam

Les pays européens ont évacué leurs ressortissants. Un avion, dépêché par le gouvernement français à Tbilissi, a atterri mardi matin à Paris avec 261 personnes à son bord, dont une grande majorité de touristes français. Parmi eux, Nicolas, étudiant, qui était allé rendre visite à sa famille.

Témoignage de Nicolas

Etudiant français rapatrié de Géorgie

«Il faut absolument que les Russes comprennent qu'ils sont en train de faire du mal à la Géorgie et aux Géorgiens.»

écouter 00 min 37 sec

12/08/2008 par Sylvie Koffi

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