par RFI
Article publié le 14/08/2008 Dernière mise à jour le 15/08/2008 à 04:41 TU
Les chars russes dans la ville de Gori proche de la République séparatiste d'Ossétie du Sud mais située en Géorgie.
(Photo : Reuters)
Difficile de savoir ce qu'il se passe en Géorgie, surtout à Gori. Encore une fois les communiqués et les annonces de Tbilissi et Moscou se suivent et se contredisent. Selon la Géorgie, les forces armées russes sont de retour dans le port de Poti et elles refusent de partir de Gori, la grande ville située à côté de l'Ossétie du Sud. Toute la journée d'hier, Russie et Géorgie se sont mutuellement accusées de violer le cessez-le-feu. Le point de la situation au matin du 14 août.
Le cessez-le-feu instauré entre la Géorgie et la Russie reste fragile. Il était prévu hier que les Russes quittent la Géorgie, ce qui n’a apparemment pas été le cas.
Les tensions se concentrent dans la ville de Gori, proche de la République séparatiste d'Ossétie du Sud, mais située en Géorgie.
Selon notre envoyée spéciale Béatrice Leveillé, des policiers géorgiens se sont dirigés vers Gori pour en reprendre le contrôle ce matin. Mais ces derniers se sont arrêtés à quelques kilomètres de la ville.
Selon le ministère de l'Intérieur géorgien, « les Russes, qui ont affirmé toute la nuit qu'ils quitteraient la ville, ont finalement changé d'avis ». Les forces géorgiennes ont arrêté leur avancée vers Gori pour éviter des accrochages avec l'armée russe.
Notre envoyée spéciale confirme la présence de blindés russes à l'entrée de la ville. Présence également de miliciens pro-russes. Ces derniers ont tiré en l'air, provoquant une panique parmi les journalistes et les officiels présents à ce moment-là.
Autre point de tension: le port de Poti, situé à l'ouest de la Géorgie sur la mer noire. D'après un employé du port contacté par téléphone par l'Agence France presse, des chars d'assaut russes sont entrés dans la ville ce matin et ils se dirigent vers une ancienne base militaire.
Envoyée spéciale
« On s'est arrêtés à 4km à peu près de l'entrée de Gori et les militaires (géorgiens) ont fait demi-tour et sont repartis dans l'autre sens, (...) donc la situation est extrêmement tendue, je dirais, là-bas. »
La diplomatie toujours active
Reçus ce matin à Moscou par Dmitri Medvedev, les présidents d'Abkhazie et d'Ossétie ont signé le plan de paix. Le Kremlin annonce qu'il « soutiendra et garantira » toute décision de leur part.
Hier George Bush a exprimé son « indéfectible soutien » au président géorgien. Le président américain dépêche Condoleezza Rice à Tbilissi. En chemin, la secrétaire d'Etat s'arrêtera au fort de Brégançon en France, sur le lieu de vacances du président Nicolas Sarkozy pour discuter avec lui de la situation dans le Caucase.
Malgré les réserves de la Pologne et des Etats baltes, le texte de l'accord de paix a été validé hier à Bruxelles. Restent deux étapes : le transformer en résolution de l'ONU et envoyer sur le terrain des « moniteurs de la paix ». Sur le plan économique, la firme pétrolière BP rouvre son gazoduc Azerbaïdjan / Turquie en revanche l'oléoduc Azerbaïdjan / Géorgie reste lui fermé.
Situation toujours très tendue
Les chars russes ne sont pas encore partis de Gori. Mais ils pourraient quitter la grande ville toute proche de l'Ossétie demain. C'est du moins ce qu'affirme l'Ambassade de France à Tbilissi.
Ambassadeur de France en Géorgie.
« Les gens sont d'abord dans leur famille, auprès de leurs proches et chacun se serre la ceinture pour accueillir ceux qui sont en difficulté. Donc, il n'y a pas de grand camp de réfugiés. »
A cela s'ajoute l'inquiétude du représentant de l'ONU pour les personnes déplacées. Selon lui, les ONG ne peuvent pas accéder aux blessés et aux personnes déplacées dans les zones sinistrées. Un autre représentant de l'ONU, cette fois-ci en Géorgie, affirme que des employés des Nations unies ont été menacés par des hommes armés à Gori et leurs véhicules volés.
Chaque partie campe donc sur ses positions bien qu'un fragile cessez-le-feu ait été négocié. La Russie a plusieurs fois mis en cause l'attitude de Mikheïl Saakachvili, mais dans un élan de patriotisme, nombreux sont les Géorgiens qui renouvellent leur confiance à leur président.
Ambassadeur de Géorgie en France.
« C'est parce qu'une centaine de chars russes ont franchi la frontière que nous avons décidé de répondre. »
« Saakachvili paraît être une personne très émotionelle, très irrationnelle peut-être, mais d'ici nous voyons un homme qui sait ce qu"il faut faire dans le pays pour pouvoir se rapprocher des pays démocratiques. »