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Géorgie

Saakachvili signe l'accord de cessez-le-feu

Article publié le 15/08/2008 Dernière mise à jour le 16/08/2008 à 09:27 TU

Le président Mikheïl Saakachvili a signé ce vendredi l'accord de cessez-le-feu avec Moscou. L’annonce a été faite à l’issue de son entretien avec la secrétaire d’Etat américaine en visite à Tbilissi. Mais le président géorgien prévient : il ne cèdera pas « un seul kilomètre carré » de son territoire. Pour sa part, Condoleezza Rice a été claire : elle veut que Moscou retire « immédiatement » l'ensemble de ses troupes déployées en Géorgie. Elle juge nécessaire l'envoi en Géorgie d'une « force internationale de maintien de la paix impartiale ». Un convoi de dix blindés russes a avancé vendredi en territoire géorgien à partir de la ville stratégique de Gori, dans le centre du pays, et s'est arrêté à 40 km de Tbilissi. Deux avions de transport militaire américains sont attendus ce samedi à Tbilissi avec une aide humanitaire. De son côté, le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés estime à 118 000 le nombre de personnes déplacées par le conflit.

Le président géorgien Mikheïl Saakachvili et la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, lors de la conférence de presse à Tbilissi, le 15 août 2008.(Photo : AFP)

Le président géorgien Mikheïl Saakachvili et la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, lors de la conférence de presse à Tbilissi, le 15 août 2008.
(Photo : AFP)


Avec notre correspondant à Tbilissi, Régis Genté

Après cinq heures de discussions avec le chef de la diplomatie américaine, Mikheïl Saakachvili a signé l’accord.de cessez-le-feu. Mais c’est après un long réquisitoire contre l’Occident et notamment l’Europe que le président géorgien en a fait l’annonce : « Les Russes ont méthodiquement  attaqué le territoire géorgien étape par étape depuis des mois et à chaque fois les Etats européens sont restés sans réaction », a-t-il déclaré.

Pour Mikheïl Saakachvili, ce qui vient de se passer en Géorgie, est un nouveau Munich ou un nouveau « 1921 », année où l’Union soviétique a envahi la première République indépendante de Géorgie.

Visiblement très en colère, Mikheïl Saakachvili a mis en garde la communauté internationale contre l’attitude agressive de la Russie qui ne manquera pas de récidiver. « Tout ce qui est neuf, tout ce qui est moderne, tout ce qui est civilisé, a-t-il dit, les Russes le détruisent systématiquement ».

De son côté, la secrétaire américaine Condoleeza Rice a appelé la Russie à respecter son engagement vis-à-vis du plan de paix établi cette semaine par la médiation européenne.

Condoleezza Rice

Secrétaire d'Etat américaine

« Toutes les troupes russes ainsi que les forces paramilitaires et irrégulières qui sont entrées avec elles doivent immédiatement partir. »


Condoleeza Rice appelle à l’envoi d’une mission de paix internationale et impartiale. Jusqu’à présent, c’est la Russie qui assumait cette « mission de paix » entre la Géorgie et ses deux régions séparatistes que sont l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.

Isabelle Facon

Spécialiste de la Russie à la Fondation pour la Recherche stratégique à Paris

« La Russie a toujours été vue, et à juste titre, comme un médiateur quelque peu ambigu puisqu'elle n'a pas cessé de contribuer, par diverses mesures, au détachement progressif de ces deux territoires. »

écouter 01 min 15 sec

16/08/2008 par Marina Mielczarek


Un peu plus tôt, le président américain George Bush avait, lui aussi, haussé le ton en mettant en garde Moscou contre la confrontation et l'isolement. Mais on retiendra surtout son refus de toute relation « conflictuelle ».

George W.Bush refuse toute relation «conflictuelle» avec Moscou

Président américain

« Par ses actions de ces derniers jours, la Russie a entamé sa crédibilité et ses relations aves les nations du monde libre. »

 
Un convoi de blindés russes à 40 Km de Tbilissi

Reportage de l'envoyée spéciale de RFI en Géorgie, Béatrice Leveillé :

Des chars russes à 40 Km de Tbilissi

« Un convoi de 10 blindés russes a avancé de plus de 30 km et s'est arrêté à 40 km de la capitale géorgienne.. »

écouter 00 min 54 sec

15/08/2008 par Béatrice Leveillé

L'accord permet à Moscou de maintenir ses troupes

Moscou avait promis de retirer ses troupes du pays ce vendredi mais des blindés russes ont circulé en Géorgie dans la journée. La colonne de chars qui était entrée dans le pays jeudi soir s'est divisée en trois, se répartissant dans des directions différentes : au nord-ouest, à l'est et à l'ouest.

Selon Moscou, il s'agirait de préparer le retrait des soldats russes. Pourtant, des chars sont toujours stationnés non loin des grandes villes. A Gori, notamment, où le conflit a fait rage, aucun soldat russe n'était visible vendredi, mais des blindés étaient stationnés à quelques kilomètres du centre-ville, sur la route en direction de l'Ossétie du Sud.

Si la Russie avait prévu de se retirer dès vendredi, un point de l'accord de cessez-le-feu lui permet de maintenir ses troupes. En effet, il prévoit que Moscou puisse mettre en oeuvre des « mesures additionnelles de sécurité » en attendant le déploiement d'observateurs internationaux.

C'est sans doute ce qui explique l'insistance de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice au sujet de l'envoi de ces observateurs. Un moyen de pousser les forces russes à quitter la Géorgie. Et d'obtenir enfin des négociations. Des négociations que le président géorgien Mikheïl Saakachvili refuse tant que son territoire est occupé.


Angela Merkel rencontre Medvedev à Sotchi

La chancelière allemande, Angela Merkel, a rencontré le président russe, Dmitri Medvedev, ce vendredi à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie. Elle a insisté sur le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la Géorgie. Elle juge « disproportionnée » la réaction à l’offensive géorgienne en Ossétie du Sud. Réponse du président russe : Moscou ne veut pas d'une détérioration des relations avec les Occidentaux. 

La Russie ne veut pas de détérioration de ses relations avec les Occidentaux et l'Allemagne figure parmi les pays européens qui entendent continuer à traiter avec le partenaire russe, même s'il ne faut pas en perdre son esprit critique. Angela Merkel a ainsi défendu l'intégrité territoriale de la Géorgie tout comme la légitimité du président géorgien avec qui on doit parler et négocier. Au contraire de Dmitri Medvedev qui juge peu probable qu'Abkhazes et Ossètes du Sud puissent continuer à vivre dans un même état avec les Géorgiens et qui ne cache pas la préférence de Moscou pour un nouvel interlocuteur à Tbilissi.

A plus long terme la question de l'Alliance atlantique est toujours conflictuelle. La chancelière allemande, qui s'est opposée en avril dernier à une adhésion rapide de la Géorgie à l'OTAN, estime que le principe même d'un élargissement de l'Alliance atlantique reste valable. Tandis que les Russes, via notamment leur ambassadeur à l'ONU, persistent dans leur opinion qu'il s'agit là d'une erreur. Si l'Allemagne tente de jouer un rôle dans la stabilisation de la région, la Russie entend rester garante de ce qu'elle appelle la sécurité dans le Caucase. 

Sur le même sujet

A écouter

Stéphane Auberty

Membre du Haut Commissariat aux Réfugiés à Tbilissi

« On ne peut toujours pas aller à Gori pour des questions de sécurité. (...) Le gouvernement est en train de faire des listes pour vérifier le nombre de personne. »

15/08/2008 par Marina Mielczarek

Jean-Marie Fardeau, directeur du bureau parisien de Human Rights Watch

Les bombes à sous-munitions utilisées par l'armée russe

« Ces bombes ne sont pas précises dans leurs cibles mais elles sont faites pour saturer une surface et blesser ou tuer tous les gens qui sont dans un périmètre très large. »

15/08/2008 par Marina Mielczarek

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