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Géorgie/Russie

L’envoi d’observateurs internationaux en suspens

par Julie Lerat

Article publié le 18/08/2008 Dernière mise à jour le 18/08/2008 à 20:36 TU

Les Etats-Unis n'ont pas vu de retrait significatif des forces russes de Géorgie, a affirmé un responsable américain : ce retrait devait commencer lundi à la mi-journée. L'OSCE pour sa part n'envoie pas d'observateurs supplémentaires sur le terrain, la Russie n'en veut pas. Relayant le contenu de la réunion de Vienne à ce sujet, Bernard Kouchner le ministre français des Affaires étrangères, a évoqué les difficultés pour l’Union européenne et l’OSCE à négocier l’envoi de ces renforts, pourtant prévu pour cette semaine. Les deux organisations s’étaient réunies la semaine dernière et espéraient envoyer rapidement des observateurs militaires afin de surveiller l’application du cessez-le-feu signé par Moscou et Tbilissi.
Bureau de l'OSCE à Tskhinvali. La Mission de l'OSCE en Géorgie existe depuis 1992. Elle fut créée en réponse aux conflits armés qui sévissaient dans le pays.(Photo: OSCE)

Bureau de l'OSCE à Tskhinvali. La Mission de l'OSCE en Géorgie existe depuis 1992. Elle fut créée en réponse aux conflits armés qui sévissaient dans le pays.
(Photo: OSCE)

Les choses avaient été enclenchées déjà la semaine dernière. Mercredi, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne s’étaient dit prêts à envoyer des observateurs en Géorgie, afin de surveiller l’application du plan de paix signé par Tbilissi et Moscou, sous les auspices de la présidence française de l’Union européenne. Jeudi, à Vienne, les pays membres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avaient approuvé à leur tour l’envoi de 100 observateurs supplémentaires en Géorgie. L’accord de principe avait été obtenu sans difficultés au sein de l’organisation, qui disait simplement attendre des instructions de Moscou.

Mais ce lundi, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a déclaré que les Russes n’étaient « pas enclins à accepter » l’envoi d’observateurs supplémentaires de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Lui, qui pensait pouvoir annoncer dans la journée l’envoi d’observateurs de l’OSCE, a dû avouer devant la presse que les discussions à l’OSCE se faisaient avec « difficulté ». Au cours d’une réunion de l’organisation, la Russie a émis une contreproposition sur les modalités du déploiement d’observateurs supplémentaires qui risque de retarder l’issue des débats.

Moscou fait machine arrière

Loin de se montrer hostile à la présence d’observateurs internationaux, la Russie avait appelé ce samedi, par la voix de son président Dmitri Medvedev, à l’installation d’une mission de l’OSCE sur le territoire d’Ossétie du sud – au lieu du simple bureau de Tskhinvali. Evoquant une « catastrophe humanitaire » dans la province séparatiste, le président russe avait expliqué que son pays ne serait jamais un « observateur passif » de la situation dans le Caucase, et avait donc invité l’OSCE à jouer les médiateurs.

Cette position pouvait surprendre, tant les relations entre Moscou et l’OSCE sont difficiles - la Russie n’apprécie pas que l’organisation intervienne dans l’espace postsoviétique. « Le fait que la Russie ait envisagé la création d’une mission de l’OSCE était l’un des rares signes d’ouverture de la part de Moscou, explique Isabelle Facon, spécialiste des politiques de sécurité et de défense russes à la Fondation pour la recherche stratégique. Malgré tout, les Russes laissaient jouer à l’OSCE et à l’Union européenne un rôle de médiation. C’était une ouverture par rapport à une attitude globalement intransigeante de la Russie ». En refusant l’envoi de nouveaux observateurs internationaux, Moscou semble donc se replier sur ses positions initiales, et rend les négociations futures plus difficiles. Sur le terrain, les choses sont donc gelées pour l’instant.

Sur le terrain aujourd’hui

A la suite du conflit de 1992 en Ossétie du Sud, un accord a été signé entre la Géorgie et la Russie. Il prévoyait l’envoi de forces de maintien de la paix composées de troupes russes, géorgiennes, et ossètes, de 500 hommes chacune. Une commission trilatérale a également été créée afin de décider du statut futur de l’Ossétie du Sud. Mais en février 2006, alors que de vives tensions agitaient les relations russo-géorgiennes, le Parlement géorgien a décrété la fin de la mission de maintien de la paix dans la zone du conflit. Depuis cette décision, les actions russes en Ossétie du Sud sont qualifiées « d’interventions ». Pourtant, les forces russes de maintien de la paix ont été maintenues sur le terrain, à la demande de Tskhinvali.

Environ 150 observateurs de l’OSCE sont présents en Géorgie. L’organisation a un mandat en Ossétie du Sud depuis la fin du conflit, en 1992. Elle était chargée, au départ, de promouvoir et d’encourager les négociations entre les différentes parties au conflit. Mais son mandat de trois mois a rapidement été étendu. L’organisation est habilitée à intervenir dans de nombreux domaines : réhabilitation des infrastructures, lutte contre le terrorisme et le crime organisé, entretien de contacts avec les commandements militaires concernés, enquêtes sur les violations du cessez-le-feu et maintien d’une présence visible sur le terrain. Le siège de la mission de l’OSCE est basé à Tbilissi, mais un bureau a également été ouvert à Tskhinvali, la capitale de l’Ossétie du Sud.

En Abkhazie, c’est l’ONU qui dirige une mission d’observation. Deux observateurs de l’OSCE sont détachés sur place pour assurer une coordination entre les deux organisations, mais l’essentiel du personnel est fourni par la Mission d’observation des Nations unies en Géorgie (MONUG), soit 130 observateurs militaires et 15 policiers. Depuis octobre 2006, des forces russes de maintien de la paix sont également présentes sur le terrain, dans la vallée de Kodori - Tbilissi ayant autorisé leur déploiement aux côtés des observateurs des Nations unies.

L’Ossétie du Sud refuse la présence d’observateurs

Le président sud-ossète, Edouard Kokoïty a affirmé qu’il n’accepterait « plus jamais » d’observateurs internationaux sur son territoire, mais il s’est prononcé en faveur d’une présence militaire russe permanente. « Nous demanderons aux dirigeants de la Fédération russe qu'il y ait une base militaire russe sur le territoire d'Ossétie du Sud parce que des citoyens russes vivent ici », a-t-il déclaré. Avant le conflit, des observateurs de l’OSCE étaient présents dans la province séparatiste. Mais ils ont fui au début des hostilités. Le président Kokoïty les a accusés d’être partiaux et d’avoir « fui comme des traitres avant même les premiers coups de feu ». A plusieurs reprises, pendant le conflit, il a déclaré que les habitants d’Ossétie du Sud ne feraient confiance qu’à la Russie.

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