par Heike Schmidt
Article publié le 21/08/2008 Dernière mise à jour le 22/08/2008 à 06:29 TU
Sous la protection des soldats russes, Ossètes et Abkhazes osent le pas décisif : en duo, les deux républiques séparatistes ont orchestré leur volonté de se séparer de la Géorgie. Ce jeudi, 21 août, elles ont solennellement demandé à la Russie et à la communauté internationale de reconnaître leur indépendance. Moscou voit l’initiative unilatérale d’un œil attentif et plutôt positif : lundi, 25 août, le Parlement russe devrait examiner la requête.
Le président sud-ossète Edouard Kokoïty lors d'un rassemblement à Tskhinvali, le 21 août 2008.
(Photo : AFP)
Sur l’estrade, des drapeaux ossètes blanc-rouge-jaune flottent à côtés des drapeaux russes. Les autorités ont convoqué un « rassemblement populaire », ce jeudi après-midi à Tskhinvali, la capitale de l’Ossétie du Sud. Devant la foule, le président ossète, Edouard Kokoïty, demande une minute de silence « à la mémoire des héros, de nos frères et de nos sœurs sauvagement tués par un agresseur sanguinaire », avant de lancer un appel patriotique : « Nous avons mérité de vivre dans une république libre », s’exclame-t-il en dénonçant le « génocide » dont le peuple d’Ossétie du Sud a été la cible, selon lui.
A chaque fois que le leader séparatiste prononce le mot « indépendance », les manifestants l’applaudissent, mais aussi à chaque fois qu’il remercie la Russie pour son intervention. En lettres blanches sur fond rouge, une banderole accrochée par les organisateurs proclame « l’union indestructible avec la Russie ». Au nom de la Russie, Svetlana Orlova, une responsable de la distribution de l’aide humanitaire, s’adresse aux manifestants : « Chers Russes, courageux habitants de l’Ossétie du sud, toute la Fédération de Russie vous soutient ».
Ossétie du Sud : un millier de manifestants acclame le président
La manifestation n’a rien de spontanée. La veille, au milieu des blindés russes, des voitures de police avaient sillonné les rues de Tskhinvali avec leurs mégaphones lançant l’appel au peuple: « Appel à tous ceux que le destin de la patrie ne laisse pas indifférents à se rendre demain à 15 heures sur la place du Théâtre pour dire oui à l’indépendance ». Finalement, un millier de personnes se presse sur la place pour acclamer le président. Un soutien populaire dont les autorités ont besoin pour appuyer leur demande d’indépendance qu’ils ont adressée à la Russie, la CEI (ex-URSS moins les pays baltes et depuis quelques jours la Géorgie) et la communauté internationale.
Le président ossète peut compter sur la population, unie derrière lui pour couper les ponts avec la Géorgie. Les bombardements n’ont fait que renforcer la fibre patriotique des Ossètes du Sud. Les habitants de Tskhinvali, cette ville devenue la cible d’une offensive de l’armée géorgienne dans la nuit du 7 au 8 août, clament sans détour leur souhait de se séparer une fois pour toute de la Géorgie. « Il faut quitter la Géorgie, on ne peut plus vivre ensemble », disent les habitants d’un immeuble qui a été endommagé par les bombes de l’armée géorgienne. « Ils sont venus pour nous détruire », lancent les victimes de l’attaque, en affirmant haut et fort que le président géorgien « Mikheïl Saakachvili est pire qu’Hitler, c’est un fasciste ». Pour eux, il n’y a pas l’ombre d’un doute : leur peuple a été victime d’une tentative de « génocide ». Ici, les soldats russes sont considérés comme des héros qui ont « sauvé » la population grâce à leur intervention militaire.
Abkhazie : un vote à main levée
L’indépendance, c’est aussi le mot d’ordre plus à l’ouest, au bord de la mer Noire en Abkhazie, l’autre république séparatiste pro-russe. Sur la place centrale de la capitale, Soukhoumi, des dizaines de milliers de personnes ont voté lors d’un « congrès national » à la main levée en faveur d’un divorce avec la Géorgie. Déjà la veille, le Parlement avait adopté à l’unanimité un appel du président abkhaze, Sergueï Bagapch, demandant l’indépendance de la république autoproclamée. D’ailleurs, pour M. Bagapch, les forces russes doivent rester sur le territoire pour faire face « à la menace toujours grande d’une agression géorgienne ».
Les deux chambres du Parlement russe pourraient examiner les demandes de reconnaissance des Abkhazes et Sud-Ossètes dès lundi, 25 août. Le président du Conseil de la Fédération, Sergueï Mironov, a en effet affirmé que la Chambre haute du Parlement était « prête à reconnaître le statut d’indépendance » aussi bien de l’Ossétie du Sud que celui de l’Abkhazie.
La Géorgie a lancé, ce jeudi, un avertissement à ses républiques séparatistes. «La Russie est le dernier pays au monde à souhaiter une véritable indépendance abkhaze et ossète », a dit le secrétaire du Conseil de sécurité géorgien, Alexandre Lomaïa, dénonçant le risque de « colonisation » de ces territoires par la Russie.
A écouter
« L'Ukraine l'a réaffirmé, elle doit à tout prix rejoindre un système de défense intégrée, c'est à dire l'OTAN, pour garantir l'intégrité de son territoire. »
21/08/2008 par Camille Magnard