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Russie / Géorgie

Dégâts économiques collatéraux

par Francine Quentin

Article publié le 22/08/2008 Dernière mise à jour le 24/08/2008 à 05:27 TU

Pour la Russie, l'intervention en Géorgie s'est avérée facile sur le plan militaire, mais elle a des conséquences économiques beaucoup plus mitigées. Les capitaux étrangers ont fui depuis le début de la crise. Premières victimes : les entreprises russes.

Le président Dmitri Medvedev recevra les acteurs économiques russes dès le mois prochain.(Photos : Reuters)

Le président Dmitri Medvedev recevra les acteurs économiques russes dès le mois prochain.
(Photos : Reuters)

Les responsables économiques et financiers de la Russie sont inquiets. Les capitaux étrangers ont quitté la Russie dès le début de la crise, ce qui, à court terme, a des répercussions immédiates sur les réserves de change, qui ont fondu, et la bourse de Moscou, qui a plongé. Du coup, les grandes entreprises russes qui ont des activités à l'international vont avoir du mal à se financer sur les marchés mondiaux de capitaux. Les banques russes à qui on fait payer plus cher l'argent frais qu'elles collectent à l'extérieur ont été contraintes de relever les taux d'intérêts des prêts qu'elles accordent. Cela risque de pénaliser la croissance russe déjà en perte de vitesse.

Mais, à plus long terme, les entreprises russes risquent aussi de payer la réprobation de la communauté internationale face à l'intervention en Géorgie. Le Premier ministre canadien Stephen Harper a laissé entendre que des contrats avec la Russie pourraient être compromis en raison de l'attitude de Moscou dans la crise en Géorgie. Gazprom a conclu en mai dernier avec les sociétés canadiennes Gaz métro et Enbridge, ainsi que le français Gaz de France, un accord sur un projet de construction de terminal méthanier à Rabaska sur le Saint-Laurent, dans la banlieue de Québec. Cette crise est donc en train de révéler une certaine vulnérabilité de la Russie aux mouvements de capitaux étrangers.

Néanmoins pour Georges Sokoloff, spécialiste de la Russie au CEPII, le Centre d’études prospectives et d’informations internationales, il convient de relativiser quelque peu les conséquences de cette désaffection, probablement momentanée,  des investissements internationaux.  On évalue de 16 à 17 milliards de dollars, en une semaine, la perte de réserves en change enregistrée par la Russie. C’est beaucoup, c’est même le mouvement de fuite de capitaux le plus important de ces dernières années. Mais, souligne Georges Sokoloff, c’est peu au regard  des 500 milliards de dollars de réserves de change totales de la Russie.

La bourse des valeurs de Moscou a également reculé

La situation touche au premier chef les entreprises russes dont la particularité est de se financer, en priorité, sur les marchés financiers extérieurs, plutôt qu’en faisant appel à l’épargne nationale. Cela essentiellement en raison de la faiblesse du système bancaire russe et des taux d’intérêts élevés que ces banques nationales pratiquent du fait de l’inflation russe. Premières exposées, les grandes entreprises russes sont aussi celles dont les dirigeants ont manifesté leur préoccupation auprès du président Dmitri Medvedev. Celui-ci a promis de les recevoir au Kremlin en septembre afin d’examiner la situation.  

Faut-il pour autant s’attendre à un ralentissement de la croissance russe ? Cette crise vient au mauvais moment car la Russie commence elle-aussi à sentir les effets de la crise financière mondiale liée aux crédits immobiliers à risque des Etats-Unis. Mais là encore, pour Georges Sokoloff, sauf aggravation sensible de la situation dans le Caucase, la croissance russe devrait se maintenir en 2008 à 7 ou 7,5% d’augmentation du PIB.

Georges Sokoloff

Conseiller au CEPII, Centre d'études prospectives et d'informations internationales

« Les entreprises russes se financent beaucoup plus sur le marché international que sur le marché domestique. Et par conséquent ce sont elles qui sont les premières exposées. »

écouter 00 min 51 sec

23/08/2008 par Francine Quentin


Coup d'arrêt brutal du tourisme géorgien

Le conflit avec la Russie a mis un coup d'arrêt brutal et inattendu au tourisme géorgien. Or, le secteur touristique était en plein développement ces dernières années.

Destination de vacances préférée de la Nomenklatura pendant la période soviétique, puis désertée dans les années 90, la Géorgie avait commencé à faire son apparition dans les catalogues des agences de voyages des pays occidentaux au cours des cinq dernières années.

Le conflit engagé avec la Russie depuis le 8 août remet tout en cause. Les touristes ont fui et ceux qui devaient venir ont annulé. Et pourtant le tourisme géorgien était bien parti. De 55 000 touristes étrangers en 2003, la Géorgie passait à 194 000 visiteurs en 2007.

L'année 2008 annonçait un excellent cru avec déjà 117 000 touristes étrangers sur les six premiers mois de l'année. La Géorgie bénéficie à la fois de l'atout balnéaire de la mer Noire, d'un environnement montagneux et d'une architecture religieuse originale.

Le gouvernement géorgien a déjà npromis aux professionnels du tourisme de lancer, dès la fin du conflit, une vaste campagne de marketing à l'étranger afin de valoriser un pays qui attire depuis quelques semaines l'attention du monde entier.