Article publié le 28/08/2008 Dernière mise à jour le 28/08/2008 à 20:15 TU
Avec notre correspondant à Moscou, Alexandre Billette
Le 28 août 2008 à Tbilissi, funérailles de soldats géorgiens tués dans le conflit d'Ossétie du Sud.
(Photo: Reuters)
La Russie semble faire le grand écart entre la recherche de soutiens internationaux et sa diplomatie plutôt cinglante face à l’Occident.
Ce jeudi, le président Dmitri Medvedev a tenté de trouver des appuis à l’Est, plus précisément au sein des Etats membres de l’Organisation de Shanghai, qui réunit la Russie, la Chine et les pays d’Asie centrale.
Mais la réponse a somme toute été plutôt froide : « Nous soutenons le rôle actif de la Russie », annonce le communiqué final, mais aucune mention n’est faite des deux Républiques séparatistes reconnues par Moscou.
Chercheur et directeur de l'Asia Centre
« Les dirigeants d'Asie centrale ont jugé (...) que c'était un précédent particulièrement dangereux pour eux que cette logique implacable d'indépendance de micro-Etats dans lequel la Russie s'engage aujourd'hui. »
Bref, pas de soutien fort, et au même moment, la diplomatie russe poursuit son bras de fer avec l’Europe.
Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que son homologue français, Bernard Kouchner, « avait l‘imagination malade » en évoquant une éventuelle attaque russe contre l’Ukraine.
Et le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, accuse, lui, les Etats-Unis d’avoir interféré dans le conflit militaire géorgien.
Bref, la diplomatie russe est toujours aussi musclée alors qu’aucun pays n’a encore reconnu, à la suite de Moscou, les Républiques séparatistes du Caucase. Pour le moment, seule la Biélorussie, le Venezuela et éventuellement la Syrie, pourraient faire le pas dans les prochains jours.
Avec notre bureau de Bruxelles
Le sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, sur le conflit géorgien, et l’attitude à adopter vis-à-vis de la Russie, sera pour l’UE l’occasion de parler d’une voix forte et de faire enfin mentir sa réputation de faiblesse politique et diplomatique. L’évocation de « sanctions » par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, prouve que les ambitions politiques sont bien là.
Premier ministre
« La Russie est pour la France un partenaire essentiel, un partenaire avec lequel nous avons toujours eu une politique nourrie. C'est cette politique que nous voulons poursuivre, dès lors que cette grande nation manifestera la même volonté de dialogue, et le respect de ses engagements ».
Dans son arsenal, l’Union européenne dispose de sanctions à la fois diplomatiques et économiques. Elles ont été employées par exemple contre le Zimbabwe ou la Birmanie.
Les sanctions diplomatiques peuvent prendre la forme de suspension des relations, voire même de restrictions nominatives : la liste est longue, des dirigeants étrangers et de membres de leur entourage, interdits de séjour sur le territoire de l’Union.
Des mesures restreignant l’octroi de visas Schengen pour tous les ressortissants d’un pays pourraient être aussi envisagées.
Les Vingt-sept peuvent par ailleurs infliger des sanctions économiques, comme par exemple le gel des avoirs personnels de dirigeants étrangers.
Ils ont aussi la possibilité de suspendre les accords de coopération économique ou bien le financement direct de projets, comme par exemple celui en faveur de la réforme institutionnelle, juridique et administrative en Russie.
« La Géorgie donne une assise légale à sa revendication pour recouvrer ses provinces rebelles, soutenue par la communauté internationale. »
Les députés géorgiens déclarent occupées l'Abkhasie et l'Ossétie du Sud et le Parlement réclame la rupture des relations diplomatiques avec la Russie.