par Julie Lerat
Article publié le 17/09/2008 Dernière mise à jour le 17/09/2008 à 20:15 TU
La République de Cuba est située au nord des Antilles, entre la mer des Caraïbes, le golfe du Mexique et l'océan Atlantique.
(Source: Flickr / Pdinnen)
En juin dernier, quatre mois après l’accession au pouvoir de Raul Castro, l’Union européenne décidait de lever ses sanctions contre Cuba. En 2003, après l’arrestation par le régime castriste de 75 dissidents - journalistes indépendants, militants syndicaux et opposants politiques – l’Union européenne avait rétorqué en interdisant tout déplacement d’officiels de haut rang sur l’île. Elle avait gelé les contacts culturels et les projets de développement, et avait encouragé les Etats membres à inviter des dissidents cubains lors des différents cocktails et réceptions organisés au moment des fêtes nationales dans leurs ambassades à Cuba.
La fin des sanctions européennes
Ces sanctions étaient bien moins fermes que celles imposées par Washington : elles ne comprenaient pas de restrictions commerciales et n’interdisaient pas les investissements européens sur l’île. Mais e
lles ont été jugées suffisamment outrageantes par le régime cubain pour que les relations entre Bruxelles et La Havane se détériorent de manière significative. Le régime cubain décida de ne plus entretenir de relations approfondies avec les pays qui recevraient des dissidents dans leurs ambassades.
En 2005, l’Union européenne avait décidé de suspendre ces sanctions, mais de reconsidérer cette suspension tous les six mois, au regard des efforts du régime cubain en matière de droits de l’homme. La levée totale de ces sanctions, en juin dernier, marquait un réchauffement clair des relations entre les 27 et Cuba, qui a finalement abouti ce mercredi à l’ouverture du dialogue politique par La Havane.
La Havane toujours sous surveillance
Mais ce dialogue sera révisé chaque année par l’Union européenne qui, jusqu’ici, a toujours instauré une politique « conditionnelle » vis-à-vis de Cuba - la coopération entre Bruxelles et La Havane est soumise à des conditions fixées par l’UE en matière de droits de l’homme, notamment. Quant aux objectifs de ce dialogue, ils restent flous. « Le gouvernement a accepté d’ouvrir ce dialogue, même si nous ne savons pas encore sur quoi porteront les discussions», a déclaré le représentant de l’UE à La Havane, Javier Nino. La proposition de l’UE est d’établir un dialogue inconditionnel et […] de respect mutuel sur une série de sujets comme les droits et l’environnement ».
Ce dialogue devrait faciliter, dans un premier temps, l’envoi d’une aide européenne vers Cuba, durement touchée par le passage de l’ouragan Ike. Le commissaire européen Louis Michel, qui a été un partisan de l’ouverture vers Cuba, se rendra sur l’île le 23 octobre prochain pour discuter de cette assistance européenne – la Commission européenne a débloqué 2 millions d’euros pour les pays des Caraïbes touchés par les ouragans. Dans le cadre de ce dialogue, l’UE ne manquera sans doute pas d’évoquer le sort des prisonniers politiques cubains. Selon l’organisation Amnesty International, fin 2007, 62 prisonniers politiques étaient toujours derrière les barreaux à Cuba.
L’Espagne en faveur du dialogue avec Cuba |
Alors que l’Espagne avait prôné une position ferme vis-à-vis de Cuba en 1996, au moment où l’Union européenne adoptait une position commune vis-à-vis de l’île, c’est un gouvernement espagnol qui a largement contribué à rapprocher Cuba des Vingt-Sept au cours des derniers mois. Depuis l’arrivée au pouvoir du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, en 2004, la politique de l’Espagne vis-à-vis de Cuba a changé du tout au tout. En mai dernier, l’Espagnol Miguel Moratinos était le premier ministre des Affaires étrangères d’un pays de l’UE à se rendre à La Havane depuis l’adoption de sanctions contre Cuba en 2003. Sa visite a permis la mise en place d’un mécanisme de consultation bilatérale entre les autorités espagnoles et cubaines, pour la mise en place d’un dialogue en matière de droits de l’homme. Si certains pays comme le Royaume-Uni, la Suède, l’Allemagne, ou les anciens pays du bloc soviétique, sont partisans d’une politique de fermeté vis-à-vis de Cuba, les initiatives espagnoles pour un rapprochement politique avec La Havane semblent avoir porté leurs fruits. |
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