Article publié le 23/09/2008 Dernière mise à jour le 23/09/2008 à 10:28 TU
Avec notre envoyée spéciale à New York, Anne Corpet
Les incidences de la crise alimentaire mondiale sur la pauvreté est le thème retenu pour cette 63ème Assemblée générale de l'ONU. Mais en coulisses, c'est le nouveau jeu d'influence entre grandes puissances qui occupera le cœur des débats.
Par deux fois déjà, cet été, Moscou a opposé son veto à des résolutions du Conseil de sécurité. La Chine et la Russie menacent maintenant d'empêcher toute résolution à l'encontre de la Birmanie, et Moscou pourrait refuser de soutenir de nouvelles sanctions contre l'Iran. «Les suites du conflit géorgien ont un impact sur les positions russes concernant d'autres sujets», a reconnu le représentant américain à l'ONU.
De leurs côtés, les pays émergeants, Brésil, Indonésie, Afrique du Sud en tête, dénoncent la main mise des Américains et des Européens sur les affaires du monde.
En ouverture de cette session annuelle, le président de l'Assemblée générale, un diplomate du Nicaragua, s'en est d'ailleurs vivement pris aux Etats-Unis (voir encadré). Moscou et Pékin récoltent les fruits de cette méfiance à l'égard de l'Occident.
Selon une étude réalisée par l'Institut européen de politique étrangère, les propositions russe et chinoise rallient désormais 74% des votes à l'ONU contre moins de 50% dans les années 90.
Un vieil ennemi de Washington à la tête de l’Assemblée générale de l’ONU |
Avec notre correspondant à New York, Philippe Bolopion Miguel d'Escoto se rappelle à Washington comme un mauvais souvenir. Ministre des Affaires étrangères du Nicaragua pendant onze ans, prêtre sandiniste, il préside cette année l'Assemblée générale des 192 pays membres de l'ONU. Il a été élu à ce poste par acclamation, sans que les Etats-Unis puissent faire grand-chose. Dès son discours inaugural, Miguel d'Escoto a accusé les Etats-Unis d'une « accoutumance à la guerre », et a jugé que le privilège du veto leur montait à la tête, au point de se croire tout permis. La remarque lui a valu une explication « franche » avec l'ambassadeur américain, Zalmay Khalilzad. Mais le passif reste lourd, entre Miguel d'Escoto et Washington. En 1983, le Nicaragua avait accusé la CIA d'avoir cherché à assassiner le prêtre, en lui envoyant une bouteille de Bénédictine empoisonnée au thallium, un métal toxique inodore. C'était l'époque où le président Reagan, « un boucher », selon Miguel d'Escoto, soutenait les contras, contre les sandinistes de Daniel Ortega. Opposé à la guerre en Irak et en Afghanistan, Miguel d'Escoto affirme vouloir tourner la page, pour remobiliser l'ONU contre la pauvreté. Mais ironie de l'histoire, c'est lui, le vieil ennemi de Washington, qui donnera la parole à George Bush ce mardi, pour son dernier discours devant l'ONU. |
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« Près de dix rues sont totalement interdites à la circulation, le quartier autour du bâtiment des Nations unies est totalement bouclé. »
23/09/2008