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Géorgie

Les observateurs européens en Géorgie, un déploiement a minima

par Béatrice Leveillé

Article publié le 30/09/2008 Dernière mise à jour le 01/10/2008 à 07:49 TU

Le chef de la diplomatie européenne Javier Solana (g) et le président géorgien Mikheïl Saakachvili lors d'une conférence de presse à Tbilissi le 30 septembre.(Photo : Reuters)

Le chef de la diplomatie européenne Javier Solana (g) et le président géorgien Mikheïl Saakachvili lors d'une conférence de presse à Tbilissi le 30 septembre.
(Photo : Reuters)

Les observateurs de l’Union européenne entament leur mission, ce mercredi 1er octobre 2008, conformément à l’accord de cessez-le-feu arraché, une semaine à peine après le début du conflit, aux Russes et aux Géorgiens par Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne. La Russie, qui a sa propre interprétation de l’accord, refuse toujours leur déploiement en Ossétie du Sud et en Abkhazie, deux régions géorgiennes sécessionnistes dont elle vient de reconnaître l’indépendance.  

Le climat dans lequel les observateurs européens entament leur mission est pesant. Jusqu’au dernier moment, les Européens ont tenté d’obtenir un accord des Russes pour que leurs observateurs puissent se déployer ou se rendre en Ossétie du Sud et en Abkhazie. Les discussions ne sont pas terminées mais la présence des observateurs européens du seul côté géorgien fait perdre beaucoup de son sens à leur mission.

Les observateurs vont dans un premier temps garantir le retrait, dans les dix jours, des derniers soldats russes qui ont pénétré en Géorgie bien au-delà des territoires séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. La Russie assurait, dans le cadre des accords de paix du premier conflit russo-géorgien au début des années 90, un rôle de « maintien de la paix » en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Ce premier conflit avait fait une dizaine de milliers de morts et entraîné l’afflux de 300 000 refugiés géorgiens en Géorgie. L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud avait alors acquis une indépendance de fait. C’est la tentative de Tbilissi de reprendre, dans la nuit du 7 au 8 août 2008, le contrôle de sa république séparatiste d'Ossétie du Sud qui a provoqué l'intervention militaire russe en Géorgie. Une réaction qualifiée de disproportionnée par l’Union européenne. Les russes envisagent désormais de maintenir 7 600 soldats dans ces deux régions pour empêcher, disent-ils, les Géorgiens d’intervenir, à nouveau, militairement sur ces territoires séparatistes dont l’indépendance est maintenant reconnue par Moscou.

La mission européenne compte plus de 300 personnes : 200 observateurs et une centaine de personnes en charge de la logistique. Ils ne sont pas armés, mais disposent de véhicules blindés légers pour assurer leur protection et sont basés dans quatre bureaux : à Tbilissi, Gori, près de l'Ossétie du Sud, Zougdidi, près de la frontière abkhaze, et dans le port de Poti, sur la mer Noire. Trois villes qui ont été occupées par les forces russes. La France, qui préside actuellement l'Union européenne, est le premier contributeur à cette mission avec l’envoi de 46 gendarmes. A terme, 305 observateurs européens originaires de 22 pays doivent être déployés. « L'Union européenne demande le déploiement de plus de 200 observateurs en Géorgie parce qu'elle a peur de perdre le contrôle de la région », commente le chef adjoint de l'état-major russe, Anatoli Nogovitsyne, cité par l'agence Interfax. « Les représentants de l'Union européenne sont dans une certaine mesure effrayés par la question du maintien du contrôle de la situation dans la région après le départ des soldats russes », ajoute-t-il.

Pas d'observateurs européens dans la zone de sécurité

En soufflant le chaud et le froid, les Russes cultivent la peur chez leurs voisins. Leur politique du niet met à mal les accords avec l’Union européenne. Les explications du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov : « l'Occident ne peut pas tout avoir, et son contraire », a-t-il déclaré devant l’Assemblée des Nations unies à New York, visent surtout les Etats-Unis qu’il accuse de menacer son pays avec son projet de bouclier antimissile en Pologne, ses bases américaines en Roumanie et Bulgarie, et son intention d’intégrer l'Ukraine et la Géorgie dans l'OTAN. Il a également critiqué la fourniture d'armes par les Etats-Unis à la Géorgie, Une militarisation de ce pays qui aurait incité Tbilissi à lancer son offensive contre les séparatistes dans la province rebelle d'Ossétie du Sud.

Pour les Géorgiens, le déploiement des observateurs européens doit ramener un peu de stabilité et de confiance mais un déploiement qui s’arrêterait à la frontière administrative avec l'Ossétie du Sud pourrait figer une frontière que seule la Russie a reconnue. Si les observateurs européens ne peuvent pas pénétrer dans les régions séparatistes cela portera atteinte à l'intégrité territoriale géorgienne. Une seule chose est sûre pour l’instant : les observateurs de l'Union européenne n'auront pas immédiatement accès à la zone tampon contrôlée par les Russes près de l'Ossétie du Sud comme viennent de l’annoncer les forces russes de « maintien de la paix ».

A écouter

Javier Solana précise les contours de la mission européenne

« Nous allons commencer le déploiement phase par phase, et nous le ferons selon les accords »

01/10/2008

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Chef de bureau du Haut commissariat des réfugiés à Gori

« Le plus grand problème des déplacés, qui les empêche de retourner chez eux d'une façon durable, est l'absence de sécurité dans leurs villages. »

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