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Crise financière

La libérale Islande devient dirigiste pour sauver son économie

par Maud Czaja

Article publié le 07/10/2008 Dernière mise à jour le 09/10/2008 à 07:16 TU

Le Premier ministre islandais Geir Haarde, accompagné du ministre du Commerce Bjorgvin Sigurdsson, en conférence de presse le 7 octobre 2008.(Photo : AFP)

Le Premier ministre islandais Geir Haarde, accompagné du ministre du Commerce Bjorgvin Sigurdsson, en conférence de presse le 7 octobre 2008.
(Photo : AFP)

L’Islande a nationalisé ce mardi la deuxième banque de son pays. La veille, le Parlement a voté une série de lois permettant un contrôle total du gouvernement sur le système bancaire. Du jamais vu en Europe. L’Etat qui prônait une politique ultra-libérale depuis des années, opère un virage à 180° en décidant de reprendre en main le système bancaire.

L’Islande est prise dans le tourbillon de la crise financière et pourrait être le premier Etat à vaciller. Le pays des geysers, le cinquième Etat le plus riche du monde, est directement menacé et pourrait tout simplement voir son système bancaire s’écrouler car la prospérité de ce pays nordique repose sur une économie largement fondée sur la finance et les banques. Les principales institutions islandaises ont tellement emprunté pour financer leurs investissements directs à l’étranger que leur dette atteint douze fois le PIB du pays. Leur vulnérabilité est d’autant plus importante que les banques sont toutes interdépendantes en raison de prises de participations croisées. La crise actuelle propulse donc l’Islande au bord de la faillite.

Le gouvernement change de credo

Avant d’éviter ce scénario catastrophe, le Premier ministre islandais Geir Haarde, a annoncé la mise en place d’un arsenal législatif sans précédent en Europe. Le Parlement a voté en urgence lundi soir une loi permettant l’emprise totale du pouvoir sur le système bancaire islandais. L’Etat peut désormais prendre le contrôle des assemblées d’actionnaires, remercier des conseils d’administration et procéder à des fusions d’établissements. Après des années où le laissez-faire était roi, l’Etat islandais devient un modèle de dirigisme.

Le gouvernement a procédé dès mardi à la prise de contrôle de la deuxième banque islandaise Landsbanki et s’est dit prêt à faire de même avec tous les établissements du pays. Déjà le 29 septembre dernier, le gouvernement avait volé au secours de la troisième banque du pays, Glitnir. Cette dernière a été nationalisée à 75%. La première banque du pays nordique, Kaupthing Bank a elle obtenu un prêt de 500 millions d’euros auprès de la banque centrale islandaise afin de faciliter ses opérations. En retour, Kaupthing devra travailler de pair avec le gouvernement afin d’assurer la régulation du système financier islandais.

L’ensemble des dépôts effectués dans les banques commerciales et d’épargne a par ailleurs été garanti par l’Etat. Le chef du gouvernement a demandé à ce que la nation islandaise soit unie face à cette crise.

L’Islande appelle à l’aide

L’Islande, non membre de l’Union européenne, se retrouve isolée face à la crise. Va-t-elle changer son fusil d’épaule ? Depuis juin, Reykjavik cherche en vain des accords financiers avec plusieurs pays pour renflouer les caisses de sa banque centrale. Seules des négociations pour l’octroi d’un prêt avec la Russie sont à l’ordre du jour et vont débuter dans les prochains jours. En mai dernier, les banques centrales du Danemark, de Suède et de Norvège étaient venues porter secours à l’Islande en prêtant 1,5 milliards d’euros.

Pour ne rien arranger à cette situation, la monnaie islandaise est en chute libre. Frappée par la perte de confiance en l’économie islandaise, la couronne a perdu 46% depuis juillet 2007. 20% uniquement au cours du dernier mois. « Son niveau est tellement bas qu’il n’est plus compatible avec une économie équilibrée », a indiqué l’institut d’émission. La banque centrale islandaise va fixer un taux de change de 131 couronnes pour un euro afin d’enrayer cette dépréciation.

Le Fonds monétaire international a décidé d’envoyer une équipe en Islande pour juger de l’étendue des dégâts et envisager une restructuration du système en profondeur.