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Crise financière

Les Vingt-Sept peinent à s'unir face à la crise

par Mounia Daoudi

Article publié le 07/10/2008 Dernière mise à jour le 08/10/2008 à 06:34 TU

Les ministres européens des Finances, réunis mardi à Luxembourg, se sont mis d’accord pour relever de 20 000 à 50 000 euros le plafond de garantie des dépôts bancaires au sein de l’UE. Une mesure destinée à éviter un mouvement de panique des épargnants face à l’aggravation de la crise financière. Une mesure toutefois moins ambitieuse que l’objectif initial de 100 000 euros réclamé par Bruxelles et qui révèle l’ampleur des désaccords entre les Vingt-Sept.

Christine Lagarde, ministre française de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, lors d'une conférence de presse à la fin de la réunion des ministres des Finances de l'Union européenne, le mardi 7 octobre 2008.(Photo : Reuters)

Christine Lagarde, ministre française de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, lors d'une conférence de presse à la fin de la réunion des ministres des Finances de l'Union européenne, le mardi 7 octobre 2008.
(Photo : Reuters)

Après la cacophonie de ces derniers jours, où certains pays de l’Union ont multiplié les initiatives unilatérales pour tenter de faire face à la crise, il était urgent pour les Européens de montrer un front uni. C’est chose faite même si l’accord arraché aujourd’hui sur les garanties bancaires n’est pas à la hauteur des attentes de José Manuel Barroso. Le président de la Commission européenne avait en effet plaidé pour que l’épargne des Européens soit garantie à hauteur de 100 000 euros, soit cinq fois

plus qu’elle ne l’était jusque-là. Une proposition rejetée par plusieurs pays, dont les nouveaux entrants, qui ont fait valoir qu’un tel montant aurait été trop lourd à assumer pour leur budget.

Le plafond de garantie bancaire a donc été fixé à 50 000 euros, même si à mot couvert on reconnaissait à Luxembourg que de nombreux Etats membres avaient bien l’intention d’augmenter cette couverture jusqu'à au moins 100 000 euros. Les Pays-Bas n’ont d’ailleurs pas attendu pour annoncer leur décision de relever de 38 000 à 100 000 euros le montant de garantie bancaire des particuliers en cas de faillite de leur banque. L’Espagne, la Grèce, l’Autriche et la Belgique ont fait de même dans la foulée.  

Christine Lagarde sur les mesures à prendre suite à la crise financière

Ministre française de l'Economie

« Certains gouvernements ont pris des mesures nationales dans l'urgence. Aujourd'hui il nous faut prendre des décisions communes pour protéger les déposants et non les dirigeants des entreprises financières, surtout pas ceux qui ont pris de mauvaises décisions... Il n'y aura pas de Lehman Brothers européen...»

08/10/2008 par Joana Hostein

Mais pour un certain nombre de pays, la décision prise mardi ne changera rien dans l'immédiat. La France, par exemple, offre déjà une garantie de 70 000 euros pour les dépôts et pour les titres, supérieure donc au minimum fixé par les ministres européens tandis que l’Italie garantit les dépôts des clients jusqu'à 103 291 euros. La facture sera en revanche plus lourde pour des pays comme l’Espagne ou le Portugal qui jusqu’à présent avaient respectivement placé ce seuil de garantie à 20 000 et 25 000.

Un accord a minima ?

Mais même s’il est moins ambitieux qu’initialement prévu, cet accord n’en constitue pas moins la première action commune concrète des Européens face à la crise. Car il s’agissait avant tout de rassurer les petits épargnants, de plus en plus inquiets face à l’ampleur de la crise mondiale, et d’éviter à tout prix une crise de défiance à l’égard des banques qui aurait pu entraîner des retraits massifs des comptes. La Commission européenne a donc aussitôt été chargée de mettre rapidement en application cet accord. Elle devrait également proposer de réduire fortement – à quelques jours seulement au lieu de parfois plusieurs mois actuellement – les délais de remboursement des déposants en cas de faillite de leur établissement bancaire.

La ministre française de l’Economie, dont le pays préside actuellement l’Union européenne, s’est en tout cas voulue rassurante à l’issue de la réunion de Luxembourg. « Ce qui est important aujourd’hui, c’est de nous retrouver sur une approche, sur une volonté et sur une doctrine qui nous soient communes », a en effet déclaré Christine Lagarde tout en assurant que l’Europe était « unie face à la crise » et qu’elle était « déterminée à agir de façon coordonnée ». Des déclarations qui avaient aussi pour objectif de rassurer les marchés financiers qui ont connu hier un lundi noir avant de se reprendre aujourd’hui.

A Luxembourg, les ministres ont par ailleurs promis qu'ils soutiendraient tous leurs grands groupes financiers en cas de problèmes, cela dans le but d’éviter une crise généralisée. En échange, ils se réservent toutefois le droit de changer les directions des groupes auxquels ils apportent leur soutien et de supprimer les parachutes dorés des patrons contraints au départ.

Jean-Claude Trichet

Président de la Banque centrale européenne

« Il y a des limites à ce que nous pouvons faire car nous n'avons pas nous-mêmes la capacité d'intervenir quand il y a des problèmes de solvabilité, quand on est au-delà des problèmes de liquidités. » 

07/10/2008 par Farida Ayari

 

François Fillon, Premier ministre français

Débat à l'Assemblée nationale sur la crise financière

« Nous prenons l'engagement solennel qu'il n'y aura pas de faillite d'établissement bancaire en France parce que l'Etat fera son devoir si une banque est mise en difficulté. » 

07/10/2008 par Eric Chaurin

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