par Myriam Berber
Article publié le 13/10/2008 Dernière mise à jour le 14/10/2008 à 04:17 TU
Les deux principaux pays de la zone euro, la France et l’Allemagne, ont détaillé simultanément, lundi 13 octobre 2008, leurs plans. La France accorde 320 milliards d'euros pour garantir les prêts entre banques et 40 milliards pour les recapitaliser. L'Allemagne consacre pour sa part 480 milliards, les Pays-Bas 200, l'Espagne 100 et la Grande-Bretagne au moins 47. Les Bourses ont immédiatement remonté.
Dans la foulée du plan d’action adopté dimanche par l’Eurogroupe, le chef de l’Etat français a présenté, ce lundi, le dispositif de mesures en faveur des banques, à l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire. En premier lieu, il s’agit de débloquer le marché des crédits interbancaires. Pour Nicolas Sarkozy, « il faut créer les conditions pour que l’argent circule à nouveau ». C’est la raison pour laquelle l’Etat français va apporter sa garantie aux emprunts contractés avant le 31 décembre 2009. Cette garantie interbancaire sera plafonnée à hauteur de 320 milliards d'euros.
Maire de Lille
« Il nous faut absolument relancer nos économies, relancer le pouvoir d’achat [...], si nous ne voulons pas que cette crise financière accroisse encore dans notre pays la récession, la perte de pouvoir d’achat et le chômage ».
Cet engagement de l’Etat ne devrait pas, selon Nicolas Sarkozy « peser sur le contribuable ». Cette garantie publique sera, en effet, payante à un prix de marché. Elle aura pour contrepartie la signature d’une convention fixant les obligations des établissements bénéficiaires. Ces obligations porteront notamment sur la question des rémunérations, une allusion aux parachutes dorés accordés aux dirigeants des grandes entreprises. Les obligations concerneront également le financement des particuliers, des entreprises et des collectivités territoriales.
Un plan similaire en Allemagne
En second lieu, le gouvernement français a prévu 40 milliards d’euros pour recapitaliser les banques en difficulté. Et Nicolas Sarkozy d’expliquer :« le manque de fonds propres bancaires provoque une raréfaction du crédit ». D’où l’idée de créer une société de prise de participation de l’Etat (SPPE) dans les banques. Détenue par l’Etat et dotée de sa garantie, elle pourra prendre des participations dans les établissements financiers en cas de nécessité, à l’instar de ce qui a été fait pour Dexia. Afin de rendre opérationnelles ces mesures de soutien aux banques, un projet de loi de finances rectifiant le budget 2008 doit être adopté en urgence par le Parlement avant la fin de la semaine.
En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a également détaillé un plan de soutien aux banques, et ce en échange de nouvelles règles pour les bonus et les parachutes dorés des dirigeants d’entreprises. Banques privées et publiques, celles des Länder, les États régionaux, ainsi que les assureurs, bénéficieraient de aides de l'État fédéral. Concrètement, Berlin devrait fournir jusqu’à 400 milliards d’euros de prêts de banque à banque pour dégripper le marché interbancaire. Le gouvernement devrait également mettre à disposition 80 milliards d’euros pour recapitaliser les établissements en difficulté.
Action concertée des banques centrales européennes
La plupart des pays de la zone euro ont annoncé des dispositifs semblables. L'Espagne a indiqué lundi qu'elle allait garantir les prêts interbancaires jusqu'à un montant maximum de 100 milliards d’euros. Pour l’instant, le gouvernement écarte toujours des mesures de recapitalisation des banques espagnoles. Le Portugal a décidé un mécanisme similaire de garantie sur les échanges entre banques à hauteur de 20 milliards d'euros. En Italie, le ministre de l’Economie et des Finances, Giulio Tremonti devrait également annoncer, ce lundi en fin de journée, un plan de soutien au secteur bancaire.
Hors zone euro, Londres a également annoncé ce lundi, les détails de son plan de sauvetage bancaire. Le gouvernement britannique va débloquer jusqu’à 37 milliards de livres, près de 47 milliards d’euros, pour entrer au capital des banques qui ont demandé son aide. Parmi les banques mal en point du pays, on compte notamment la Royal Bank of Scotland (RBS), le groupe Halifax Bank of Scotland (HBOS) et la Lloyds. En échange de cette intervention, le Premier ministre Gordon Brown a indiqué que les dirigeants des banques secourues ne recevraient pas de bonus cette année. Les banques aidées devront également suspendre les paiements de dividendes à leurs actionnaires, tant qu’elles n’auront pas remboursé à l’Etat les participations qu’il aura prises dans leur capital.
Autre mesure importante pour fluidifier le marché interbancaire, la Banque centrale européenne (BCE), a annoncé qu’elle prêterait chaque mercredi, à partir du 15 octobre, et pour une durée de sept jours, une somme en dollars qui doit permettre aux banques de la zone euro de boucler leurs comptes. Cette somme sera prêtée à chaque fois à un taux fixe. Cette opération sera menée de manière conjointe avec ses homologues britannique et suisse.
Remontée spectaculaire des bourses européennes |
|
A écouter
« Une société sera créée pour refinancer les banques et il n’est pas question que cette garantie de l’Etat soit accordée sans contrepartie ».
13/10/2008
« Si l'opposition accepte de voter ce texte, ça renforcera beaucoup, je crois, la confiance des Français dans ce plan de sauvetage. »
14/10/2008
« Le dernier plan européen, c’est ce qu’il faut faire, ce plan n’a pas fait peur en cherchant à rassurer et c’est du bon sens, c'est-à-dire essayer que l’argent circule mieux au travers des banques et qu’il aille vers l’économie réelle, les entreprises... ».
13/10/2008