par Myriam Berber
Article publié le 14/10/2008 Dernière mise à jour le 15/10/2008 à 10:55 TU
Le président George W.Bush a annoncé lui-même ce mardi à Washington la nouvelle mouture du plan de sauvetage des banques. Une demi-heure plus tard, c’était au tour du secrétaire américain au Trésor Henry Paulson de détailler les mesures de ce plan qui a pour objectifs affichés «le dégel du marché du crédit, la création d’emplois et le soutien à la croissance ». Un véritable changement de stratégie qui aboutit à un plan remanié sur le modèle de ce qu’ont décidé dimanche les quinze pays de la zone euro. Le plan Paulson dans sa première mouture autorisait le Trésor américain à racheter jusqu’à 700 milliards de dollars de créances douteuses aux banques américaines à la suite de la crise des crédits hypothécaires à risques (« subprimes »).
L’un des points majeurs de la nouvelle version est que le gouvernement fédéral entrera au capital d’une large gamme d’établissements financiers comme l’a indiqué le président George W.Bush : « l’Etat va injecter des capitaux en prenant des participations. Ce capital va permettre aux banques saines d’emprunter et aux banques en difficulté de reprendre les opérations de crédit ». Ainsi 250 milliards de dollars sur les 700 milliards devraient être consacrés à des prises de participations du gouvernement dans les plus grandes banques du pays.
La garantie interbancaire sur le modèle européen
« Neuf institutions ont déjà accepté de participer à ce programme. Cette entrée inédite de l'Etat américain au capital de banques se fera sous la forme d'actions préférentielles », a précisé Henry Paulson indiquant qu’en contrepartie, ces institutions devront accepter des restrictions en matière de «rémunération de leurs cadres supérieurs ». Selon la presse spécialisée, le Trésor américain devrait ainsi investir 25 milliards de dollars dans Bank of America, et le même montant dans JPMorgan Chase et Citigroup. Wells Fargo devrait recevoir entre 20 et 25 milliards de dollars. Les deux ex-banques d’affaires Goldman Sachs et Morgan Stanley devraient elles bénéficier de 10 milliards de dollars chacune, Bank of New York Mellon de 3 milliards et State Street de 2 milliards.
En échange de ces sommes d’argent, l’Etat devrait recevoir des actions préférentielles ou privilégiées. Si elles ne donnent pas nécessairement de droit de vote au conseil d’administration, les actions préférentielles peuvent se caractériser par des avantages pécuniaires (dividendes majorés) ou politique (droit de contrôle spécifique sur la banque ou sur l’entreprise). L’autre nouveauté porte sur la garantie interbancaire. L’Agence fédérale de garantie des dépôts bancaires (FIDC) devrait étendre sa garantie des dépôts bancaires à la majeure partie des nouveaux emprunts des banques ainsi qu’aux comptes non rémunérés. Ces mesures seront limitées dans leur montant et leur durée fixée à trois ans par le nouveau plan Paulson.
La crainte d’une fuite des capitaux vers l’Europe
« Les mesures ne sont pas destinées à prendre le contrôle de l’économie mais à la préserver», a argumenté le président Bush pour justifier cette intervention plus directe dans le capital des banques. Il reste que ce plan s'inscrit dans la droite ligne des plans bancaires européens. Tous les pays de l’Eurogroupe et le le Royaume-Uni ont, en effet, promis la garantie de l'État sur le marché du crédit interbancaire à hauteur de plusieurs centaines de milliards d'euros, en plus de la recapitalisation des banques qui en auraient besoin. D’abord opposé à une prise de participation de l’Etat dans le capital des banques, le secrétaire au Trésor Henry Paulson s’y est résolu vendredi dernier à l’occasion de la rencontre des ministres des Finances du G7 à Washington.
Selon des responsables du Trésor, Washington a décidé de revoir son plan dans le sens d’une injection plus directe des capitaux après la panique observée la semaine dernière sur les marchés financiers. La promulgation du plan le 3 octobre dernier par la Maison Blanche n’avait, en effet, pas rassuré les investisseurs. Certains médias américains avancent un autre point de vue. Le Trésor aurait été, selon eux, amené à agir ainsi, car la garantie offerte par les gouvernements européens était susceptible d'entraîner une fuite des capitaux vers le Vieux continent.
Les mesures
« Cela prendra du temps pour que le résultat de ces efforts soit à son maximum, mais les Américains peuvent avoir confiance dans l’avenir, à long terme, de notre économie ».